dimanche, mars 17, 2024
What the hell !

Et s’ils avaient raison ?

Une question que tout un chacun peut poser sur de nombreux sujets. Le « Convoi de la Liberté » est un mouvement à l’origine contre l’obligation vaccinale anti-Covid-19 pour entrer par voie terrestre au Canada, introduite le 15 janvier 2022 par le gouvernement canadien, à travers Justin Trudeau. Puis repris en France contre l’obligation du passe vaccinal, sous-entendu l’obligation vaccinale déguisée afin d’accéder aux restaurants, salles de spectacle, bars, ou tout autre loisir. Avaient-ils raison de manifester ?

En premier lieu, quelle est la définition du droit à manifester ? C’est le droit d’organiser une réunion dans un lieu public ou sur la voie publique pour exprimer une conviction collective. Elle peut être fixe ou emprunter un itinéraire sous la forme d’un cortège. Les organisateurs peuvent-être des syndicats défendant la cause des travailleurs, une minorité pour la reconnaissance et la défense de ses droits, ou encore en soutien à une cause générale. Là où le bat blesse, est qu’il faut effectuer le distinguo entre un attroupement et la manifestation.

Sont soumis à l’obligation d’une déclaration préalable tous cortèges, défilés et rassemblements de personnes, et, d’une façon générale, toutes manifestations sur la voie publique.

Article L211-1. Création Ordonnance n°2012-351 du 12 mars 2012

Depuis le décret-loi du 23 octobre 1935, publié le lendemain au journal officiel, sous la troisième république et le président Albert Lebrun, le droit de manifester est subordonné à une déclaration préalable. « Les réunions sur la voie publique sont et demeurent interdites dans les conditions prévues par la loi du 30 juin 1881, article 6 », stipulait le décret-loi. Il a été abrogé par l’ordonnance n° 2012-351 du 12 mars 2012, mais car il y a un « mais », ses dispositions ont été reprises dans le Code de la sécurité intérieure.

« Au Quartier latin, ce fut la journée la plus longue… » commence le journaliste, relatant la grève de mai 1968. Après Rome, Berlin-Ouest ou encore Varsovie, l’agitation étudiante s’est manifesté à Paris poursuivait-il, avant de toucher tout le pays, car « il est interdit d’interdire » revendiquait le slogan. (Crédits : capture d’écran/INA)

Cette loi est adoptée sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Le trouble à l’ordre public se définit (article 431-3 du Code pénal) par ce qui « constitue un attroupement tout rassemblement de personnes sur la voie publique ou dans un lieu public susceptible de troubler l’ordre public. » Autrement dit, toute manifestation non autorisée ou déclarée semble être considérée en tant qu’attroupement, donc un trouble à l’ordre public. Parallèlement, l’article 431-1 du Code pénal punit le fait d’entraver le droit de manifester de 1 an d’emprisonnement et 15 000 € d’amende. La peine peut même s’élever à 3 ans d’emprisonnement et 45 000 € d’amende en cas de violence, voie de fait, coups…

Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.

La fontaine. Les animaux malades de la peste

Donc tout est une question d’interprétation, soit vous autorisez la manifestation, soit vous la prohibez. Pour la première, il n’y a pas de répression du mouvement possible. Tandis que si vous êtes contre le fait d’avoir des bonbons de plusieurs couleurs, car votre préférence va à l’orange, vous l’interdisez, elle devient attroupement. Les trois dates qui font écho en France, sont la Révolution française de 1789, les grèves de mai-juin 1936 et celle de mai 1968. Les deux dernières n’ont fait l’objet d’aucune déclaration d’intention de grève, qui est désormais obligatoire. Mais pourquoi des personnes en France, comme dans d’autres pays, manifestent contre le « passe vaccinal » ?

