Pérégrinations

Flavien se met aux fourneaux en Nouvelle-Zélande (34/55)

Après plusieurs jours avec le luxe d’une voiture de location en Nouvelle-Zélande, les journées s’allongent et les trajets deviennent des parenthèses. Entre le linge qui sèche mal, la conduite du bus cahoteux et les envies de cuisine improvisée, le voyageur avance au rythme des rencontres. À Kaïkoura, il retrouve la mer, la lumière et l’envie de se poser… un instant avant de reprendre la route vers l’île du Nord. Mais c’est aussi l’expérience des trajets en bus qui fascine l’aventurier. Une étape tout en lenteur, ou presque, en fatigue heureuse et plaisirs simples.

Ce matin c’est presque une grasse matinée pour Flavien. « Je sors du lit à 9 h 45. » Tout semble indiquer une véritable grasse matinée, mais une fois de plus Flavien veille très tard. Le résultat est une nuit comptable somme toute normale. Il doit effectuer son check-out à 10 h… mais ses vêtements ne sont pas encore tous secs. « Je descends dans le hall de l’auberge où j’étends mes vêtements sur les chaises tel un clodo, personne ne me dira rien alors tant mieux », souffle-t-il.

De Christchurch à Kaïkoura, entre fatigue et liberté

C’est ainsi qu’il profite du canapé de l’auberge jusqu’à midi. « Mon bus pour me rendre à Kaïkoura est prévu à 14 h 30. » Il profite de ce temps pour se rendre en ville et s’acheter un en-cas avant de filer jusqu’à l’arrêt de bus. Tel l’habitué, Flavien n’a plus besoin de carte ni de boussole pour se déplacer dans la seconde plus grande ville de Nouvelle-Zélande. Concentré sur l’écriture de son récit journalier, il commence à ressentir les soubresauts de la conduite du chauffeur. « Il conduit comme un dératé. Je commence à avoir mal à la tête, je finirai plus tard. »

Arrivé à Kaïkoura, Flavien parcourt le kilomètre qui sépare l’arrêt de l’auberge. À peine le sac posé, il repart, mais cette fois en direction du supermarché. « Pour une fois j’ai envie de cuisiner. J’achète des patates, des champignons, une bavette, un yaourt et même des chips, c’est l’orgie ce soir ! »

La cuisine est pleine de monde… Ses patates au creux de la poêle n’en finissent pas de cuire. « Deux Françaises me donnent du beurre, tout en discutant. Je m’installe à leur table. »

Originaires de Paris, elles arrivent de Nouvelle-Calédonie, l’une est médecin, l’autre prof de judo. « Nous taillons la bavette, pendant que la mienne cuit sur le barbecue à disposition. Elle est cuite avant les patates qui sont sur le feu depuis bientôt une heure… Décidément. » (Crédits : Gabriela Palai/Pexels)


Tandis qu’elles se retirent, un couple de Néerlandais s’installe à côté de moi. La discussion se propose : « Je leur parle des deux mois de stage que j’avais faits là-bas en 2017… » Finalement l’aventurier termine son repas sans avoir vu la soirée passée. Comme hier, la journée n’a pas été des plus excitantes, mais importante pour réfléchir à la suite du voyage. Les compteurs d’écriture remis à zéro, « je peux désormais réfléchir à la suite. »

Une balade ensoleillée à Kaïkoura

Ce matin c’est une nouvelle grasse matinée. « Je me réveille après 9 h, à croire que c’est la décadence. » Sauf qu’il s’est couché bien après minuit. Le temps est favorable, dans les deux sens. « Je prends le bus à 18 h, donc je décide de faire une rando de quatre heures et douze kilomètres », affirme-t-il. Pour la première fois depuis quelques jours, le baroudeur se projette. « Sur la terrasse ensoleillée de l’auberge, je réserve la prochaine auberge et le ferry, afin de définitivement quitter l’île du Sud pour celle du Nord. »

Il anticipe pour le trek dans le parc national du Tongariro avant qu’il n’y ait plus de place. « Je dois faire l’impasse de deux étapes par manque de place pour poser ma tente. » Un inconvénient pour l’aventurier. « Je n’aime pas faire ça, car je ne peux pas gérer la météo, mais je n’ai malheureusement pas le choix… Même chose pour l’île de Tiritiri où je désire aller avant de quitter le pays », concède-t-il.

Mais la chance lui sourit. « Il reste une place, que je réserve de suite. Ça me laisse moins de marge de manœuvre, moins de place à l’improvisation que j’apprécie. »

Après avoir dévoré la fougasse achetée la veille, il file vers la péninsule de Kaïkoura. Elle est connue et reconnue pour ses baleines croisant au large. « Je reste sur la terre cette fois. Je rejoins l’extrémité de la péninsule où il est censé y avoir une nouvelle colonie d’otaries. »

Sac de vingt kilogrammes sur le dos, « je n’ai pas voulu le laisser à l’auberge, mais j’aurais peut-être mieux fait. Porter ces 20 kg pour rien pendant 12 km n’est pas la meilleure idée de mon voyage. » Il a tout de même dissimulé son sac de victuailles dans un buisson non loin de l’arrêt de bus. « Pas un seul nuage, il fait chaud, heureusement qu’il y a un petit vent pour se rafraîchir », transpire Flavien. La géologie revêt une importance à ses yeux. « Je photographie des falaises et des rochers qui sont très classes. »

En tant que touriste, il admet que l’endroit fait très station balnéaire. « C’est compréhensible, avec plus de 2000 heures d’ensoleillement par an, c’est l’un des endroits les plus ensoleillés du pays. » Arrivé au cap, il observe les otaries de loin, les ayant déjà mises sur papier glacé de nombreuses fois. « Avec ce beau temps, la balade est agréable, comme la vue panoramique. » (Crédits : Kari Kittlaus/Pexels)


Mon premier est le Soleil. Mon second est un gourmand. Mon troisième est une randonnée. Mon tout est Flavien qui s’offre une glace gigantesque bien méritée. Le bus part à l’heure prévue. « Je prends place côté mer pour observer cette côte qui m’a tapé dans l’œil à l’aller. » Le chauffeur, très sympa, conduit mieux que celui de la veille, constate le baroudeur. À son arrivée à Picton, il est déposé devant l’entrée de l’auberge. Elle est très accueillante, dans son jus, et le propriétaire est une crème. L’ensemble pour 13 € la nuit, se réjouit Flavien. Les affaires posées et la douche prise : « Je cuisine ce qu’il me reste dans le fond du sac, c’est-à-dire des pâtes, du parmesan et un tube de sauce tomate. C’est agréable de cuisiner là, il n’y a pas grand monde et c’est très calme, ça change de précédentes auberges. » À suivre…

Romuald Pena

Journaliste et curieux de nature, j’aime les mots et ce qu’ils chantent aux oreilles qui les entendent. « La vérité, c’est qu’il n’y a pas de vérité », assurait Pablo Neruda. Ainsi j’apporte des faits, des faits, encore et toujours des faits, car : « Nous ne pouvons être condamnés à pire, à juger les autres, à être des juges. » (Le Testament d’Orphée, de Jean Cocteau)

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