Être complètement baba d’un cordon bleu
Le fameux cordon bleu, servi dans les cantines connaît deux origines. La première est religieuse, et l’autre culinaire. Le mémorable fromage coulant qui sort de ce sandwich de jambon et de porc, entouré de la panure… De là, à faire l’école buissonnière, car vous en êtes baba, il n’y a qu’un pas. Pour autant, il ne faut pas être un cordon bleu des beaux esprits pour le cuisiner, le revisiter sûrement avec l’enseignement de l’établissement Le Cordon Bleu. Faisons un festin de mots, bleus si vous le souhaitez.
Alors que le désormais couple célèbre, au moins à Berd’huis, rentre chez lui, il entend des conversations de collégiens. Il se raconte leurs menus du jour. La star des cantines semble être le cordon bleu, accompagné de frites et de ketchup bien sûr.
« Ah, s’ils connaissaient son origine », s’exclame Sépa. Séki n’en fait aucun cas, elle sait bien que de toute façon…
« Tu le savais que ça venait des commandeurs de l’Ordre du Saint-Esprit ? ». Après un silence de quelques secondes elle ponctua, sans grande conviction d’un « Ah, non du tout ». La machine était déjà en route…
Le cordon bleu fait référence à l’Ordre du Saint-Esprit. Il a été institué sous le règne de Henri III en 1578 jusqu’en 1791, puis de 1814 à 1830.
Le 1er août 1469, Louis XI fonde l’Ordre de Saint-Michel, sous le nom d’« Ordre et aimable compagnie de monsieur saint Michel ». Il est placé sous le patronage du mont ayant résisté aux attaques anglaises, le fameux mont Saint-Michel. Les membres nommés à discrétion du souverain se disaient chevaliers de l’ordre du Roi. Pour contrer cet ordre Henri III crée le 31 décembre 1548 l’Ordre du Saint-Esprit. Ses membres portent la croix de Malte maintenue par un cordon bleu. L’ordre s’éteint définitivement avec l’accession au trône de Louis-Philippe 1er, en 1830.
Plus de cent ans après l’extinction de l’ordre au cordon bleu, un autre prend le relais : celui des futures cantines. Il serait apparu bien plus tard au sein d’une cuisine dans le canton de Vaud en Suisse, en l’année de naissance de Sépa, 1949. La légende veut que les premiers essais se soient déroulés dans une cuisine quelconque, une corde bleue servait à maintenir l’ensemble. Il n’en faut pas plus pour devenir une légende urbaine, ou pas. Ça vous laisse baba. Cette expression est lorsque nous sommes sans voix, ou presque. C’est en fait le redoublement d’une onomatopée. Elle fait sens lorsque vous bégayez de surprise.
« Il me semble que c’est aussi un organisme de formation, Le Cordon Bleu », question Séki.
« Exact, toi tu as fait l’école buissonnière », rétorque Sépa. Le simple regard dubitatif lui indique de répondre rapidemment. En fait l’école buissonnière n’est pas le fait de sécher les cours, mais son inverse. Au même siècle que le Cordon Bleu, les prédicateurs luthériens devaient se cacher pour dispenser leurs enseignements. Ils se dirigeaient vers les bois et les campagnes. Contrairement au sens actuel, faire l’école buissonnière définissait ceux qui au contraire se rendaient à l’école. Je suis sûr que vous en êtes baba…