
Qui dort le plus : le loir ou le chat ?
Deux espèces, deux écoles, deux courants. D’un côté, le chat, prince incontestable de la sieste, capable de s’assoupir entre deux croquettes comme d’autres entre deux respirations. De l’autre, le loir, petit rongeur, dont la devise pourrait être : « Dormir longtemps pour mieux vivre ». Mais alors, qui remporte la médaille du plus gros dormeur ? Penchons-nous sur ces deux champions, avec l’impartialité d’un juge olympique… et l’œil amusé d’une journaliste en manque cruel de café, pendant que bébé dort.
Ils sont des dormeurs invétérés. Ils dorment partout, tout le temps, et avec un art assumé de la sieste. Mais entre le chat, star des sofas, comme des lieux et positions insolites… Et le loir, hibernant professionnel affichant une expérience certaine : qui décrochera la palme du plus gros dormeur ? Derrière cette question légère semble se cacher un besoin plus profond : à quoi sert vraiment le sommeil, et pourquoi certains dorment… plus que d’autres ?
Le chat, le roi des siestes
Animal favori des Français, le chat passe en moyenne de treize à seize heures par jour à dormir. Chez les chatons et les vieux matous, ce chiffre touche des sommets, jusqu’à 20 heures. Mais attention : il ne s’agit pas d’un sommeil profond prolongé. Le chat alterne entre micro-siestes et sommeil léger, toujours prêt à bondir au moindre bruit. C’est un dormeur polyphasique, qui dort en plusieurs fois, souvent aux heures où ses humains sont actifs.

Enfin, pas partout. « Il n’est pas rare que mon chat bondisse sur mon ventre, puis descende, lorsque je dors. Ce, jusqu’à mon réveil. En cause : un manque de croquettes qu’il juge passablement critique et inacceptable. »
Cela représente, pour un félin en bonne santé, plus des deux tiers de son existence passés dans un demi-monde de silence et de chaleur : un rêve éveillé.
Mais pourquoi dort-il autant ? Parce que me semble une bonne réponse. C’est surtout que son organisme, de chasseur nocturne, est programmé pour conserver son énergie entre deux phases de prédation. La chasse se limite aujourd’hui à une boule de papier alu, une chaussette, une croquette hors de sa place habituelle. (Crédits : Francesco Ungaro/Pexels)
Ne vous y trompez pas. Lors des différentes phases, chaque muscle est et reste prêt à l’action. Ses oreilles captent le moindre bruissement, sa queue frémit à la plus discrète des vibrations. Son sommeil est un mélange d’instinct et d’adaptation à la vie domestique. Où cette dernière n’a fait qu’adoucir cette discipline en lui offrant coussins, plaids, linge sur une table à repasser et bras accueillants, à chaque instant où il en fait la demande.
Le loir est un marathonien du sommeil
Le loir discret, rongeur arboricole, vit dans les forêts d’Europe, parfois jusque dans nos greniers. Une expression lui est consacrée, c’est pour dire : « dormir comme un loir ». Et pour cause… Mais si le chat est champion du quotidien, le loir joue dans une autre catégorie, voire hors catégorie. Il hiberne jusqu’à sept mois par an, souvent de septembre à avril. Ce qui représente plus de 210 jours d’affilée.
Durant cette période, son métabolisme ralentit drastiquement : température corporelle, rythme cardiaque, respiration chutent, bref il hiberne. Il entre dans une forme de pause vitale pour survivre à l’hiver. Il dort, économisant chaque calorie pour y survivre.
Quand le Saint-Laurent, cher à Joe Dassin avec la chanson « Dans les yeux d’Émilie », revient à la vie. Donc, lorsque les beaux jours reviennent, le loir ne se transforme pas pour autant en hyperactif.
Il perdure dans son rythme de croisière. Il continue de beaucoup dormir — plus de 13 heures par jour en été — pour compenser son rythme de vie ralenti.
(Crédits : Julien31/Wikipedia)

Selon une étude de l’université de Zurich (2016), son cerveau montre une activité de récupération exceptionnelle pendant le sommeil post-hibernation, presque supérieure à celle observée chez l’homme après une privation de sommeil.
Dormir, c’est survivre
Qu’il s’agisse du chat ou du loir, le sommeil n’est pas un luxe : c’est une fonction vitale. Vital pour tous, même les êtres humains. Il permet la réparation cellulaire, la régulation hormonale, la consolidation de la mémoire et de l’apprentissage. Chez les animaux sauvages, il conditionne même la survie, en optimisant les ressources énergétiques.

Pendant que chat et loir vivent à leur rythme, près d’un tiers des Français dorment moins de 6 heures par nuit. Une privation chronique qui altère mémoire, humeur et santé cardiovasculaire. Devrions-nous réhabiliter la sieste, et pourquoi pas… l’hibernation ?
Mais entre ces deux énergumènes, quel est le verdict ?
En heures cumulées, le loir l’emporte haut la main grâce à son hibernation. Mais dans l’art du repos quotidien, le chat reste imbattable. La morale : que l’on soit félin ou rongeur, dormir n’est jamais du temps perdu.
Peut-être qu’en réapprenant à dormir comme un animal, nous finirions par vivre… un peu plus humainement. (Crédits : Kaboompics.com/Pexels)
Car ces deux champions nous rappellent que dormir est un besoin vital, pas un luxe. Et vous, de quel côté penchez-vous ? Dormeur par pointillisme ou au contraire marmotte assumée ? Dans un monde en perpétuelle agitation, peut-être avons-nous tout à gagner à réapprendre. Comme eux, prendre de la hauteur, pour un l’art de la sieste intelligente, prendre le temps de s’offrir du temps pour soi.
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