dimanche, mars 17, 2024
International

L’Iran est-il le siège de tous les maux au Moyen-Orient ?

Tous les regards sont braqués sur le conflit armé et sanglant entre Israël et le Hamas depuis samedi 7 octobre 2023. Rien ne peux justifier les crimes et violences envers les civils ni d’un côté ni de l’autre. Le conflit entre la Palestine et Israël date de 1948 au moment de la création de cet État. Souvent l’Iran est accusé de bien des maux, entre l’affaire Stuxnet pour lutter contre l’enrichissement d’uranium et le coup d’État de 1953 fomenter par les services secrets britanniques et américains.

Il y a un peu plus d’un an, Jina Mahsa Amini, jeune femme de 22 ans mourrait pour ne pas avoir porté « correctement » le voile en Iran. Armita Garavand est le nom de la jeune fille de 16 ans qui aurait été passée à tabac par la « police des mœurs », parce qu’elle ne portait pas non. Cette dernière est dans le coma depuis le 1er octobre 2023 dans un hôpital à Téhéran, sous haute surveillance. De l’autre côté la journaliste et militante iranienne Narges Mohammadi, 51 ans a remporté le vendredi 6 octobre 2023 le prix Nobel de la paix « pour sa lutte contre l’oppression des femmes en Iran et pour son combat pour la promotion des droits humains et de la liberté pour tous ».

L’histoire est celle du pot de terre contre le pot de fer. Le pouvoir à travers la presse officielle réfute toute violence. Dans le journal Hamshahri, en citant le directeur du métro le quotidien dément les « affirmations des médias étrangers » selon lesquelles « une altercation » entre la jeune femme et le « personnel du métro avait causé l’incident ».

La répression des femmes est montée d’un cran avec une loi adoptée par les autorités. Les contrevenantes au port du couvre-chef pourraient être fouettées, se voir infliger une amende allant à 360 millions de rials iraniens (8061 euros), des restrictions de voyage, privation de l’accès à l’Internet et des peines de prison jusqu’à 10 ans maximum.

La vidéo montre un groupe de jeunes femmes montant dans le premier wagon du métro, puis ressortir pour allonger celle qui est Armita Garavand. Dans les images diffusées aucune n’est issue de l’intérieur du métro, malgré que caméras de surveillance sont partout. Peu de temps après la télévision d’État diffuse une interview des parents évoquant l’évènement comme un « accident ». De son côté, l’État retransmet une vidéo de six minutes où la personne mise en lumière serait présentée comme Armita Garavand. Sauf qu’en septembre 2022, les autorités avaient déjà diffusé des images de caméras de surveillance et démenti toute implication dans le décès de Masha Amini. Des hommes et des femmes sont morts pour avoir manifesté contre l’obligation du hijab.

Tandis qu’on voit en France des jeunes femmes et femmes se targuant de vouloir porter le hijab, il est normal de se poser des questions pour comprendre, quand d’autres risquent leurs vies pour être libres. Comme pour le port de l’abaya. Cette dernière est une longue robe, portée par quelques femmes du Moyen-Orient et des pays du Maghreb. Le 2 novembre 2022, le vice-président du Conseil français du culte musulman confirme qu’elle n’est pas une tenue religieuse, mais plutôt une forme de mode vestimentaire. Pour autant, elle semble avoir une consonance religieuse. Comme l’affaire retentissante de 1989 quand trois élèves du collège Gabriel-Havez de Creil refusaient d’enlever leurs voiles en cours.

Une corruption enracinée

La corruption est de longue date en Iran. Tant est si bien, qu’elle pourrait hypothétiquement se déverser, bon gré mal gré, sur les pays voisins comme l’Irak. Dès le XIXe siècle, les velléités russes et britanniques s’affrontaient pour obtenir les faveurs de la cour royale dans la période Qajar en Iran. Ensuite jusqu’à la révolution islamique de 1979 les coupables désignés sont les États-Unis et le capitalisme.

L’ensemble du dossier a été déclassifié en 2000, sur le coup d’État contre le pouvoir en Iran en 1953 mis en place par différents servies secrets.. (Crédits : NSArchives)

La cour royale a été décrite comme un « centre de licence et de dépravation, de corruption et de trafic d’influence » dans un rapport de la CIA datant du milieu des années 1970. Sauf qu’un article du monde diplomatique d’octobre 2000 révélait que la secrétaire d’État américaine Madeleine Albright reconnaissait l’implication des États-Unis dans le coup d’État qui renversait le Premier ministre iranien Mohammad Mossadegh, en 1953. Le rapport de la CIA divulgué en avril 2000 par le New York Times montrait le rôle des services secrets britanniques et américains dans un évènement qui renversa le rapport de forces au Moyen-Orient, l’opération Ajax.

