La journée internationale du Droit des femmes
La Journée internationale du Droit des femmes est célébrée dans de nombreux pays à travers le monde. C’est un jour où les femmes sont reconnues pour leurs réalisations, sans égard aux divisions, qu’elles soient nationales, ethniques, linguistiques, culturelles, économiques ou politiques, explique l’ONU. Elle est établie au 8 mars de chaque année. Purement symbolique est-elle, elle a le mérite, comme toutes les journées internationales, de mettre en lumière ledit sujet. Pourquoi créer une telle journée ? Pour qui ? Depuis quand ?
« Elle sera sans doute l’occasion, comme souvent, d’un accroissement des propos misogynes, notamment sur les réseaux sociaux. Le 8 mars n’est pas, comme on l’entend encore parfois, la journée de “la” femme, qui mettrait à l’honneur un soi-disant idéal féminin (accompagné de ses attributs : cadeaux, roses ou parfums). Elle est une journée de mobilisation des pouvoirs publics pour rappeler que l’égalité femmes – hommes est une priorité. C’est dans ce sens que nous souhaitons l’organiser », écrivait le 7 février 2013 la ministre française des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem. Que veut dire « égalité » ? C’est un nom féminin, issu du latin « aequalitas ». Le Larousse le définit selon « Qualité de ce qui est égal », et le Littré comme la « Qualité de ce qui est égal. Égalité de deux lignes, de deux angles. Égalité d’âge, de mérite. »
Cette journée est antérieure à la publicité qui lui est faite. Elle daterait du XIXe siècle, 1848 pour être précis sur le continent américain. Lors d’une convention contre l’esclavage, qui sévissait encore, deux femmes s’indignaient de l’interdiction faite aux femmes de prendre la parole. Ainsi les Américaines Elizabeth Cady Stanton et Lucretia Mott réunissent plusieurs centaines de personnes à leur Convention pour les droits des femmes à Seneca Falls, la première du genre. Elles revendiquaient des droits civils, sociaux, politiques et religieux pour les femmes.
Cela amènera la première journée américaine des femmes le dimanche 28 février 1909. Elle sera célébrée jusqu’en 1913. Il est nécessaire d’indiquer que le premier pays à avoir autorisé les femmes à voter est la Nouvelle-Zélande en 1893 — 2015 pour l’Arabie Saoudite —, non sans mal. Imaginez une pétition de 270 mètres signée par 30 000 femmes soit le quart des Néo-Zélandaises, une année plutôt pour revendiquer ce droit fondamental. Elles ne seront éligibles qu’après la Première Guerre mondiale, en 1919.
Puis c’est au tour de l’Europe de se mettre en marche. Du 28 août au 3 septembre 1910 se déroule le huitième congrès socialiste international à Copenhague, au Danemark. Plus de 100 femmes de 17 pays se retrouvent pour entériner une journée honorant la Femme, et favorisant l’obtention du droit de vote. À la suite de la décision prise à Copenhague, la Journée internationale des femmes est célébrée pour la première fois, le 19 mars 1911, en Allemagne, en Autriche, au Danemark et en Suisse, où plus d’un million de femmes et d’hommes assistent à des rassemblements.
Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, l’assemblée des Nations unies adopte un document emblématique et pierre angulaire du futur. La Déclaration des droits de l’Homme est la première reconnaissance mondiale de l’existence de droits fondamentaux inaliénables et de libertés essentielles qui s’appliquent à chaque être humain — les femmes comme les hommes —.
Il a fallu attendre 1977 pour qu’elle soit officialisée par l’assemblée des Nations Unies. En appelant « tous les États à proclamer, comme il conviendra en fonction de leurs traditions et coutumes historiques et nationales, un jour de l’année Journée des Nations Unies pour les droits de la femme et la paix internationale. » En 1979, la convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF). Souvent appelée la « Charte des droits des femmes », la CEDEF est le document international le plus complet visant à protéger les droits humains des femmes.
