
Qui est le plus intelligent : le corbeau et la pie ?
Lorsqu’on évoque des oiseaux mal-aimés, plusieurs noms viennent en tête. Mais deux énergumènes volent la vedette aux autres. Il s’agit de la pie et du corbeau. Bruyants, omniprésents, chapardeurs ou de mauvais augure selon les cultures, les siècles et les croyances… Mais derrière ces préjugés se cachent deux espèces d’une intelligence redoutable. Décriés, ils se moquent bien de ce les autres pensent d’eux. Alors, entre la pie, cette voleuse d’objets brillants, et le corbeau, stratège silencieux, lequel est le plus intelligent ?
L’un marche dans le vent tel un prince vêtu de nuit. Son plumage n’est pas noir, il est noir corbeau. Au sein de son œil, une mémoire, un éclat de sagesse, une prophétie. Son vol, il l’effectue sans bruit, cueilleur de secrets, sculpteur d’outils, stratège des grands silences. La pie, est messagère des bois, elle rit bruyamment et vole les reflets argentés. Sous ses trilles vifs se cache un esprit joueur, un regard espiègle avec un sérieux brin d’arrogance. Dans son nid, des trésors que seuls les poètes et les pies savent voir.
Deux oiseaux, deux destins.
Le grand corbeau (Corvus corax) comme ses cousins corvidés à savoir le choucas, la corneille noire… est un oiseau cosmopolite, adaptatif, que l’on retrouve des campagnes aux villes, dans l’ensemble de l’hémisphère nord. C’est un animal sociable, capable de vivre en groupes complexes et hiérarchisés. Quant à la pie bavarde (Pica pica), reconnaissable à sa queue irisée et son cri ricanant, elle habite aussi bien les jardins que les forêts d’Europe.

Longtemps considérée comme nuisible, elle est pourtant l’un des oiseaux les plus fascinants du règne animal. La pie bavarde est nettement insectivore. Pour autant, au même degré que le grand corbeau, elle est nécrophage. Donc il est fréquent de voir ses oiseaux au sol sur nos routes, suite à la rencontre malheureuse avec de véhicules avec des hérissons, blaireaux, oiseaux…
Les deux énergumènes sont comme l’être humain : omnivore. Qui selon le dictionnaire de l’Académie française est définit telle que : « qui se nourrit d’aliments d’origine animale comme d’origine végétale. L’ours et le porc sont des espèces omnivores. » Mal vus, moqués, ces deux oiseaux ont pourtant conquis les chercheurs du monde entier dû aux outils usités pour se nourrir. (Crédits : Tom Swinnen/Pexels)
Définir l’intelligence animale est un défi, que seuls les êtres humains s’efforcent à quantifier. Ainsi ce n’est pas une question de QI, mais plus des capacités cognitives adaptatives. C’est-à-dire apprendre, résoudre un problème, se souvenir, communiquer, planifier… Les corvidés rivalisent donc avec les primates sur plusieurs de ces plans, sans aucune exagération. D’autant que les corbeaux vivent généralement de 10 à 15 ans, quand les exceptions poussent au bel âge de 40 printemps.
De la stratégie à la conscience de soi
Des études menées notamment en Nouvelle-Zélande sur le corbeau calédonien montrent leur capacité et connaissance à utiliser plusieurs outils pour atteindre une récompense. En laboratoire, d’autres espèces de corbeaux ont reconnu des visages humains, anticipé de futures actions. Une étude parue dans Science en 2020 révèle que les corbeaux ne sont pas seulement intelligents, ils possèdent une conscience.
Similitude avec l’être humain ? « Les derniers ancêtres communs des humains et des corbeaux vivaient il y a 320 millions d’années », répond Andreas Nieder.
Mais la pie n’est pas en reste. Elle est le premier oiseau connu et l’un des rares animaux — huit au total — à réussir le test du miroir. Elle est également douée pour collecter des objets, comme illustré dans les aventures de Tintin d’Hergé : « Les bijoux de la Castafiore ». Elle mémorise l’emplacement de caches alimentaires, communique par un éventail de sons très nuancé. Son cerveau, bien que petit, est particulièrement dense et efficient.
La vérité, c’est qu’il n’y a pas de grand gagnant ici. Ces deux oiseaux partagent une intelligence environnementale et sociale, mais différente. (Crédits : Kabomani-Tapir/Pixabay)

Le grand corbeau excelle dans la stratégie, la manipulation d’objets, la mémoire complexe. La pie bavarde quant à elle se distingue par sa conscience de soi, son comportement ludique et sa communication sociale. La pie et le corbeau bousculent nos préjugés, idées préconçues sur les capacités du vivant. Longtemps cantonnés aux rôles d’oiseaux de malheur, ils nous rappellent qu’intelligence et beauté ne sont pas toujours l’apanage de l’être humain. Il serait grand temps de les regarder, non comme des nuisibles, mais comme des compagnons de l’ordinaire qui nous observent peut-être bien plus que nous ne les comprenons.
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