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Des Malouines à Rio Gallegos : Bienvenido a Patagonia ! (épis. 12)

Un nouveau chapitre de l’aventure de Flavien s’écrit ce samedi 16 décembre 2023. C’est aussi un changement de langue, de l’anglais à l’espagnol auquel il va se confronter. Il laisse Kay et les Malouines pour celle que l’on surnomme « Le Grand Sud » : la Patagonie. Un nouveau lieu, de nouvelles fleurs, des rencontres du bout du monde. Flavien vit de nouvelles aventures pittoresques, comme à son habitude. Dans un triangle merveilleux composé des îles Falklands, du Chili et de l’Argentine.

Après avoir fait son sac et rangé la cabane, il règle ses frais d’hébergement. « 8 £ par nuit avec douche comprises, je m’en sors très bien… », claque-t-il. Changement de pays, il se défausse de sa monnaie, et lui laisse aussi sa carte SIM et le numéro associé d’une valeur de 30 £. « À 9 h le transporteur vient nous chercher. Je dis nous, car l’étudiante en médecine que Kay hébergeait prend le même avion que moi. »

Pas d’adieu aux Malouines, juste un au revoir

Après une heure de route, le convoi arrive « nous voilà sur la base militaire » souffle le voyageur. Le vol est à 14 h 57 précises. Il attend de nombreuses heures dans un minuscule terminal. « Le vol dessert Rio Gallegos, Punta Arenas et Santiago. Tout le monde parle espagnol, va falloir que je m’y habitue. » Les deux dernières villes sont desservies une fois par semaine, et mensuellement pour Rio Gallegos.

Il est tant de dire au revoir à cet archipel et ses paysages si singuliers. « Je n’ai pas l’impression de faire mes adieux, j’ai l’intuition que je reviendrais ici. »

Au départ, « la météo me permet d’observer les Malouines depuis le ciel, une nouvelle fois », raconte Flavien avec une pointe de nostalgie. Le vol se déroule sans encombre. Juste avant l’atterrissage « j’ai l’occasion de deviner le détroit de Magellan depuis mon hublot. Ça y est je vois l’Amérique du Sud pour la première fois… »

Il est le seul étranger à débarquer. Ce qui implique que la douane ne le loupe pas. « J’ai le droit à un interrogatoire de quelques dizaines de minutes. Ici personne ne parle anglais, heureusement que les traducteurs existent… »

Une fois sorti de l’aéroport, première surprise. « Pas de taxis ou de bus pour rallier la ville à quelques kilomètres de là. » Il prend une rasade de courage et c’est parti. « Me voilà à marcher sur le bord des routes argentines avec mes 2 sacs à dos représentant 25 kg. Je ne peux pas longer la rocade alors je passe par des pistes qui traversent des cités qui n’inspirent pas confiance. » (Crédits : Flavien Saboureau)


Un premier contact digne de séries à suspens avec l’Argentine. « Les maisons construites de bric et de broc sont barricadées telles des prisons. Les chiens omniprésents, les voitures en très mauvais états roulent au pas. »

Premiers pas à Rio Gallegos

L’ambiance d’un thriller n’inspire pas la sécurité, ne rassure pas Flavien. « Je ne m’arrête pas. Je presse le pas et cache mon appareil photo. » La réalité abrupte saute à l’innocence de son visage. Les bords de piste sont des décharges. « Quelle scène de désolation ! Je suis direct mis dans le bain d’un pays que je ne croyais pas si pauvre. »

Après plus d’une heure sous 15 °C, il entre dans Rio Gallegos. « Les peintures en faveur du nouvel extrémiste arrivé au pouvoir sont partout. » Le dessin des Malouines est présent à chaque endroit. « Je connaissais la ferveur des Argentins, mais pas à ce point », s’étonne-t-il.

Un arrêt à la gare routière pour réserver le billet de bus en direction d’Ushuaïa. Puis à nouveau plusieurs hectomètres de marche. « J’arrive à une auberge de jeunesse que j’avais repérée sur internet en patientant ce matin ». Habitué à régler ses dépenses en carte bancaire aux Malouines, ici « je ne peux pas payer par carte ».

Après avoir laissé son sac, il marche dans Rio Gallegos à la recherche de bureaux de changes. Tous sont fermés. « Les distributeurs de billets ne délivrent aucun peso malgré l’essai avec mes deux cartes, ce qui peut devenir très problématique… ».

(Crédits : Flavien Saboureau)


Il rentre à l’auberge de jeunesse, et paye le gérant par PayPal. « Heureusement, il parle anglais. » Je partage la chambre numéro 5 avec Pierre, un Français ! « Incroyable, à peine arrivé que je rencontre un Manceau arrivé en Argentine il y a 40 jours. Comme moi il est là avec son sac à dos, mais lui sait parler espagnol… » Demain il part pour Ushuaïa. On s’échange nos Whatsapp, « peut-être que l’on réussira à se capter là-bas. »

De Rio Gallegos à Ushuaïa

De son côté Flavien, possède une mission particulière. « Demain je dois louer une voiture pour aller chercher une plante. Un chercheur de Grenoble en a besoin pour des analyses génétiques. » Demain c’est dimanche, lundi est férié… Alors ce sera tourisme, en attendant « place à ma première nuit sur le continent américain. » Départ à 8 h de Rio Gallegos direction Ushuaïa. « Une ville qui me fait rêver depuis tout petit. »

Pour 29 € un voyage de douze heures en bus est proposé. « Je me demande pourquoi. Les deux villes sont à seulement 370 km à vol d’oiseau. » La réponse arrive au premier contrôle douanier : « de 30 à 60 min pour que tout le bus passe à chaque douane. » Avec deux traversées de frontière entre l’Argentino-Chilienne, « il faudra se farcir quatre postes de douanes. »

Mais un bonheur est toujours proche. Après une heure, je comprends qu’un Français est assis à côté de moi. Je commence à saisir qu’ils sont partout en Patagonie. Pas moins de neuf francophones sont présents dans le bus : des Belges, des Suisses.

Le moment le plus exceptionnel de ce voyage est la traversée du canal de Magellan avec un bac. « Le rêve ». Autorisé à sortir du bus avant et pendant la traversée, Flavien se positionne à la proue. « J’ai déjà entendu dire que l’on pouvait voir les fameux dauphins de Commerson dans ce canal ».

(Crédits : Flavien Saboureau)

Cinq minutes suffisent à exaucer son vœu. « Incroyable, à croire que je les aie commandés. » À Rio Grande les bas côtés sont pleins de Calceolaria uniflora, mais impossibles de s’arrêter. Après une journée de steppes venteuses apparaissent les premières forêts magellaniques à Lenga (Nothofagus betuloides). Vers 20 h 30, j’aperçois le canal de Beagle, avant Ushuaïa et ses montagnes enneigées. « Je fais au plus court et m’installe à l’auberge de jeunesse El Refugio. » Nous cherchons avec le Français du trajet un resto pas trop cher. Direction le Krund, une brasserie très branchée, où Flavien retrouve les Belges autour d’une bière. À suivre…

Romuald Pena

Journaliste et curieux de nature, j’aime les mots et ce qu’ils chantent aux oreilles qui les entendent. « La vérité, c’est qu’il n’y a pas de vérité », assurait Pablo Neruda. Ainsi j’apporte des faits, des faits, encore et toujours des faits, car : « Nous ne pouvons être condamnés à pire, à juger les autres, à être des juges. » (Le Testament d’Orphée, de Jean Cocteau)

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