lundi, mars 18, 2024
Le saviez-vous ?

L’avenue des Champs Élysées ou le boulevard Haussman ?

Choix difficile pour se promener, flâner, déambuler nonchalamment au gré des échoppes, boutiques, vendeurs ambulants, senteurs, effluves pâtissières ou celle du pain sortant du four, qui craquelle sa croûte blonde. Du boulevard Haussman, la rue Sainte-Catherine, l’avenue de Grammont, la rue des caillons, jusqu’à la célèbre des Champs-Élysées… chacune des ces voies de circulation vous rappellent des souvenirs, des faits plus ou moins historiques. Mais connaissez-vous la différence entre un boulevard, une avenue, une rue, une ruelle, un faubourg ?

Mme Séki Kharéson et M. Sépa Phot profitent de la rentrée des classes toute proche pour quitter, le temps d’une journée, leur endroit de quiétude qu’est le village de Berd’huis. La fraîcheur du matin obligea Séki à se couvrir d’une écharpe, il faut dire que le thermomètre montrait péniblement 14 degrés Celsius, ce jeudi 26 août 2021. L’occasion était trop belle pour monsieur Phot, il sortit sa Renault dauphine Gordini de 1957, toute rouge, du garage.

Le bolide de 630 kg était construit dans les usines de Flins. Au menu, une nouvelle culasse, l’augmentation du taux de compression, ainsi que l’utilisation d’un carburateur de 32 mm, donne à ce petit bijou la possibilité d’afficher 126 km/h au compteur, après le passage du « Sorcier », Amédée Gordini. (Crédits : Arnaud Clerget)

Puis tous deux partirent en direction de la gare de Nogent-le-Rotrou pour prendre le TER. Le bolide avalait les six petits kilomètres en ronronnant de plaisir à travers ses 845 cm3 et ses 36 chevaux. Il faut dire qu’Amédée Gordini, portait à merveille son surnom de « Sorcier ». Il avait fait alors de petites préparations avec des modifications techniques, ainsi naissait la Dauphine Gordini (type R1091).

La joie du TER

L’église Saint-Hilaire sonnait 8 h 30, quand le moteur de la gordini se tut. Le train express régional n° 862466 de Nogent-le-Rotrou via Condé-sur-Huisne, La Loupe, Maintenon avant son terminus à Chartres, partait à 8 h 37 pile. Rapidement, ils entrèrent dans la gare, prirent place au sein de leur wagon, et s’assirent. Moins d’une heure après (53 minutes), les deux amoureux descendirent pour monter dans le TER n° 862418 en direction de Paris, fort heureusement sur le même quai. Ils eurent à loisir de contempler les paysages hauts en couleur et divers du parc naturel régional du Perche, de la forêt de Rambouillet et du parc naturel régional de la Haute Vallée de Chevreuse.

La rue principale de Berd’huis (Route de Nogent, puis de Bellême) est emprunté par de nombreux véhicules, nuit et jour. Lorsque vous êtes juste à côté de l’église, le coucher de soleil vous procure une lumière et des couleurs sensationnelles. (Crédits : Mumu’s Pictures)

Les personnels de la SNCF invitèrent les passagers à se préparer, quelques instants avant l’arrivée au terminus la gare de Montmartre, entre le boulevard Pasteur et l’avenue du Maine. C’est à ce moment qu’une interrogation tombait. Dans la file des voyageurs, juste devant eux, un jeune homme d’une vingtaine d’années posait une question à son oncle : « C’est quoi la différence entre avenue et boulevard ? »

De la charmille au cours

Interloqué, l’oncle se creusa la tête et lui répondit : « Je ne sais pas Mischa. » Le couple qui entendit se posait également la question. « Il me semble que c’est une histoire d’arbre, de rempart, mais je n’en suis pas sûr » claque le neveu. Toute la journée, les Berd’huisiens ne pouvaient enlever cette interrogation de leurs pensées. S’ils avaient attendu quelques instants, ils auraient su. Après des recherches fructueuses au tournant des pages d’un dictionnaire, le suspens prit fin. « Une avenue est une allée large, généralement rectiligne et plantée d’arbres, conduisant à une habitation, un bâtiment officiel, un lieu public. Le boulevard (du moyen néerlandais bolwerc, bastion) est une voie spacieuse établie dans les villes sur l’emplacement des anciens remparts, cette large voie de communication urbaine plantée d’arbres », définit Le Larousse.

