
La beauté des lacs d’émeraude (42/55)
Au creux de paysage lunaire, Flavien poursuit sa découverte de la Nouvelle-Zélande. Près des lacs d’émeraudes, les émanations des fumerolles repoussent tous les visiteurs. L’odeur de soufre y est tellement forte qu’elle est insupportable. Mais à cette altitude, le soleil qui dore notre peau, allongé sur une plage de sable fin, peut avoir des conséquences encore plus néfastes. Car les insolations ne laissent que peu de souvenirs agréables. Dans ces lieux majestueux, l’entraide renaît, et se partage autour du verre de l’amitié.
« Je rejoins Frédéric et Flora un peu plus tard autour du Blue Lake », commente Flavien. Bien qu’il ne soit pas sur le sentier du trek, ajoute-t-il. Mais le léger détour offre une nouvelle vue sur la caldeira. Le trio discute à nouveau de voyage et botanique. Le temps, lorsque tout un chacun parle de ses passions, file. « Il est déjà treize heures. Les nuages se forment. » Flavien entreprend la descente près des fumerolles, où il effectue la pause déjeuner. Tel le lapin d’Alice, en retard, toujours en retard, il reprend sa marche. « Il me reste encore douze kilomètres, je n’ai fait que la moitié de la journée. »
Insoutenable odeur de soufre
« Sous les fumerolles, l’odeur de soufre est insupportable », explique Flavien tout en se pinçant le nez. Les réminiscences de sa jeunesse apparaissent, et de documentaires, il passe à la réalité. « Cela me rappelle ce que je regardais à la télé quand j’étais petit. Je voyais des scientifiques descendre près des cheminées de soufre dans les volcans indonésiens. »

Le voyage se poursuit, à travers des paysages à couper le souffle. « J’ai l’impression d’être sur une autre planète ». À cet instant, et à cette altitude, le soleil tape fort, très fort, selon l’aventurier du bout du monde.
Mais ce n’est pas la matière grise du naturaliste qui va refroidir le corps. Elle est en ébullition. Dans un environnement de roche basaltique noire et de lapilli, quelques plantes se développent. « Elles forment de magnifiques communautés dans ce désert minéral. » Comme à son habitude, il se mue en paparazzi avec de très nombreux clichés du paysage. « Je suis sous le charme ». La marche s’éternise, d’autant que le panorama est monotone. « Je suis à sec. Pas simple de trouver de l’eau dans cet environnement », admet le baroudeur.
L’arrivée à une hut lui permet d’étancher sa soif et de se ravitailler. Mais un drôle de sentiment apparaît. « Je me sens un peu patraque. J’ai dû prendre un coup sur le crâne, malgré ma casquette. J’espère que ce n’est pas une insolation. » Le naturaliste se réhydrate. « Bien que les paysages soient magnifiques, la journée commence à être longue, je m’arrête peu pour les plantes désormais, signe de fatigue… »
Une grosse fatigue accumulée
Avant d’arriver au campement proche de Waihohonu Hut, il faudra traverser l’unique forêt de la journée et son dévers. Les nuages menacent de plus en plus la quiétude des randonneurs. Donc, peu après 17 h 30, « après 24 km et plus de mille mètres de dénivelé positif, je suis content de monter la tente ».
Entre les nuages bien noirs, quelques rayons de soleil permettent à ma tente de sécher. « Je croise les Israéliens qui arrivent peu de temps après moi et qui me proposent de venir boire un verre à leur bivouac dans la soirée, je ne refuse pas. »
Après avoir dévoré quelque peu et soulagé une envie pressante, Flavien se rend à leur camp avec le reste de graines en échange. Ils lui servent cinq shots de whisky… après une grosse journée et la fatigue accumulée depuis le départ de Lavausseau.
« Je leur pose plein de questions sur la culture israélienne que je connais très peu. » Au bout d’une heure, il est temps d’aller se restaurer, mais avant, il leur laisse son paquet de pâtes et toutes les graines, n’ayant presque plus rien à manger. « À peine suis-je rentré à l’abri que la pluie se met à tomber. Je prépare mes lyophilisés sous l’abscisse de ma tente, pas très pratique, mais ce n’est pas une première. »

De la bruine, à l’averse, l’orage s’annonce. « Ça gronde fort ! » C’est toujours aussi satisfaisant d’être sous sa tente quand il pleut. Après une toilette de chat, l’effet conjugué de la fatigue et de l’alcool met hors service Flavien. « Avant même 22 h je rejoins Morphée. Une bien belle journée encore une fois, entre rencontres et paysages, dans mon top 3 du voyage. » À suivre…
