La naissance de l’Académie française
Il y a près de quatre siècles que le cardinal de Richelieu signe les fondements de l’Académie française. Du haut Moyen Âge au début du XVIIe siècle le langage français prend ses lettres de noblesse. Il passe d’un état vulgaire à l’égalité en termes de dignité face au latin. L’évolution de la société admet les femmes à siéger au sein de l’institution. La première d’entre elles est Marguerite Yourcenar, en 1980. La première tentative est issue de Jean le Rond d’Alembert qui en 1760 propose la candidature de Julie de Lespinasse.
En 1629, neuf personnalités décident de se rencontrer, une fois par semaine, chez l’une d’elles, Valentin Conrart. Le groupe littéraire, dit « cercle conrart » se rassemble au 135 de la rue Saint-Martin. Son domicile parisien s’impose, car il est le plus facile d’accès. La rue fait désormais face au Centre Pompidou. La première assemblée ayant fait l’objet d’un compte rendu signé par Conrart date du 13 mars 1634. Le nom usuel « Académie française » est adopté huit jours plus tard. Les membres se dénomment « académistes », puis « académiciens » dès le 12 février 1635.
L’Académie française : un projet de Richelieu
Quinze jours auparavant, le 29 janvier 1635, le cardinal Richelieu, ministre de Louis XIII, décide de donner un cadre officiel à ce cercle d’érudits : l’Académie française est née. Cette naissance est jalonnée d’étapes. La première se trouve être les serments de Strasbourg en 842. La seconde rédigée par François 1er en 1539, est l’ordonnance de Villers-Cotterêts. Né François d’Angoulême, il fait du français la langue administrative et judiciaire commune à l’ensemble du royaume. Le français remplace le latin.

Richelieu est conscient de l’importance de la langue dans le rayonnement du royaume. Il officialise ces rencontres par un arrêt du Conseil et leur attribue un statut unique. L’Académie française, composée de 40 membres appelés les « Immortels » est née. Elle en compte depuis sa création 742. Sur les 36 sièges occupés, six sont occupés par des femmes (onze au total). Le fauteuil 3 est déclaré vacant depuis le 23 janvier 2025. La vacance n’est pas encore déclarée pour les 11, 14 et 22.
Les missions de l’Académie : garantir l’unité et l’élégance du français. Au XVIIe siècle, la langue française est en pleine expansion en Europe. Richelieu saisit l’importance diplomatique et littéraire du français. Il peut devenir une langue diplomatique, à condition qu’elle soit rigoureusement codifiée. L’Académie devient un instrument stratégique de pouvoir « doux ». Cela renforce l’influence culturelle et politique de la France sur le continent européen. (Crédits : Glotz/Wikipedia)
Dès ses origines, l’Académie française s’est vu confier plusieurs tâches essentielles. L’une d’entre elles, la rédaction d’un dictionnaire destiné à fixer et enrichir la langue vivante. Le premier « Dictionnaire de l’Académie française » paraît en 1694, marquant un tournant dans la normalisation du français. Aujourd’hui encore, l’Académie ne cesse de publier des éditions actualisées, reflétant l’évolution naturelle de la langue tout en préservant ses bases.
Une évolution qui traverse les âges
Depuis sa fondation, l’Académie française traverse monarchies, révolutions et républiques, en adaptant ses pratiques aux besoins de chaque époque. De nouvelles questions se posent aujourd’hui, notamment sur l’intégration de mots issus d’autres cultures ou de l’univers numérique. Mais, sa vocation reste inchangée : veiller sur la langue française tout en respectant son dynamisme et sa diversité. Le premier dictionnaire débute son écriture en 1638, il est achevé en 1694. La neuvième édition est achevée. Elle se compose de quatre tomes. Le premier de A à Enzyme (1992), de Éocène à Mappemonde (12/2000), de Maquereau à Quotité (11/2011), enfin de R à Z + addenda des tomes 1 à 3 (11/2024).
Lors de sa dernière parution, elle heurte la sensibilité de certains. Un collectif de linguistes s’insurge à travers dix points.
Dans une tribune publiée dans Libération, le collectif des Linguistes atterré relève qu’il manque des mots devenus courants tels que « coronavirus », « daron » ou « féminicide ». De plus il détermine « plus que contestables », la définition « d’hétérosexuel », qui est, selon l’Académie française, « relatif à la sexualité naturelle entre personnes de sexe différent ».
Or la sexualité a pour vocation naturelle la perpétuité de l’espèce humaine, comme de toute autre espèce animale. L’être humain est un mammifère doté d’une certaine intelligence.
(Crédits : sauvageauch0/Pixabay)

L’Académie française, à travers ses traditions et son engagement, illustre le lien profond entre langue, culture et identité nationale. Plus qu’un simple organisme, elle est un symbole vivant de la richesse de la langue française. La prochaine fois que vous utilisez un mot ou une expression française, vous penserez à cet héritage qui continue de façonner notre manière de penser et de communiquer.