
Une journée complètement folle (45/55)
Attention, la pression augmente ! Un geyser est en approche. Alors que la fin du périple néo-zélandais est visible, Flavien en profite pour multiplier les découvertes et les visites. Entre le Wai-o-tapu et ses éléments géothermiques, la grotte d’Orākei Kōrako, le voyage qu’aurait pu imaginer et conter Mélies au sein du Crater of the moon jusqu’au canard bleu le Whio. Mais ce sont les chutes de Huka falls qui appellent à la prudence et à l’humilité. Car, bien avant de les voir, elles avertissent bruyamment aux oreilles des visiteurs, de leurs présences.
« Ce matin, je suis levé bien avant huit heures, mais quelle surprise de me retrouver seul dans la chambre. » Après avoir récupéré la voiture de location, l’aventurier se dirige vers les champs géothermiques. La première étape est le Wai-o-tapu, le plus connu de tous. « J’arrive là-bas vers neuf heures », souligne-t-il. Après s’être acquitté des 45 NZD d’entrée, et avoir reçu un coup de tampon sur le poignet, il profite du peu de monde pour faire son tour. Sans omettre la grimace de rigueur concernant l’odeur de souffre : difficile de s’habituer souffre -t-il.
Flavien au pays des geysers
D’énormes trous de boue sont bouillants, le bruit des bulles et des gaz qui s’en échappent sont impressionnants, commente le naturaliste. Arrivée à la Champagne Pool, l’un des emblèmes du pays, la magnificence des couleurs l’enchante. « Je profite du calme avant la tempête pour faire quelques photos. » Mais, car il y a un mais, « si je veux voir le geyser, l’autre attraction du parc, je dois retourner à la voiture et accomplir quelques kilomètres. »

C’est un geyser qui est déclenché une fois par jour… grâce à du savon. « Ce n’est pas très naturel, mais il fallait payer une fortune pour voir le seul autre geyser de Nouvelle-Zélande qui se soulève spontanément une à deux fois par jour », explique-t-il. Arrivée dans les premiers, la foule ne tarde pas à s’amasser. « J’ai l’impression d’être au Puy du Fou », s’exclame Flavien, entouré d’une bonne centaine de personnes.
Mais qu’est-ce qu’un geyser ?
C’est assez simple en fait. Un geyser est une manifestation d’éjection d’une colonne d’eau chaude et de vapeur. Le terme est dérivé du mot islandais geysir, qui signifie « jaillir ».
(Crédits : Wai-o-tapu/Flavien Saboureau)
Pour ce phénomène géothermique, trois conditions sont nécessaires : de l’eau en abondance, une source de chaleur intense généralement liée à un magma proche de la surface, et un plomberie complexe d’espaces, de fissures et de conduits étroits. Le Lady Knox Geyser, situé dans la zone géothermique de Wai-o-Tapu où se trouve l’aventurier, est un exemple célèbre où l’on maîtrise en partie ce phénomène.
À l’état naturel, Lady Knox entre en éruption irrégulièrement tous les deux à trois jours. Mais, chaque matin à 10 h 15 précise, les guides du parc déposent un tensioactif dans l’orifice du geyser. Comme l’explique Flavien, les gardiens déposent une petite quantité de savon biodégradable.
Le mécanisme physique repose sur la dynamique de pression et de cavitation dans le système de conduits. L’eau est chauffée jusqu’à des températures supérieures à 100 °C, tout en restant liquide grâce à la pression des couches d’eau supérieures. Une bulle de vapeur initiale peut alors croître, abaisser localement la pression et entraîner une libération rapide d’énergie sous forme de vapeur et d’eau projetée vers le haut hors du conduit. (Crédits : Flavien Saboureau)