« Donc c’est pareil », interrogea Mischa

« Tatillon, il faut-être. C’est pratiquement la même chose, c’est une question de linguistique »

Nous sommes contraints prendre de plus vieux livres pour comprendre. Le nom boulevard est un vieux terme du Génie militaire qui se définit par le : « terre-plein d’un rempart, tout le terrain d’un bastion ou d’une courtine. Il se dit, par extension, d’une promenade plantée d’arbres qui fait le tour d’une ville et qui occupe ordinairement l’espace où étaient d’anciens remparts. Aujourd’hui, par généralisation, il se dit de toute rue large, plantée d’arbres, qui traverse une ville. » Tandis que l’avenue est le « chemin par lequel on arrive en quelque lieu, ou encore d’une allée plantée d’arbres qui conduit à une habitation, un château. » Après un bref silence, l’explication se ponctua d’un « Ah, d’accord ».

Sur les restes de fortification de la ville de Poitiers, au lieu-dit de la « tour à l’oiseau », la vue est imprenable. Vous avez le loisir d’observer le boulevard sous Blossac, et d’entrapercevoir la promenade des cours (côté droit de la photo), au-delà de la rivière Le Clain. (Crédits : DR)

Tout en continuant leur discussion, ils s’entichèrent de connaître les définitions des différentes voies d’une ville ou d’un village. Ainsi la ruelle est une rue étroite (ça semble logique). L’allée est une ruelle généralement encadrée par deux rangées d’arbres. tandis que la rue est caractérisée par une largeur relativement faible et par son absence de contre-allées. « D’ailleurs, sais-tu que la rue des caillons est la plus petite rue de Poitiers », questionna l’oncle. Quant au chemin, il est normalement une voie de terre aménagée, parfois goudronnée. Enfin, la route est une voie qui porte le nom du lieu où elle aboutit.

Le retour aux pénates

La journée se termine à Paris, tant pour les uns que pour les autres. Ainsi, par le plus grand des hasards, le couple retrouve le neveu et son oncle à la gare Montparnasse. La discussion s’engage immédiatement sur la question qui taraudent, depuis le matin, l’esprit des voyageurs ornais. Le neveu prit un malin plaisir à leur expliquer. À l’annonce du train à destination de Nogent-le-Rotrou, tous se séparèrent. Les Pictes-charentais quant à eux attendaient, à peine un petit quart d’heure, leur TGV de 18 h 19. Après une balade sans encombre, jusqu’à la capitale de la Vienne, ils rejoignent le parvis de la gare.

Venant d’Angoulême, le passage par l’avenue de la Libération, la porte de la Tranchée (disparue depuis), était et reste l’un des axes privilégiés d’accès à la ville.

En sortant, ils empruntent le boulevard Pont-Achard, où se trouvait l’ancienne caserne de Sapeurs-Pompiers du même nom, pour utiliser les escaliers du diable en direction du parc de Blossac. Les deux marcheurs déambulent au sein de ce poumon vert pour atteindre la Tour à l’Oiseau, puis observent le boulevard sous Blossac et la promenade des cours avec ses rangées d’arbres. Ces derniers, las de la journée, via l’avenue de la Libération, se rendaient au faubourg de Chilvert, qui n’est autre qu’un quartier d’une ville située en dehors de son enceinte.

Romuald Pena

Journaliste et curieux de nature, j’aime les mots et ce qu’ils chantent aux oreilles qui les entendent. « La vérité, c’est qu’il n’y a pas de vérité », assurait Pablo Neruda. Ainsi j’apporte des faits, des faits, encore et toujours des faits, car : « Nous ne pouvons être condamnés à pire, à juger les autres, à être des juges. » (Le Testament d’Orphée, de Jean Cocteau)

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