Pérégrinations

Qui est Flavien Saboureau, l’aventurier naturaliste ?

Il passe d’une île à une autre comme d’un continent à un autre… Flavien a parcouru plus de distance et vu de paysage que sa maman, Jocelyne. Le tout avant ses 27 printemps, qu’il a célébrés le 25 février 2025. Autant dire que des images extraordinaires composent ses rêves, quand Morphée l’enveloppe de ses bras. Le dernier voyage, dont l’histoire suivra prochainement est sans aucun doute celui qui a le plus marqué. Car partir en Nouvelle-Zélande, c’est comme un déchirement, l’abandon involontaire de certaines personnes, mais c’est une expérience qui apprend la valeur et la rareté de ceux qui nous entourent.

Parcours initiatique d’un long fleuve pas tout à fait tranquille. De son enfance à son adolescence, sa passion le mène à emprunter les chemins et sentiers de la vie extraordinaire de la faune et flore des lieux visités. Mais à force de prendre en photo toutes les plus belles plantes, les plus beaux animaux terrestres et marins, il oublie pudiquement de croquer son portrait. Car se découvrir est une mise à nue, dans le plus simple appareil, sans avoir pour se cacher, son reflex.

Le naturaliste lavaussien

À la question, la plus basique « Peux-tu te présenter ? », Flavien, rétorque avec humilité que « depuis quelques années, suite à un hivernage d’un an et demi sur l’île Amsterdam, je me passionne pour les voyages qui mêlent aventures et sciences naturelles ». Il faut dire que comme Obélix, il est tombé dedans. Dans sa maison familiale, la nature y est omniprésente. Un cerisier, des pommiers, des ronciers pour croquer des mûres l’été… mais il y a aussi sa mare. Elle occupe des moments, qu’il ne passe pas avec ses potes durant son adolescence. Elle est située non loin de sa cabane, et est vêtue de ses plus beaux atours.

Flavien, Londres, jardin

Passionné par les plantes depuis tout petit, il apprécie désormais observer toutes les formes de vies. Mais avant tout, « le partage, post voyage, de ces aventures en solo avec mon sac à dos me sont apparues tout naturellement ». Lorsque vous discutez avec un amoureux de la nature, il y a forcément un sujet primordial : le réchauffement climatique. « Je ne me vois pas émettre autant de CO2 sans une contrepartie scientifique et humaine », explique Flavien.

« Qu’est-ce qui t’amène à devenir botaniste naturaliste ? »

S’il est intarissable pour vous compter monts et merveilles sur la très rare Moehringie d’Argentera, pour parler de lui… c’est autre chose. « Ça, c’est une question à laquelle il m’est difficile de répondre, martèle-t-il. C’est un devenir qui semblait tout tracé depuis mon enfance, je ne fais que suivre vers quoi la passion m’accompagne naturellement. »

Mais un autre plaisir est né tardivement, l’écriture. « Le plaisir d’écrire est apparu plus récemment lui, il y a quelques années. Moi qui détestais la rédaction à l’école, le français ayant toujours été la matière qui me rebutait. » Comme quoi, toute chose évolue…

(Crédits : Londres 2016/Flavien Saboureau)

Mais aussi, ce que pourrait confirmer sa maman, un sens de l’orientation totalement absent, et un besoin d’être rassurer quant aux divers chemins empruntés, lorsqu’il est enfant. « J’avais tout le temps peur de me perdre quand j’étais petit, désormais c’est ce que je recherche. Il en est de même avec le français, je passe d’un extrême à l’autre. Désormais je déteste trouver des fautes dans mes récits », appuie l’amoureux de la langue de Molière.

Une passion dévorante

Au même degré que toute personne animée d’une passion, il n’est facile de savoir quand tout a commencé. « Difficile de connaître l’origine précise de cette passion, comme de nombreuses passions d’ailleurs. Elle est sûrement apparue dans l’enfance », se questionne Flavien. L’appel de l’extérieur, le contact de la nature, l’école buissonnière en quelque sorte.

Car, si l’école est un passage obligé pour tout un chacun, la réussite y est fluctuante. Pour Flavien, les bancs de l’école ne sont pas sa tasse de thé. Puis, lorsqu’enfin, comme chaque enfant, la société lui en laisse le temps, il trouve enfin sa voie. « Quand je me suis rendu compte que je réussissais et que ça me plaisait… j’ai foncé tête baissée, mais sans m’en rendre compte. »

« Après l’Amérique du Sud et ton retour en mars 2024, as-tu exploré d’autres lieux, à la recherche de la fleur parfaite ? »

« Difficile de tenir en place après de si longs voyages. Je n’ai pas pu m’empêcher de barouder dans plusieurs massifs français : le Jura, la Chartreuse, les Écrins, le Queyras, le Mercantour, les Pyrénées, mais aussi en Espagne, dans la Sierra Nevada à la recherche d’espèces qui me font de l’œil depuis de nombreuses années. »

Il a pu observer, pour ne citer qu’elle, la très rare Moehringie d’Argentera (Moehringia argenteria) dans le Mercantour. Sans oublier la magnifique Chouette de Tengmalm (Aegolius funereus) dans le Jura.

