Pérégrinations

Derniers instants au Chili (Épis. 45/46)

Ce matin, Flavien accuse le coup. La fatigue des cent derniers jours, l’accumulation des sentiments divers et variés, les kilomètres parcourus, les dénivelés emmagasinés… font que le moteur a du mal à s’enclencher. Mais il y a aussi le ressenti du continent sud-américain qui, de par sa population attachante, rend le départ de Flavien compliqué. Un jour à Valparaíso, le retour à Santiago du Chili pour récupérer ses affaires, puis la traversée de l’atlantique.

« Je prends le petit déjeuner à l’auberge, mais j’éprouve de la difficulté à démarrer. Je ne pars qu’à 10 h 30. De toute façon ici la vie citadine ne commence qu’à midi », souffle-t-il. Un programme de découverte s’impose tout de même. « Ce matin, ou plutôt cette fin de matinée je visite le quartier coloré de Bellavista ; au passage je parcours quelques marchés artisanaux à la recherche de cadeaux pour mon retour. »

Récupération des affaires chez Clémentine et Gonzalo

Ensuite, l’heure de midi oblige, il se restaure dans un parc culturel, très sympa ajoute-t-il. Après le repas, rien de tel que de faire une pause salvatrice. « J’en profite pour faire la sieste. La semaine, très chargée, sur l’île de Robinson Crusoé m’en a fait oublier l’existence. » Après être rentré à l’auberge pour consulter les horaires de bus, « je prends la ligne de Viña del Mar, la station balnéaire chilienne à seulement quelques kilomètres ».

Plage, sable, océan

« Le chauffeur conduit comme un malade, la porte ouverte, à la recherche de clients », s’effraie Flavien. Attiré par les musées comme un papillon par les lumières, il ne rate pas une occasion de parfaire sa culture. « Au vu du monde qui annonce se rendre au musée, le Francisco Fonck, semble valoir le coup », bien qu’hésitant. Toujours suivre son instinct dit le sage. « Je ne me suis pas trompé. Il évoque aussi bien l’histoire naturelle qu’archéologique du pays. Centré sur la civilisation de l’île de Pâques, on peut même y croiser un vrai Moaï à l’entrée. »

Ensuite, Flavien est à la recherche de sa désormais habituelle glace. « C’est blindé de monde », note-t-il en prenant la direction de quelques bâtiments historiques. Son escapade se termine, quelques heures plus tard en retournant sur Valparaíso. (Crédits : Stephanie Melgarejo/Pexels)

En quête d’un restaurant, un rabatteur convainc de rentrer dans le sien. « Je mange d’excellents raviolis au saumon, mais je m’arrête là, ce n’est pas forcément donné. » Avant de rentrer à l’auberge, il flâne dans la ville, de nuit cette fois. Demain c’est son dernier jour avant de passer l’entièreté de son temps dans les aéroports.

La fatigue se fait sentir

Comme la veille, et ce malgré un bon petit déjeuner, le décollage est de plus en plus dur. « Je ne sais pas trop quoi faire avant de prendre le bus pour Santiago. Nous sommes dimanche, le Muséum d’histoire naturelle est malheureusement fermé. » Par défaut, il opte pour le musée de l’armada chilienne. Affublé de ses affaires, après quelques dizaines de minutes de marche « je découvre le bâtiment très impressionnant avec une vue donnant directement sur le plus important port du pays. »

Il visite durant deux heures, mais serait volontiers resté plus longtemps « si je savais parfaitement lire l’espagnol ». Après avoir égrainé de nombreux musées, il touche du bout du doigt l’histoire chilienne.

À peine s’être extirpé du musée, qu’il associe le nom de capitaines de navire avec ceux des rues. Après avoir mangé ce qui est sûrement son ultime completo, sur le sol chilien, direction la gare routière. « Il y a plus de 3 km », comme si trois mille mètres pouvaient effrayer ce marcheur invétéré.

Quarante minutes à parcourir une dernière fois les rues de cette ville. Pour 4 500 pesos seulement, le voici dans le bus en route pour la capitale. « J’ai le temps de rattraper mon retard d’écriture sur mon journal de bord », réfléchit-il. (Crédits : Rodolfo Ditzel Lacoa/Wikipedia)

Hot-dog, chili, repas

À son plus grand étonnement, c’est la compagnie française Flixbus qui assure le transport jusqu’à Santiago. Le terminus est annoncé. « Les deux heures de trajet sont partagées entre rédaction et sommeil… Je ne suis pas déposé à la même gare routière que la dernière fois, mais je connais bien le métro désormais. »

Dernière soirée sur le continent

Comme le ferait un Chilien, à travers le métro, il se faufile, pour arriver à sa destination. À 16 h 45, il frappe à la porte de Clémentine et Gonzalo. « Ils m’accueillent, mais je ne tarde pas à repartir pour aller acheter des souvenirs pour la famille. » L’hospitalité qu’ils ont démontrée à l’égard de Flavien l’a touché. Faute d’avoir pu trouver une plante à leur offrir, il n’est pas botaniste pour rien, il les remercie chaleureusement. Ils visitent Cerro Santa Lucia. C’est l’un des parcs les plus courus de la capitale.

Avant l’arrivée des Espagnols au XVIe siècle, les Mapuches l’appelaient Huelén, un mot qui, dans le mapudungun, signifie « mélancolie ». Ce qui correspond parfaitement au sentiment dont l’aventurier du bout du monde semble être pris. Cette colline d’une hauteur de 69 mètres couvre 65 300 m2. À l’origine, elle était utilisée comme point de vue stratégique. De son sommet existe une vue panoramique du territoire.

Après avoir visité le fameux Cerro Santa Lucia, c’est le quartier très connu des fêtards et amoureux de la vie nocturne que découvre Flavien. Barrio Lastarria ou Bellas Artes se situe entre la place d’Italie et Santa Lucia « On se dirige vers le quartier Lastarria, celui des bars. Juste le temps de prendre un verre, Gonzalo a préparé des filets de porc et du riz pour le repas » (Crédits : Nereidas/Wikipedia)

« Ça y est, c’est ma dernière soirée en Amérique du Sud, demain à cette heure-là je serai au-dessus de l’Atlantique… La chaleur diminue et devient agréable. J’en profite, car la météo s’annonce bien différente à mon retour en France ! ». À suivre…

Romuald Pena

Journaliste et curieux de nature, j’aime les mots et ce qu’ils chantent aux oreilles qui les entendent. « La vérité, c’est qu’il n’y a pas de vérité », assurait Pablo Neruda. Ainsi j’apporte des faits, des faits, encore et toujours des faits, car : « Nous ne pouvons être condamnés à pire, à juger les autres, à être des juges. » (Le Testament d’Orphée, de Jean Cocteau)

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