L’article 11 alinéa 1.c donne droit à l’égalité de rémunération entre femmes et hommes. Mais ce qui peut paraître choquant à la lecture est le fait « d’interdire, sous peine de sanctions, le licenciement pour cause de grossesse ou de congé de maternité et la discrimination des licenciements fondée sur le statut matrimonial » (Article 11 alinéa 2.a). Sous entendu que certains pays l’autorisaient. L’article 13 donne une vision étendue sur la liberté des femmes avant les années 80. Il octroie le droit aux prestations familiales, aux prêts bancaires, prêts hypothécaires et autres formes de crédit financier, à la participation aux activités récréatives, aux sports et à tous les aspects de la vie culturelle…
Les jeunes filles nées en 2010 possèdent le même âge qu’« ONU Femmes », 11 ans. Le 9 mars 2020, il y a tout juste un an, la commission de la condition de la femme soulignait un constat d’échec. Le rapport de la 64e session, disponible en Anglais, Arabe, Chinois, Espagnol, Français et Russe, est affligeant de vérité.
« Nous, les ministres, représentantes et représentants de gouvernements […] reconnaissons que 25 ans après la quatrième Conférence mondiale sur les femmes, aucun pays n’est vraiment parvenu à assurer l’égalité des genres et l’avancement des femmes et des filles, qu’il existe toujours des inégalités marquées à l’échelle mondiale […] » Les rapporteurs exhortent les hommes et les garçons à se mobiliser pleinement en faveur de l’égalité des genres et de l’avancement de toutes les femmes et les filles.
Puis la violence ne connaissant pas de frontière, le 17 juin 2011, le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies adoptent « par 23 voix contre 18 et avec six abstentions, le Conseil a adopté une résolution sur la protection contre la violence et la discrimination en raison de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre […] La discrimination à l’encontre de ce groupe est étroitement liée à son identité de genre et se manifeste à travers sa vulnérabilité face à l’exclusion sociale ou la violence, comme des actes de ” viol correctif “, des agressions et le refus d’accès à des services de base », ajuste ledit Conseil.
Quels sont les chiffres ?
Le constat de l’ONU est factuel. La population en 2020 en millions d’individus est de 7 795, dont 49.6 % sont des femmes. La différence est de 92 millions d’hommes sur l’ensemble du globe. Certains pays comptent plus de femmes que d’hommes et inversement.
Pays où la population féminine est supérieure (Nombre d’hommes pour 100 femmes)
- Népal : 84.5
- Hong Kong : 84.8
- Russie : 86.8
- Lettonie : 85.5
- Ukraine : 86.3
Inversement, pays où la population féminine est inférieure (Nombre d’hommes pour 100 femmes)
- Qatar : 302
- Émirats Arabes Unis : 223.8
- Sultanat d’Oman : 194.1
- Inde : 108
- Chine : 105
Les chiffres indiquent que les femmes représentent peu ou prou la moitié de la population mondiale. Or, comme le stipule le rapport de la 64e session de l’ONU femmes « aucun pays n’est vraiment parvenu à assurer l’égalité des genres et l’avancement des femmes et des filles ». Cela signifie que malgré tout les femmes ne bénéficient pas des mêmes droits. L’inégalité salariale est considérable, l’écart est de 16 %. Cela correspond à peu de chose à la différence entre le salaire brut et le chômage partiel instaurée actuellement en France. Les femmes gagnent 84 % du salaire moyen des hommes.
