Société

De l’enseignement scolaire à l’éducation sexuelle

Un sujet à prendre avec des pincettes : l’éducation sexuelle au sein de l’école. Sur les réseaux sociaux, nombreuses affirmations sont relayées. Celle qui fait grand bruit est la loi « Evras » en septembre 2023. Or depuis le mois de mars 2024, le rapport du Conseil Supérieur des Programmes (CSP) est disponible. Sur 65 pages, l’éducation à la sexualité le conseil parle de l’école élémentaire jusqu’au lycée. Est-ce le rôle de l’école d’éduquer les enfants sur la sexualité ? Pourquoi ne pas enseigner le respect des enfants aux adultes ?

« C’est la famille qui éduque, l’école instruit normalement », martèle la psychologue clinicienne, Marie-Estelle Dupont lors d’une émission sur Cnews. Le ministère de l’Éducation nationale se nomme ainsi depuis 1932, un siècle avant, il est le ministère de l’Instruction publique.

Éducation ou enseignement, parents ou professeurs

L’enseignement est la transmission d’un savoir, une discipline, une science, un art. L’éducation est l’action d’élever, de former, d’instruire une personne (enfant, adolescent, adulte), en cultivant ses qualités physiques, intellectuelles et morales. Les deux définitions de l’Académie française semblent proches. L’éducation et l’instruction sont deux concepts étroitement liés. Pour autant, ils sont distincts dans le champ de la pédagogie et philosophie de l’éducation.

L’instruction se réfère à l’acquisition de connaissances et de compétences spécifiques. C’est la transmission d’informations et de savoirs académiques. Elle est mesurable par des évaluations ou des examens qui attestent du niveau de connaissance atteint par l’individu.

En revanche, l’éducation va au-delà. Elle s’intéresse au développement intégral de la personne, ici l’enfant. Cela concerne les valeurs, les croyances, l’éthique, des compétences sociales et émotionnelles.

Ce qui va jusqu’à la capacité à vivre en société. L’éducation vise à former non seulement un esprit savant, mais aussi un citoyen responsable, autonome et éclairé, capable de réflexion critique et d’empathie. (Crédits : Thomas G./Pixabay)


Pour une enfant, ses parents sont les piliers biologiques, légaux et sociétaux. Qu’ils soient géniteurs ou adoptants, ils assument un rôle significatif dans l’éducation et le soutien de l’enfant. Ils contribuent à son développement et à son éducation. « On devrait avoir une instruction en biologie et en éducation civique, pas une éducation à la sexualité en maternelle ou en primaire », appuie Marie-Estelle Dupont.

L’éducation à la sexualité des enfants

L’éducation à la sexualité (EAS) se base sur le Code de l’éducation depuis la loi n° 2001-588 du 4 juillet 2001. La circulaire n° 2018-111 du 12 septembre 2018 vient renforcer le système. Le rapport publié le 5 mars 2024 est la base de la prochaine étape connue au mois de mai 2024, sans doute une proposition de loi. La première étape de l’éducation sexuelle s’effectue, il y a 51 ans. La rentrée 1973 se fait avec la « circulaire Fontanet ». Elle institue l’information sexuelle dans le secondaire, au collège et au lycée.

Comme le raconte l’institut national de l’audiovisuel (INA), les premiers cours sur la sexualité datent d’un demi-siècle. C’est au corps enseignant d’aborder ces questions. Par exemple la reproduction des êtres vivants, la prévention des violences sexistes et sexuelles. Quant à l’égalité entre les filles et les garçons, une mention de droits et de devoirs mérite d’être ajoutée.

Dès 2001, les premiers cours sont distillés. Ce qui peut-être choquant est que les élèves de primaire sont loin de réfléchir aux problèmes d’adultes ou d’adolescents. À quoi cela sert-il qu’un enfant de trois ans sache identifier un pénis et des testicules plus qu’un « zizi », et une vulve et un vagin en place d’une « zézette » ?
À « développer le vocabulaire du soin et de l’hygiène » (Page 10) indique le rapport. Est-ce vraiment nécessaire ? (Crédits : fancycrave1/Pixabay)


Maurice Berger, pédopsychiatre, et Sophie Audugé porte-parole de SOS Éducation affirment dans l’article « Éducation à la sexualité: et si on laissait les enfants tranquilles? » paru dans Le Figaro que « nommer n’empêchera pas un adulte […] d’avoir recours à des procédés de séduction, de violence ou de chantage ». En maternelle, des enfants de trois à six ans devront faire leurs cahiers de vie pour comprendre sa propre histoire. Alors que la plupart ne savent ni lire ni écrire. (Page 16). En CM1 et CM2 (cours moyen), l’enfant devra « prendre conscience des changements […] liés à la puberté et des effets produits ». Donc des enfants âgés de 9 à 10 ans vont entendre des explications sur l’érection, la pénétration, l’éjaculation, la menstruation… jusqu’à la jouissance sexuelle.

Mais pour quoi faire ?

« L’éducation à la vie affective, relationnelle et à la sexualité contribue notamment à la prévention des violences sexistes ou sexuelles. Elle sensibilise les élèves aux formes de harcèlement ou d’emprise pouvant leur être associées », expliquent les rapporteurs en page quatre. La circulaire du 12 septembre 2018 mentionne trois séances annuelles pour contribuer à l’apprentissage du respect dû au corps humain.

En page 44 et 60 le terme pornographie est abordé. « La pornographie représente des actes sexuels fragmentés […] et dépourvus de toute dimension affective ou sentimentale ». Nikita Belluci évoque la performance dans les films pornographiques. Les films X sont des fictions. Ils ne sont pas une image à l’éducation, ni pour les hommes, ni pour les femmes.

« Si tu veux un reportage animalier, ça prend deux heures, le temps que tout le monde fasse ce qu’il a à faire », relate l’actrice.

Le bien-fondé du rapport est de protéger les enfants, les adolescents de la perversion des adultes. Ainsi identifier ce qui est interdit, ce qui est autorisé, le consentement, les conduites à tenir, les contraceptions, les MST, l’IVG (page 56, 60)… et pouvoir dire non.

(Crédits : Pablo Valerio/Pixabay)


Il indique le fait d’avoir le choix entre dire « oui » et dire « non ». La prise de conscience de mots et de gestes déplacés, de violence qui abuse de « l’intégrité personnelle et corporelle » (Page 26). Afin d’aider à « comprendre qu’il existe un droit au respect de son corps de la part de toute personne (jeune, adulte, familière ou non-familière. » Il ne reste plus qu’à attendre le mois de mai pour connaître la suite. Ne faut-il pas laisser les enfants profiter de leurs innocences d’enfants, et éduquer les adultes, tout simplement ?

Elise Dardut

Épicurienne, je reste une jeune femme à l’aise dans son corps et dans sa tête. Je pense par moi-même, j’agis par moi-même, j’entends les conseils et n’écoute que mon intuition. « Le jour où l’homme aura la malice, la finesse et la subtilité de la femme, il sera le roi du monde… mais ce n’est pas pour demain », me chantait mon grand-père. Il m’a appris que « les seuls beaux yeux sont ceux qui vous regardent avec tendresse. » (Coco Chanel) Depuis, je m’évertue, pour qui veut bien entendre et écouter, à distiller des graines ici et là, au gré du vent. Un proverbe indien explique que « si vous enseignez à un homme, vous enseignez à une personne. Si vous enseignez à une femme, vous enseignez à toute la famille » Il est temps d’inverser les rôles et admettre l’équité, non ?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *