
Du poisson d’avril à la fricassée en chocolat
Habituellement, les enfants dessinent un poisson sur un morceau de papier et le découpent. Puis, ils les accrochent avec du ruban adhésif dans le dos de leurs camarades, celui de leur professeur ou encore le votre. Quelle que soit l’âge de la personne auprès de laquelle vous évoquez ce souvenir, tous vous répondront avec un grand sourire, le sourire de l’enfant qui sommeille en chacun. Que savez-vous de cette coutume ? Connaissez-vous son origine ? Existe-t-elle seulement en France ?
Le 1er avril arrive toujours avec son cortège de rires, farces et surprises. Le poisson d’avril, farce innocente, nous rappelle que l’humour à toujours sa place, même dans les affaires les plus sérieuses. Ainsi le plaisir des enfants, que cela soit à l’école, chez les grands-parents comme au domicile familial, d’accrocher un poisson dans le dos est intact.
Quand le poisson d’avril nage dans nos agendas…
Le poisson d’avril, ce rituel de farces et de sourires, puise ses racines en Europe, au XVIᵉ siècle. Du 7e siècle jusqu’en 1564, l’année commence autour du 25 mars. Une semaine où la tradition était de se faire des cadeaux pour célébrer le passage de l’année, le 1er avril. C’est ce qu’on appelle les étrennes, une tradition héritée des Romains. En l’an de grâce 1564, sous le règne du Roi Charles IX, l’envie de réforme du calendrier est prégnante. Ainsi, ils organisent, Charles IX et le pape Grégoire XV, un saut dans le temps, car le lendemain du 4 octobre 1582, c’est le 15. Mais, c’est le pape Grégoire XV qui a tout organisé. Il avait choisi cette date pour migrer du calendrier Julien au Grégorien, avec un décalage de dix jours.

Une date judicieusement choisie. En effet, le 25 mars est célébrée l’Annonciation. « L’Annonciation à la Vierge Marie est d’abord la fête de l’Incarnation puisque Dieu commence en Marie sa vie humaine qui conduira Jésus jusqu’à la Croix et la Résurrection, jusqu’à la Gloire de Dieu. Elle est célébrée par les catholiques le 25 mars. Lorsque le 25 mars tombe au moment de la Semaine sainte, elle est célébrée le lundi suivant l’Octave de Pâques », explique le site de l’Église catholique en France. Le fameux lundi de Pâques, qui tombe huit jours ensuite est le 1er avril.
Or, sous Charles IX, en 1564 l’édit de Roussillon fixe uniformément le début de l’année sur le royaume du souverain, au premier jour du quatrième mois calendaire. Ledit édit de Roussillon fixa le premier jour de l’année au 1er janvier. Il fallu attendre 1622 pour que l’ensemble des chrétiens commence l’année le même jour, à travers le Pape Grégoire XV.
Le poisson d’avril découlerait, semble-t-il, d’une volonté de moquer un individu. Comme lorsque, par exemple, l’on demande à un apprenti en brasserie, souvent âgé de quatorze ou quinze ans, d’aller chercher de l’huile de coude chez des commerçants avoisinants.
La locution « poisson d’avril » est attestée au XVe siècle : sa plus ancienne occurrence connue se trouve dans le Doctrinal du temps présent et Danse aux aveugles de Pierre Michault, daté de 1466 ; elle y désigne un « entremetteur, intermédiaire, jeune garçon chargé de porter les lettres d’amour de son maître ». Puis, les décennies s’égrainent, la locution se transforme en tromperie. Ainsi, la signification serait d’« obliger quelqu’un à faire quelque démarche inutile pour avoir lieu de se moquer de lui ». (Crédits : Bibliothèque nationale de France)
Ceux qui, par habitude ou par esprit de résistance, continuaient de célébrer la nouvelle année en avril étaient pris en dérision et moqués comme de naïfs « poissons d’avril ». Le choix du poisson n’est pas anodin : il évoque le Carême, cette période de jeûne où l’on consommait surtout du poisson. Très vite, les farces se multiplient et se popularisent : coller un poisson en papier dans le dos d’un ami ou inventer des histoires absurdes devient un jeu commun, des cours royales aux villages. À travers les siècles, cette tradition a traversé les frontières et les époques, se réinventant à l’ère numérique avec des blagues virales et des canulars médiatiques. Le poisson d’avril reste ainsi un symbole de légèreté et de malice, rappelant que même dans un monde sérieux, l’humour a toujours sa place et sait survivre aux changements de calendrier et aux modes.
La création du Robilait
Le 1er avril 1985, le journal de FR3 Poitiers, présenté par Marie-Agnès Cordier, lance un reportage sur un procédé révolutionnaire : le Robilait. Ouvrir son robinet, d’eau froide, entre 6 h 30 et 9 h pour voir couler… du lait. L’expérience conjointe entre le chef-lieu du département de la Vienne et la coopérative « Bonilait » distribuait le lait dans les quartiers de la ZUP.
Les camions livrent le lait au château d’eau près de l’antenne régionale de France Télévisions, rue Fief des Hausses, avant le déménagement prévu cette année. Le directeur de la laiterie, Pierre-Jean Ribardiere et même le chef du rayon d’un supermarché, Philippe Bovani, jouaient le jeu. Vingt-quatre ans plus tard, ils remettent ça. Cette fois, les éoliennes ralentiraient la rotation de la Terre, preuves à l’appui, obligeant à passer de 35 h à 40 travaillées, et des journées de 25 h. Deux poissons d’avril passés à la postérité.
Mais populairement, le poisson d’avril consiste à faire courir quelqu’un sous de faux prétextes le premier jour d’avril, affiche Le Littré, dans le 7e alinéa,« Poisson d’avril, maquereau ». (Crédits : Capture d’écran INA)

De fil en aiguille, nous arrivons au poisson le Maquereau, qui possède deux sens dans le langage courant. Le premier est celle d’un poisson de mer (scomber vulgaris, scomber scombrus) nommé auriol ou aurion sur les bords de la méditerranée. Le second est un terme qui ne se dit pas en bonne compagnie, mais également le fait de débaucher et de prostituer des femmes ou des filles. Ainsi découle le terme maquereau ou maquerelle, marquant la personne se livrant au proxénétisme, tenant une maison de prostitution. En France, Fernande Joséphine Grudet, dite Madame Claude (1923-2015) qui régna sur un réseau dans les années 1960-1970, était une maquerelle célèbre.
L’origine des œufs de Pâques
Ils prennent naissance au sein de la religion, une fois de plus, mêlées aux traditions païennes. Dans la religion juive, « Pessa’h », commémore l’exode des israélites retenus esclaves, hors d’Égypte, emmenés par Moïse. Lors de leur premier repas d’hommes libres, ils ont sacrifié un agneau, animal sacré en Égypte. Cette viande est depuis consommée par les Juifs à l’occasion de Pessa’h.

Lors de la dixième plaie d’Égypte, la mort passait au-dessus de ou par-dessus les maisons des Hébreux, étymologiquement. Pour les chrétiens, Pâques est la symbolique de la vie après la mort. Ce jour-là, ils célèbrent la résurrection du Christ, après sa crucifixion, le Vendredi saint. Pâques met aussi fin à la période de carême, qui dure quarante jours. On retrouve des similitudes avec Pessa’h, notamment l’agneau.
On retrouve également Pâques dans les traditions païennes : c’est une période de renouveau, avec l’arrivée du printemps. Le renouveau est comme la sempiternelle question : « Qui est arrivé en premier l’œuf ou la poule ? » En soit peu importe, car qu’il soit en chocolat, en sucre, peint ou encore cuit : l’œuf est le symbole de la fête de Pâques. (Crédits : Pezibear/Pixabay)
« Chez les Égyptiens, les Perses et les Romains notamment, l’œuf est un symbole de vie, que l’on s’offrait au printemps », souligne ça m’intéresse. Ainsi, s’inspirant du Nouveau Testament, la friture en chocolat, ces bonbons en forme de poisson, de crustacé et de coquillage, fait référence à deux épisodes précis de la Bible, des pêches miraculeuses. Les célébrations laissent libre cours à l’imagination. Souvent considéré comme la journée du fou, des innocents, les farces, les blagues… elle célèbre l’innocence. En Espagne, cette journée est le 28 décembre, « Dia de los santos inocentes », car les cadeaux de Noël sont distribués aux passages des Rois Mages, puis le premier avril pour l’Allemagne comme les Pays-Bas, c’est « Aprilscherz », le Brésil, la Suisse et la Suède fêtent « le jour des fous », au Québec elle se nomme « Courir le poisson d’avril », en Angleterre et aux États-Unis, le « April Fool’s Day », en Écosse « Cuckoo d’Avril »…
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