L’Islande pionnière en égalité de salaire
Une loi islandaise prône depuis le 1er janvier 2018 l’égalité de salaire, elle oblige les employeurs à prouver qu’homme et femme gagnent autant au même poste. « Le nouveau texte de loi inverse la charge de la preuve : il ne revient plus aux salariées de prouver la discrimination en raison de leur genre, mais aux entreprises de démontrer que, si écart de salaire il y a, le genre n’y a aucune part », raconte le Point. Autre pays, autre avancée, en Nouvelle-Zélande, le parlement compte 57 élues pour 120 sièges, soit 48.33 % tandis que la moyenne mondiale est de 25 %. Le grand gagnant est le Rwanda avec 61.25 % de femmes au parlement. Le monde compte 1.1 milliard de filles. L’UNICEF atteste que « si toutes les femmes bénéficiaient d’une éducation secondaire, le taux de mortalité des enfants diminuerait de 49 %. » L’exemple de l’Afghanistan est criant de vérité. « On estime que seuls 32 % des garçons et 8 % des filles ont participé à une forme quelconque d’enseignement primaire, et que les taux de fréquentation, d’abandon et d’achèvement des études ont été aggravés par les restrictions imposées par les talibans à l’éducation des filles », souligne le rapport rédigé en 2002 par l’ONU. Après la chute des talibans, « On estime que 1,5 à 1,8 million d’enfants – dont des filles – sont venus à l’école […] » Ainsi le chiffre estimé de filles bénéficiant d’éducation sous le régime des talibans à la chute dudit régime est passé de 5 000 à 2 400 000 en 2011.
Mariées avant leurs 18 ans
Dans le monde, 700 millions de femmes ont été mariées avant 18 ans, écrivait en 2016, Eugénie Bastié le Figaro. En 2019, une femme sur cinq ayant entre 20 et 24 ans était mariée avant l’âge de 18 ans. Au cours de la dernière décennie, le taux mondial de mariage d’enfants a chuté, la diminution la plus importante sur cette période étant observée en Asie du Sud. De nos jours, c’est en Afrique subsaharienne que le risque de mariage d’enfants est le plus élevé : plus d’une femme sur trois de la tranche d’âge 20-24 ans y a été mariée avant ses 18 ans. « Si toutes les femmes avaient accès à l’enseignement secondaire en Afrique subsaharienne ainsi qu’en Asie du Sud et de l’Ouest, le nombre des mariages d’enfants chuterait de 64 % », appuie l’UNICEF.
Le mariage tue l’enfance
« Le mariage tue l’enfance », affirme Henrietta Fore, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF). Ces nouvelles estimations portent le nombre total d’enfants mariés dans le monde à 765 millions, en 2019. Les filles continuent toutefois d’être disproportionnellement touchées avec une jeune femme âgée de 20 à 24 ans sur cinq mariée avant son 18e anniversaire, contre un jeune homme sur 30. Il y a une année le 11 mars 2020, l’ONU affirmait que plus de 14 millions d’adolescentes dans 12 pays d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Asie du Sud vont pouvoir bénéficier des services du programme mondial de l’UNFPA et de l’UNICEF pour mettre fin au mariage des enfants d’ici 2023.
Le droit à disposer de son corps semble échapper encore aux femmes. À peine plus d’une femme sur deux dans le monde connaît cette liberté sur les choix inhérents à la santé, la sexualité comme la procréation. Pire, chaque jour, 137 femmes sont tuées par un membre de leur famille. On estime que sur les 87 000 femmes qui ont été intentionnellement tuées en 2017 dans le monde, plus de la moitié (50 000) l’ont été par un partenaire intime ou un membre de leur famille. Plus d’un tiers (30 000) des femmes intentionnellement tuées en 2017 l’avaient été par leur partenaire intime actuel ou par un ex-partenaire.
Le droit à l’avortement en France existe depuis 17 janvier 1975 grâce à la loi relative à l’interruption volontaire de grossesse, dite loi Veil. Promulguée le 17 janvier 1975, pour 5 ans à titre expérimental, elle est reconduite sans limites de temps par une loi depuis le 31 décembre 1979. En Irlande, cela ne fait que deux ans. Depuis décembre 2020, l’Argentine accède à la liste des 68 pays autorisant légalement l’avortement. Avec ce texte, l’Argentine rejoint des pays comme Cuba, l’Uruguay et le Guyana, qui autorisent l’interruption volontaire de grossesse (IVG) sans condition en Amérique du Sud. Tandis qu’en octobre 2020, la Pologne régresse, sur cette question à travers la décision de la cour constitutionnelle bannir ce droit.
Super d’avoir immortalisé les colleuses de Poitiers !
Merci pour cet article complet !
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