Le saviez-vous ?

Qui court le plus vite : le bambou ou le furet ?

Bien entendu, un bambou ne va pas prendre ses jambes à son cou pour fuir cet article… quoique, si vous l’apercevez en bas de chez vous, faites-moi signe. Sur un tartan, les starting-blocks placés, les deux finalistes sont aux ordres du starter. D’un côté, un furet, fin, nerveux, prêt à bondir comme une flèche poilue ; de l’autre, un bambou, tige verte en jogging immobile, qui attend patiemment le coup de feu du départ. Le chronomètre démarre : l’un court, l’autre pousse. Alors, qui gagne cette course improbable ?

Derrière la blague se cache une vraie question de science : jusqu’où peut aller la vitesse d’une plante, et peut-elle rivaliser, même un instant, avec un animal en mouvement ? Sachant que l‘être humain mesure tout et rien, l’invisible et le visible.

Une course plus qu’improbable

Commençons par la star à moustaches. Le furet, ce petit carnivore issu de la lignée des mustélidés — les cousins lointains des putois et des belettes — n’a pas grand-chose de végétal. Pour lui, la vitesse est un outil de survie : attraper ses proies, se faufiler dans des galeries, ou, aujourd’hui… piquer en courant vos chaussettes mal rangées.

Côté chiffres, un furet peut atteindre 15 à 20 km/h. Ce n’est certes pas Usain Bolt, mais à son échelle de petite bête souple et gloutonne, c’est un joli sprint. Journalistiquement parlant : imaginez un serpent à poil avec la vitesse d’un scooter limité. Voilà. Un furet, c’est ça.

En face, le bambou semble n’avoir aucune chance. Et pourtant, surprise ! C’est l’un des végétaux les plus rapides du monde. Certaines espèces peuvent croître jusqu’à 90 cm par jour. Non, ce n’est pas une faute de frappe : près d’un mètre en 24 heures. Cela correspond à 3 à 4 cm par heure ! Dit autrement, si vous restez assis devant une tige de bambou, vous pourriez la voir grandir à l’œil nu… après trois cafés serrés et une énorme dose de patience. Mais attention : le bambou ne « court » pas. Il pousse, verticalement, enraciné dans son sol. Sa vitesse est celle d’une croissance, pas d’un déplacement.

(Crédits : Evgeniya Litovchenko/Pexels)

Alors, confrontation. Le furet file à 5 mètres par seconde. Le bambou grimpe à 0,001 cm par seconde. Résultat : dans un sprint, le bambou est à la course ce que votre arrière-grand-père est au selfie : à la bourre. Mais là réside le piège de notre question. Car tout dépend du point de vue.

Le furet, sprinteur souterrain

À l’échelle du monde végétal, le bambou est une fusée, un vrai Usain Bolt chlorophyllien. Dans l’univers animal, bien sûr, il se fait manger par le concept même de la vitesse. Tout est relatif. Ce duel nous amuse, car il révèle notre biais : nous mesurons tout au chronomètre humain. Une plante semble immobile parce qu’elle vit à une autre temporalité.

Voir un bambou bondir de 90 cm en une journée, c’est un exploit pour son monde. À côté d’un furet hystérique, ça paraît lent. Mais c’est un peu comme comparer un marathonien et une montagne : l’un avance, l’autre grandit. Et les deux, à leur manière, imposent le respect.
On parle souvent de « vitesse » comme d’une valeur absolue. Mais pour qui ? Pour le furet, c’est vital. Pour le bambou, c’est sa façon d’occuper l’espace et de coloniser un terrain entier sans jamais bouger ses racines.

Là-dessus, bambou et furet se renvoient presque dos à dos. Le bambou est un héros végétal : matériau de construction, abri, ressource durable et écologique. Certaines communautés humaines bâtissent leurs maisons, leurs meubles et même des ponts avec cette « herbe » géante. (Crédits : Pixabay/Pexels)

Le furet, lui, a durablement accompagné les chasseurs dans les terriers de lapins. Sprinteur utile, il incarne la ruse et la rapidité animale. Ce qu’il obtient en vitesse et en mobilité, le bambou le gagne en endurance et en solidité. Deux façons de survivre, deux temporalités, deux mondes. Alors, qui remporte cette course improbable ? Techniquement, le furet explose le bambou en vitesse pure, sans débats possibles. Mais à long terme ? Le furet finira fatigué au bout de quelques dizaines de mètres. Le bambou, lui, continuera de pousser, imperturbable, jusqu’à dépasser l’animal… littéralement en hauteur.

La vraie leçon de ce duel farfelu est ailleurs : comparer un bambou et un furet, c’est juxtaposer deux temporalités du vivant.

L’instantané animal et la lenteur végétale. Et si on rit de cette comparaison, c’est parce qu’elle nous oblige à reconnaître ce que nous avons du mal à admettre : le temps ne s’écoule pas pareillement pour tous.

Le furet court, le bambou pousse. Et nous, entre les deux, galopons par moments tels des furets, parfois poussons comme des bambous… mais toujours avec la même illusion : croire que nous menons de main de maître notre course face au temps qui passe.

(Crédits : Ivan Samkov/Pexels)


Elise Dardut

Épicurienne, je reste une jeune femme à l’aise dans son corps et dans sa tête. Je pense par moi-même, j’agis par moi-même, j’entends les conseils et n’écoute que mon intuition. « Le jour où l’homme aura la malice, la finesse et la subtilité de la femme, il sera le roi du monde… mais ce n’est pas pour demain », me chantait mon grand-père. Il m’a appris que « les seuls beaux yeux sont ceux qui vous regardent avec tendresse. » (Coco Chanel) Depuis, je m’évertue, pour qui veut bien entendre et écouter, à distiller des graines ici et là, au gré du vent. Un proverbe indien explique que « si vous enseignez à un homme, vous enseignez à une personne. Si vous enseignez à une femme, vous enseignez à toute la famille » Il est temps d’inverser les rôles et admettre l’équité, non ?

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