Le jet peut atteindre 20 m de hauteur, quant à Yellowstone avoisine les soixante mètres. Lady Knox illustre qu’au cœur d’un champ géothermique actif, la combinaison d’eau, de chaleur et de conduits contraints peut être manipulée pour déclencher des éruptions visibles, tout en reposant sur les principes fondamentaux de la thermodynamique des fluides et de la pression des phases liquides et gazeuses. Élémentaire, mon cher…
Voyage épique au Crater of the Moon
« Maintenant que j’en ai fini avec cet endroit qui, bien que touristique, est totalement fou, je reprends la route vers Orākei Kōrako. » Ce site bien moins connu, situé à une quarantaine de kilomètres plus au sud, se révèle tout aussi incroyable, admet-il. L’entrée n’est toujours pas donnée, souffle Flavien dans sa moustache en donnant les 49 NZD nécessaires, « surtout pour une visite annoncée pour une heure et demie… mais j’y vais quand même ».
Après un léger voyage en bateau, l’épopée débute sur les chapeaux de roue. Dès son arrivée, le spectacle surprend l’aventurier du bout du monde. « Je traverse de magnifiques terrasses bouillantes aux innombrables couleurs. Finalement je n’ai pas besoin d’aller dans le Danakil ou le Yellowstone pour voir des merveilles pareilles. » La visite promise est en effet courte, bien qu’elle passe près de mares de boues bouillantes, ainsi que dans l’unique grotte géothermale. De retour sur l’autre rive, Flavien s’arrête un instant.
Une glace en guise de réconfort
« Je suis rincé. C’est intense depuis ce matin. » C’est à ce moment qu’un peu de réconfort est le bienvenu. « Je prends une glace et décide d’aller au Crater of the Moon qu’une fille m’avait conseillé à l’auberge de Christchurch. » C’est encore une heure de route que le baroudeur affronte. L’entrée de dix NZD s’ajoute à la dépense. « Il ne reste plus qu’une heure avant que ça ferme. » Le paysage est empli de fumerolles venues de terre dans un paysage dénudé. « Ce site se situe au milieu d’un champ géothermal utilisé pour produire de l’électricité », ajoute Flavien. Certaines fumerolles très actives vous décoiffent lorsqu’elle vous souffle dessus. « Je reste un peu sur ma faim, mais je commence à être difficile avec ce que je vois aussi… », admet-il.
Huka Falls apporte le point final d’une journée… gargantuesque. Ces chutes d’eau au très fort débit viennent de l’énorme lac de Taupo, rincé, mais a priori difficilement fatigable, Flavien se décide à faire l’heure de route qui le sépare de Tūrangi. « Je fais le détour, car demain, j’aimerai dénicher le Whio. Le fameux canard endémique, qui ne ressemble à aucun autre », qu’il a à maintes reprises cherché pendant le voyage. (Crédits : Flavien Saboureau)

« Arrivé là-bas, après avoir longé le beau lac de Taupō, j’attaque d’ores et déjà sa recherche. » N’ayant pas effectué de réservation pour dormir ce soir, c’est donc son compagnon de route qui va l’accueillir : le siège passager. La première tentative demeure vaine. Flavien remonte dans la voiture vers l’amont. « Je me gare dans un lotissement. Je longe de nouveau les rives sur plusieurs centaines de mètres, mais rien », se lamente-t-il.

Seuls quelques pêcheurs et des passants se promènent avec leurs chiens… « Je suis un peu désabusé. J’y ai consacré des heures de mon voyage, mais toujours rien. » Force est de constater que les recherches creusent l’appétit. « Je me pose alors pour manger mes pâtes au thon sur un banc qui fait face à la rivière. Le moment est agréable avec les belles couleurs du crépuscule. »
L’eau frémit quand le naturaliste jette un regard sur les berges. Le temps est suspendu. « Ils sont là ! Les parents et un petit sortent des fourrés pour glaner de la nourriture. » Flavien est excité comme une puce. « Je m’approche avec mon téléobjectif pour leur tirer le portrait. » Sauf que la luminosité décroît, alors il augmente les ISO.
(Crédits : Flavien Saboureau)
Alors qu’il reprend son repas où il l’a laissé, un minibus d’êtres affublés de jumelles débarque. « Je leur montre les oiseaux, ils sont tous très heureux. » Ce spot semble être connu. Puis, tout doucement, la petite famille s’approche nonchalamment de Flavien. « Ils m’auront bien nargué depuis tout ce temps ! Mais quelle journée pleine de découvertes et de rebondissements ! J’en veux tout le temps ! » Puis le moment tant attendu arrive. Le naturaliste retrouve le siège passager. « C’est la première fois dans cette voiture. J’ai moins de place pour les jambes que dans l’autre. » À suivre…