Malgré que l’Iran est signé et ratifié, la convention des Nations Unies contre la corruption, elle est présente dans des affaires retentissantes : le complexe sidérurgique Mobarakeh, la banque Sarmayeh, la banque Melli ou le cas de l’homme Akbar Tabari, libéré en juin 2023 des prisons iraniennes malgré une peine de 31 ans de prison. (Crédits : Transparency)

La corruption est visée par un indice de 0 à 100. Avec un score de 25, la République islamique d’Iran se classe à la 147e place sur 180. La corruption est enracinée, mais à qui la faute. Que ce soit en Iran comme en Irak, le bakchich est monnaie courante. Pour refaire ses papiers en Irak, la moindre excuse est valable pour que les autorités vous envoient dans un autre bureau : mauvaise orthographe, une virgule manquante… De ce fait chaque intermédiaire touche une certaine somme d’argent. Mais les yeux se tournent vers l’Iran depuis plusieurs années. Accusé de corruption, le géant iranien de l’acier Mobarakeh Steel Company est dans la tourmente. Le mastodonte est accusé de corruption pour un montant faramineux de 3 milliards de dollars après la publication d’un rapport parlementaire.

Opération du Hamas

Le journal Javan proche des « Gardiens de la révolution » se réjouit de l’ampleur de l’offensive lancée le samedi 7 octobre 2023 rapporte Courrier international. Le Wall Street Journal n’y va pas par quatre chemins en titrant : « Iran Helped Plot Attack on Israel Over Several Weeks ». Le quotidien américain annonce que l’Iran a participé à la préparation d’un attentat contre Israël pendant plusieurs semaines. « L’Iran a joué un rôle dans cette attaque. L’Iran finance le Hamas et le Jihad islamique, fait entrer clandestinement des armes à Gaza et fournit une aide technique pour la construction de roquettes et de drones », martèle Gregg Carlstrom.

Le journaliste indique que le saccage du Hamas « portait des marques de soutien iranien » (armes, formation, aide financière), mais « aucune preuve ferme à ce jour que l’Iran a autorisé ou directement coordonné l’attaque. » Il faut garder raison face aux conclusions hâtives, et surtout sans preuves. La communication est une arme massive qui intéresse n’importe quel camp du moment que la parole va dans le sens de leurs idées ou actions. Elle devient alors propagande. L’histoire de l’invasion de l’Irak en rapport aux armes de destructions massives est un mensonge d’État, surtout venant de la part d’un ancien président des États-Unis, Georges W. Bush.

Cela dit, il faut comprendre que l’opération du Hamas change la réalité au Moyen-Orient. Ce qui pourrait obliger l’Iran à se découvrir. La question du nucléaire tient sa place également. « Le Hamas a-t-il utilisé l’aide iranienne ? Certainement oui. L’Iran avait-il un intérêt dans cette action ? Oui. Le Hamas a-t-il besoin de l’autorisation de l’Iran pour opérer ? Non. Y a-t-il eu une coordination précoce entre le Hamas, l’Iran et le Hezbollah ? C’est possible », relate sur X (ex-Twitter) Raz Zimmt, spécialiste de l’Iran à l’Institut pour les études sur la sécurité nationale (INSS) de l’université de Tel-Aviv.

Le président Bush mettra en place une commission pour enquêter sur les erreurs commises concernant les armes de destruction massive. L’administration américaine finira par reconnaître l’année suivante qu’elles n’existaient pas. (Crédits : Marc Pascual/Pixabay)

Plus de dix ans après la guerre, une enquête du New York Times révélait que des armes chimiques avaient pourtant été découvertes. Mais elles n’avaient pas été fabriquées par Saddam Hussein. « Les munitions avaient été conçues aux États-Unis, fabriquées en Europe et remplies de produits chimiques sur les lignes de productions irakiennes, par des sociétés occidentales », précise le New York Times. Le but était tout simplement économique : la quête de l’Or noir irakien. À savoir si l’Iran est l’origine des maux du Moyen-Orient, il faut des preuves pour affirmer de telles choses, les présomptions ne suffisent pas. Ce qui est sûr est que son pouvoir est grand, son influence au Moyen-Orient et sa corruption également.

Elise Dardut

Épicurienne, je reste une jeune femme à l’aise dans son corps et dans sa tête. Je pense par moi-même, j’agis par moi-même, j’entends les conseils et n’écoute que mon intuition. « Le jour où l’homme aura la malice, la finesse et la subtilité de la femme, il sera le roi du monde… mais ce n’est pas pour demain », me chantait mon grand-père. Il m’a appris que « les seuls beaux yeux sont ceux qui vous regardent avec tendresse. » (Coco Chanel) Depuis, je m’évertue, pour qui veut bien entendre et écouter, à distiller des graines ici et là, au gré du vent. Un proverbe indien explique que « si vous enseignez à un homme, vous enseignez à une personne. Si vous enseignez à une femme, vous enseignez à toute la famille » Il est temps d’inverser les rôles et admettre l’équité, non ?

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