« Solo sí es sí »
Après le congé menstruel, c’est à nouveau l’Espagne et sa ministre, Irene Montero qui font l’Histoire. La chambre ibérique des députés a approuvé ce jeudi 26 mai 2022 la loi de garantie intégrale de la liberté sexuelle, plus connue sous le nom de loi « Solo sí es sí ». Plus de deux ans se sont écoulés depuis que la ministre de l’égalité, Irene Montero, avait présenté le projet de loi au Conseil des ministres. Le projet de loi est passé avec 201 voix pour, 140 contre.
Le slogan Solo sí es sí est né en Espagne après le viol multiple d’une jeune femme dans l’affaire judiciaire dite de « La Manada », durant les fêtes de Pampelune en 2016. Les condamnations après de multiples rebondissements sont de 15 à 23 ans de prison ferme, pour les cinq hommes reconnus coupables. Alors ce jeudi 26 mai est un aboutissement pour toutes les Espagnoles, car le projet devient loi en garantissant de façon intégrale de la liberté sexuelle. La chambre des députés, par 201 voix pour, et 140 contre (tous les députés PP et Vox) et trois abstentions du groupe mixte (Albert Botran et Mireia Vehí, du CUP, et José María Mazón, du Parti régionaliste de Cantabrie), a approuvé le projet de loi. Elle doit passer au Sénat avant d’être définitivement adoptée.
Elle intervient dans une atmosphère délétère. En effet, le quotidien Público révélait le 23 mai 2022 que cinq adolescents de 15 à 17 ans auraient violé deux mineures âgées de 12 et 13 ans, il y a quelques jours dans la ville de Burjassot. Lundi, le journal apprenait la Guardia Civil enquêtait sur l’agression sexuelle présumée d’une jeune femme de 30 ans perpétrée par trois hommes à Almería, et que la police a arrêté quatre mineurs accusés d’avoir violé une jeune femme de 18 ans, vendredi dernier à Vila-real, dans la province de Castellón. Enfin, il y a quelques semaines, une tentative de viol collectif d’une autre femme à Malaga conduisit deux des trois accusés en détention préventive.
La ministre intègre non seulement une série de mesures dans différents domaines pour garantir le droit des femmes « à leur liberté sexuelle », mais aussi « la réparation » et la reconnaissance des victimes de violences sexuelles, d’exploitation sexuelle et de traite aux fins d’exploitation sexuelle comme victimes de violences sexistes. Sans oublier les mutilations génitales féminines et les mariages forcés qui relèvent également de ce concept de violence. Tandis qu’en France les « piqûres » en soirée, concert, boite de nuit… font les gros titres de la presse, la proposition de loi ibérique, intègre la soumission chimique comme circonstance aggravante, jusqu’ici considérée comme un « abus ».
La condamnation dépend de comment le consentement est perçu ou prouvé devant les tribunaux, des questions marginales qui ont provoqué des protestations à la fois sociales et politiques. Elles ont même ouvert des débats judiciaires. Cela s’est produit dans des processus avec des questions telles que : « Avez-vous bien fermé les jambes ? », « Comment étiez-vous habillé ? » ou « Avez-vous suffisamment résisté ? ». El Mundo titrait « ¿Cerró usted bien las piernas para evitar una violación? » démontrant la violence des propos de la justice. Le consentement est issu du verbe consentir qui d’après le Larousse est le fait d’« accepter que quelque chose se fasse ; tomber d’accord sur quelque chose ; acquiescer ». Donc le consentement ne signifie pas dire être d’accord, surtout quand il s’agit de sexualité.
Le consentement
Dans l’émission du 24 mai 2022 présentée par Axel de Tarlé « L’info s’éclaire », l’historienne Virginie Girod revenait sur l’affaire concernant le nouveau ministre des Solidarités. Damien Abad est accusé de viol, l’homme bénéficie comme tout un chacun en France de la présomption d’innocence. Au centre de l’échange, le consentement. Le fait de « consentir, ça veut dire être d’accord avec, hors un rapport sexuel se désire. Comment voulez-vous que les jeunes femmes soient capables de dire non quand on leur explique toute leur vie qu’elles ne peuvent pas désirer, mais seulement consentir aux désirs de l’autre ». Elle explique que la fabrique la culture de la honte de la victime née à Rome sous la haute antiquité, sous le désormais nom de Lucrèce, et qu’elle traîne depuis 2500 ans. Lucrèce est la femme de l’un des princes, Tarquin Collatin. Sextus Tarquin, fils du Roi, fait des avances à Lucrèce, qu’elle refuse, car mariée.
Le prince héritier éconduit, harcèle et menace la jeune femme. Il évoque qu’après avoir tué un des ses esclaves, puis elle, il ira répandre l’opprobre en criant ici et là qu’ils ont forniqué. « Refusant cette solution elle va choisir de se faire violer avec consentement, d’où l’arnaque du consentement. » Lucrèce après son viol ira prévenir son mari et son père, et se suicidera en prononçant cette phrase terrible qu’« aucune femme ne se revendiquera de Lucrèce pour survivre à son déshonneur », comment Virginie Girod. « Cette phrase est terrible socialement, car elle nous dit qu’une femme violée n’a pas le droit de se remettre de son viol », martèle l’historienne. Elle enfonce le clou car à un moment il faut aussi que les homme se rendent compte qu’il y a des limites à ne pas franchir et que tous les corps des femmes ne sont pas à disposition. Tout ira mieux « quand on aura rayé de notre vocabulaire ce terme de consentement ».
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