Le passe vaccinal

Nombreux en France, se sont fait injecter plusieurs doses de « vaccin », pour recouvrer une certaine souveraineté de mouvements de faits et de lieux. « Si j’ai fait tout mon parcours vaccinal, ce n’est pas parce que j’avais peur du virus, c’est tout simplement que je voulais retrouver toutes mes libertés », déclarait Laurent Ruquier dans l’émission On est en direct, sur France 2. Puis, nous apprenions que le passe sanitaire mutait en passe vaccinal, car le ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran sur Brut, expliquait que : « Le passe vaccinal est une façon d’arriver à l’obligation vaccinale, mais moi, je pense que c’est plus efficace que de mettre une amende ». Il indique que ledit passe vaccinal a eu l’effet escompté de protéger les personnes contre le virus. Or, selon les statistiques de la DREES, 0 % des moins de soixante ans sont décédés du variant Omicron. Sur la tranche 60-80 ans, 0,5 % de vaccinés et 0,8 % de non vaccinés sont décédés.

Sur la levée du masque, comme du passe vaccinal, le ministre répond à la question d’Amélie Carrouër : « […] je dis vers la mi-mars ça veut dire que ça peut-être peut-être une semaine plus tôt ça peut être quelques jours plus tard cela dépendra uniquement de notre capacité à faire fonctionner normalement les hôpitaux […] ». (Crédits : capture d’écran/RTL)

Les défunts de plus de quatre-vingts ans étaient pour 5 % non vaccinés contre 2,4 % pour les autres. « Le passe vaccinal est quelque chose qui discrimine les gens, qui jette l’opprobre sur une catégorie de la population qui n’a pas du tout engorgé les hôpitaux […] c’est la crise de l’hôpital public qui a créé, malheureusement, ce système depuis des années », précisait le Dr Gérald Kierzek.

Pour ou contre

L’OMS est contre. « Les États parties sont vivement encouragés à reconnaître que l’exigence d’une preuve de vaccination peut aggraver les inégalités et favoriser une liberté de circulation différenciée », affirmaient les membres du comité. Le hasard fait que le jour où le comité d’urgence de l’OMS indiquait ne pas être favorable à un passeport vaccinal, cela coïncide avec le jour où le gouvernement français présentait TousAntiCovid-Carnet. Lors de l’émission du Grand Jury sur RTL, Olivier Véran martèle que « si la situation dans six mois, dans un an, dans cinq ans, dans dix ans que sais-je devait justifier qu’à nouveau nous vérifions que les Français ne prennent pas de risque élevé de se contaminer dans un bar ou dans un restaurant […] »

Le nombre de participants est l’instrument de discorde lors des manifestations. Comme celui du taux de vaccination en France, mais tout est accessible. (Crédits : capture d’écran)

Si un tel procédé est mis en vigueur et pérenne, serait-il le parent pauvre du crédit social chinois, créant ainsi un peuple docile et enclin aux délations, dans un climat et un État policier ? Ou tout simplement, le moyen de trouver un bouc émissaire aux échecs de toute situation, assurant auxdits gouvernants, quelque pays que ce soit, une immunité, car en toute bonne foi, ce n’est pas de leur faute. Alors, « avaient-ils raison de manifester ? » C’est une excellente question, sur laquelle vous êtes seul juge, en votre âme et conscience sur la réponse que vous y apporterez. Cela dit tout est entendable, discutable et différent selon tout un chacun, vos priorités de vie, et surtout votre définition du mot « Liberté ».

Romuald Pena

Journaliste et curieux de nature, j’aime les mots et ce qu’ils chantent aux oreilles qui les entendent. « La vérité, c’est qu’il n’y a pas de vérité », assurait Pablo Neruda. Ainsi j’apporte des faits, des faits, encore et toujours des faits, car : « Nous ne pouvons être condamnés à pire, à juger les autres, à être des juges. » (Le Testament d’Orphée, de Jean Cocteau)

2 réflexions sur “Et s’ils avaient raison ?

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