Une montre connectée condamne un homme pour agression sexuelle
Alors que le chiffrement est dans tous les articles, la technologie d’une montre connectée (IoT) fait pencher la balance de la justice helvétique. Une soirée arrosée après le repas de Noël en 2023, une femme ivre est installée dans un véhicule conduit par un chauffeur Uber. La course doit amener cette personne en toute sécurité jusqu’à son domicile. Endormie, elle aurait été abusée sexuellement. Dans ces affaires, les preuves sont difficiles à obtenir. Une parole contre l’autre, un délit dit « à quatre yeux ».
C’est au cours d’une soirée d’entreprise qu’une femme alcoolisée est placée dans un véhicule avec un chauffeur Uber. Elle doit être emmenée à son domicile en toute sécurité. Le chauffeur, un père de famille de 52 ans est condamné à 18 mois avec sursis, une expulsion du territoire helvétique de cinq ans, et, en réparation du tort moral, 8000 francs suisses sur les 10 000 demandés.
Reconnue victime grâce à sa montre connectée
Au cours des derniers mois, trois chauffeurs Uber ont comparu devant les tribunaux de district du canton de Zurich pour agression sexuelle sur des passagères, relate la Neue Zürcher Zeitung (NZZ). En cas d’agression, qui plus est sexuelle, c’est la parole de la victime, contre celle de l’agresseur présumé, sans témoins directs.

En décembre 2023, un repas de Noël est fếté au club Zukunft dans le quartier de Langstrassen. Il est le quartier le plus coloré et varié de Zürich. Au cours des années 70, il était le lieu de la prostitution et de la drogue. Mais depuis le projet « Langstrasse PLUS » de 2001 à 2011, le quartier change de visage.
En journée, il est le lieu pour savourer plats et spécialités internationales, et faire du shopping. La nuit c’est le lieu branché par excellence, un bar après l’autre, un club suivant l’autre.
Après le repas de Noël, elle fait la fête au club Zukunft dans le quartier de Langstrassen. Puis, alcoolisée, la victime est placée par sa patronne au sein du Uber. Ivre, elle s’endort.
La joute entre défense et accusation débute.
Selon les données enregistrées de la course, le véhicule est arrivé à 3 h 5. Puis une autre course est prise par le chauffeur à 4 h 5. Le chauffeur témoigne que les actes sexuels auraient duré une heure, mais refusant d’avoir des rapports avec la cliente, elle serait partie furieuse de la voiture.
La femme quant à elle offre une autre version. La « NZZ » relate qu’elle n’a aucun souvenir dudit trajet. Ce qui la réveille est la sensation d’une langue en elle. Elle réalise qu’un homme est allongé au-dessus d’elle. Son soutien-gorge et son pantalon ouverts, elle quitte la voiture avec vivacité.
C’est à cet instant que l’IoT entre en jeu. Sa montre possède un cardiofréquencemètre. Le tribunal accorde à l’enregistrement de son pouls une preuve à charge. Le trajet débute à 2 h 41, le pouls baisse jusqu’à 87 pulsations par minute. Il reste dans cette zone, une demi-heure après l’arrivée Puis à 3 h 35, le pouls accélère à plus de 100 pulsations par minute. (Crédits : Anna Shvets/Pexels)
Le président du tribunal justifie la condamnation par le fait qu’il est difficile d’imaginer que la femme se soit satisfaite sexuellement pendant environ une heure, sans intervention du conducteur. Le pouls aurait dû augmenter dès l’arrivée, ce qui contredit la version de l’accusé. Ainsi, le tribunal de district de Dielsdorf condamne l’homme et père de 52 ans à une peine de prison de 18 mois avec sursis, à une expulsion de cinq ans et 8 000 francs suisses de réparation.