Mais de tels voyages possèdent néanmoins des inconvénients, et surtout un soupire l’aventurier. « La différence de ces voyages lointains, c’est qu’ici je partage ces excursions avec des amis. La solitude, ça va un moment ! » Un message qui ne tombera sûrement pas dans l’oreille d’une sourde.

« Quelles sont tes motivations à parcourir le monde pour observer l’ensemble de la flore ? »

« L’excitation de la découverte », répond-il. Personne ne peut partir à l’aventure sans rigueur. « Mes voyages étant un minimum préparé je sais à quoi m’attendre ; mais aucun voyage n’y déroge, je me fais surprendre à chaque fois par des espèces que je n’imaginais pas voir. » (Crédits : Moehringia argenteria/Flavien Saboureau)

Flore, rareté, Moehringie d’Argentera

« Aussi, j’ai l’impression de faire ce qui, petit et adolescent, me faisait rêver dans les documentaires que je regardais, quand je n’étais pas dehors. Sans oublier le plaisir de l’aventure… je ne sais pas lequel est un prétexte pour l’autre », sourit Flavien qui a choisi, jusqu’à présent, de « vivre ses rêves et non rêver sa vie ».

Vers l’infini et… la Nouvelle-Zélande

Quand les « fourmis » gagnent vos jambes, c’est que vous êtes resté trop longtemps assis dirait un sage. Flavien, habité par sa passion, rêve d’un autre lieu, celui que tous nomment « le paradis des naturalistes » : La Nouvelle-Zélande. Enfin, plus précisément les îles subantarctiques de Nouvelle-Zélande, à savoir les îles des Antipodes, îles Auckland, îles Bounty, îles Campbell et les îles Snares…

Flavien, Amsterdam, hivernage

« As-tu un projet semblable à celui effectué en Amérique du Sud ? Si oui, quand et pourquoi ? »

« Oui, j’aimerais rallier les îles subantarctiques, au sud de la Nouvelle-Zélande, le dernier grand groupe d’îles subantarctiques où je n’ai pas encore posé le pied et mon appareil photo », explique-t-il.

Les paysages, comme les lieux et ses habitants sont uniques. « Bio et géographiquement, elles n’ont pas grand-chose à voir avec celles que j’ai déjà visitées, et la surprise s’annonce alors encore plus grande. » C’est aussi l’occasion de passer du temps en Nouvelle-Zélande, le paradis du naturaliste.

Sauf « qu’il n’a pas été simple de trouver le moyen d’y aller et cela va me coûter cher, mais je pars début décembre (2024) ! »

Les objectifs sont quelque peu similaires au précédent voyage : relever le maximum d’espèces et les photographier sous toutes les coutures… pour participer au recensement du vivant et nourrir des projets encore en genèse. « Sans oublier de me créer des souvenirs inoubliables avec des aventures qui sortent des sentiers battus, plus ça va plus cela m’oppresse de trouver foule en pleine nature. »

« As-tu pour projet de publier un livre ? »

« Je suis déjà engagé dans la production et la publication de deux livres. L’un sur la flore des Terres Australes Françaises et l’autre sur l’île Amsterdam. Je veux déjà terminer ces deux beaux projets en 2025 avant de m’aventurer vers un nouveau travail. »

« Mais oui, pour répondre à ta question. J’ai l’idée d’un livre. Un ouvrage dédié à la biodiversité des îles subantarctiques. Ça me traverse l’esprit depuis mes premiers pas sur ces îles méconnues. » (Crédits : Île Amsterdam-2022/M. Reveillas)

Cependant, pour parvenir à tel ouvrage, qui serait inédit, mais qui demanderait des années de travail, « il me faut me rendre sur une grande partie de ces îles pour pouvoir être légitime à la réalisation de ce genre de travaux ». Sauf que l’expérience de vie accumulée par Flavien, laisse des traces. Des rencontres sont parfois détonantes dans la vie d’un jeune homme, même pour quelqu’un comme Flavien habitué aux voyages : ce genre de rencontre qui bouleverse l’ordre établi. À suivre…

Romuald Pena

Journaliste et curieux de nature, j’aime les mots et ce qu’ils chantent aux oreilles qui les entendent. « La vérité, c’est qu’il n’y a pas de vérité », assurait Pablo Neruda. Ainsi j’apporte des faits, des faits, encore et toujours des faits, car : « Nous ne pouvons être condamnés à pire, à juger les autres, à être des juges. » (Le Testament d’Orphée, de Jean Cocteau)

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