
Une journée en approche de Tongariro (40/55)
Le premier jour d’un périple de trois dans le premier parc national néo-zélandais. Flavien s’attaque à un lieu symbolique à plus d’un titre. Situé au centre de l’île du Nord, il comprend les volcans Ruapehu, Ngauruhoe et Tongariro. Le parc comporte de nombreux sites sacrés pour les Māori : tapu. Sur une surface de près de 800 km2, le parc s’étend. Il abrite en son sein des espèces rares de faune et de flore. Un Graal pour le naturaliste, en quête de découvertes et d’émerveillement.
Comme lors du précédent trek, Flavien ne se presse pas pour sortir du lit. Qu’il est agréable de demeurer au calme quand tout s’agite autour de soi ! « Je prends le temps de me lever », confirme-t-il en s’étirant. Les yeux se sont ouverts pour ne plus se refermer dès 7 h 45. Flavien se met à table vers 9 h. « Il me reste du yaourt, des blocs de muesli, du jus d’orange et une banane, c’est le grand luxe. » C’est de loin mon meilleur petit déjeuner du voyage, glisse l’aventurier entre deux bouchées.
Voir Tongariro à la force du pouce
À 10 h précises, le naturaliste règle les derniers détails avant de quitter l’auberge, en ce vendredi 31 janvier. Il laisse son petit sac, afin de voyager plus léger. « Je prends la direction de la même supérette qu’hier pour y poster les cartes écrites. » Il est temps désormais de tendre le pouce côté route pour rallier sans encombre le début de la randonnée à Whakapapa, à 15 km d’ici.

« À peine ai-je levé le pouce qu’une camionnette me klaxonne pour que je monte. C’est un Serbe qui vit en Nouvelle-Zélande depuis de nombreuses années. Avec l’accent russophone, c’est assez folklorique d’essayer de se comprendre en anglais. »
Il conduit n’importe comment, explique le baroudeur accroché à la poignée de la portière.
Il dépose Flavien à un croisement. « Il me dit de prendre la canette de Sprite qui traîne dans sa portière. Ça ne m’arrange pas pour la randonnée, mais je ne refuse pas. » L’aventurier du bout du monde se place sur la perpendiculaire. « Dans la précipitation je perds une de mes deux sandales fabriquées maison, se désole-t-il. Elle a dû tomber dans le coffre de la camionnette. » (Crédits : Flavien Saboureau)
Obnubilé, Flavien, chargé comme un mulet, recherche désespérément sa sandale. Puis une voiture freine à sa hauteur, lui proposant de l’emmener. « C’est une dinguerie, le stop ici… » Une Française au volant. Sur un trajet extrêmement court, la discussion prend place. « J’ai juste le temps de savoir qu’elle est en Nouvelle-Zélande pour un an. »
Une promenade de santé
Elle le dépose à la maison du parc national, enfin pas tout à fait. Elle s’arrête sur le parking juste en face : tawera place. Puis, juste avant de gravir les marches de la maison du parc, Flavien boit la canette offerte. Il, se met en ordre de marche pour les neuf kilomètres et deux cent soixante-quatorze mètres de dénivelé positif en direction de Mangatepopo Hut. « À côté de laquelle je pose ma tente. »
Habitué à gravir des pentes plus ardues, l’aventurier du bout du monde trouve que « le chemin est presque pour ainsi dire plat tout du long, très peu de dénivelés ». Sur les flancs de ce plateau volcanique très actif, il traverse d’étonnantes végétations qui s’apparentent à des landes, la callune.
Quelques nouvelles espèces s’offrent à lui, mais le paysage ne l’émerveille pas encore. Le ciel se couvre de nuages menaçants. Une chaleur orageuse colle les vêtements des marcheurs. « il fait très chaud pour cette altitude, je ne comprends pas pourquoi ça ne tourne pas à l’orage. » Depuis le début de son périple, il n’a pas vécu un orage néo-zélandais, à son grand regret. Après une pause déjeuner sur le pouce, il arrive à la Hut à 15 h 30, sans rencontrer de grandes surprises.
(Crédits : Flavien Saboureau)

De gros nuages noirs enveloppent les deux volcans qui m’entourent : le Pukeonake et le Pukekaikiore. Sans oublier les Ngauruhoe, Tongariro, ainsi que Red Crater, South Crater, Central Crater, Te Maari Craters. « La pluie ne tombe pas, tant mieux. » Flavien lambine, malgré cette paresse, il est le premier à s’installer. Suivi de près par deux Israéliens.
Poulet et purée comme à la maison
Les formalités effectuées, Flavien doit occuper son temps. « Mais je n’ai pas grand-chose à faire », se languit-il. La chaleur moite ne l’empêche pas de faire une sieste, dans l’antre infernal de sa tente. Il finit par déambuler les yeux fixés au sol, pour dénicher des plantes. « Après une heure de déambulation, je trouve Raoulia albo-sericea, endémique de ce plateau volcanique de quelques kilomètres de diamètre. »

Elle pousse dans les dépôts de scories des bords de torrents, explique le naturaliste. Heureux de sa trouvaille au soleil couchant, il rentre, car son estomac crie famine. Mais avant de se sustenter, il zyeute les quelques documentations botaniques qu’il a enregistrées sur son téléphone pour identifier ses observations. « Le lyophilisé de ce soir, au poulet, en renferme un autre avec de la purée, c’est nouveau ça », s’exclame-t-il.
En allant remplir ma gourde et faire sa vaisselle, Flavien croise une jeune femme qui le reconnaît au premier coup d’œil. « Elle me demande si je me trouvais à Angelus Hut il y a deux semaines, sur l’île du sud. » Flavien répond à la question par une question. « C’était la soirée où il est tombé des cordes ? ». La réponse affirmative laisse Flavien sans voix et sans souvenir de cette rencontre. (Crédits : Flavien Saboureau)
Leur chemin se sépare. Après un brossage de dents en règle, il saisit son reflex. « il subsiste peu de nuages pour contempler le fameux Mount Ngāuruhoe (2287 m). Ce lieu sacré, où il est interdit de grimper. » La douceur enveloppe les campeurs, pas une once de vent. « La nuit s’annonce moins corsée qu’il y a soixante-douze heures », se réjouit-il. À suivre…

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