Au pied du Fitz Roy (Épis. 30/46)
En ce dernier jour de janvier, le duo se rend en direction du Fitz Roy. Connu sous le nom de cerro Chaltén, il se pose à une encablure du cerro Torre, il culmine à 3 405 mètres. Situé en Patagonie, il est à la frontière de deux pays, l’Argentine et le Chili, la province de l’ultime espoir l’accueille (Última Esperanza). C’est aussi le plus connu, alors le plus touristique. Donc, en cas de beau temps, il est comme le premier jour des soldes, totalement pris d’assaut.
Le petit déjeuner englouti, il est nécessaire de prévoir le repas de midi, surtout en plein trek. Vous ne vous restaurez pas comme à la maison, ou presque. « Ce matin, après avoir acheté du fromage, du pain et du saucisson, nous partons en direction du Fitz Roy », commente Flavien.
Le Fitz Roy par beau temps
Enfin, plus précisément au pied de ce dernier. El Cerro Chaltén est sûrement le sommet le plus connu des Andes. « C’est le seul jour où le beau temps est prévu de la semaine. » Le duo s’attend à ce que tout le monde ait eu la même idée. La tête des deux aventuriers vaut son pesant d’or, à la découverte de leur pronostic. « Le nombre de personnes est incroyable », souffle-t-il.
La fin du sentier de 11 km est à l’image des alpinistes sur l’Himalaya, interminable. « Entre la pente très abrupte, et la véritable file d’humains, quel enfer ! » Malgré les deux heures d’attente, à 1200 mètres d’altitude, le fameux sommet reste timide : il ne se découvre pas… « La vue sur les lacs vaut quand même le coup », se réjouit Flavien. Ils auront la chance d’observer un renard. Si de prime à bord, il est envisageable de le croire apprivoisé, il semble surtout s’être accommodé de la présence d’êtres humains, et des possibles restes de nourriture laissés ici et là.
La pluie arrive en ce début d’après-midi. Comme les moutons de Panurge, tous ont l’idée de redescendre à cet instant. Une longue et interminable queue se forme en montagne. « Qu’est-ce que je fais là ? », s’interroge le jeune homme, lui qui est à la recherche de la nature dans son plus simple appareil.
Non loin de l’arrivée, dans les sous-bois, par hasard se dévoile la fameuse fleur-araignée, Arachnitis uniflora. Une espèce qu’il rêvait de voir. Espèce saprophyte, sans chlorophylle donc (pour les puristes), elle ne ressemble pas à grand-chose. « David semble se moquer de moi, je le comprends » sourit, Flavien. (Crédits : Flavien Saboureau)
À peine rendus, ils se dirigent directement vers le glacier. Non pas le chef-d’œuvre de la nature, mais le marchand de glaces. « Une nouvelle fois, on craque pour 1⁄4 de kilogramme de glace », précise le gourmand. Après une douche bien méritée, ils retrouvent les Français rencontrés la veille au bar. L’idée de David et Flavien est de manger une fondue. Convaincus par la plaidoirie, ils partent tous dans le restaurant qui propose les fameux parillada. La spécialité du coin est servie avec abondance, qu’ils partagent une fois de plus, avec gourmandise.
Retour à El Calafate
La pluie est coutumière du fait. Elle accompagne Flavien durant le pliage de tente. « Nous rentrons sur El Calafate », raconte l’aventurier. Sauf qu’ils ne possèdent pas encore de billets. Il est 10 h 30 lors de leurs arrivés à la gare routière, le verdict tombe : pas de bus libre avant 13 h.
Rien de mieux, quand le temps d’attente le permet, se poser dans un lieu agréable. « Nous en profitons pour aller manger un alfajore et boire un chocolat dans une sorte de boulangerie. »
Le trajet en bus dure trois heures. Les solides habitudes reviennent au galop. Ils recherchent une auberge, car ils n’ont pas réservé. Comptant sur leur bonne étoile, ils se dirigent vers une valeur sûre. Celle où Flavien avait pris le temps de réserver, mais plus une place de disponible.
Après une petite marche, il frappe à la bonne porte. « Nous trouvons une auberge qui nous coûte 16 € la nuit, avec le petit déjeuner inclus », se réjouit-il. Ragaillardis, ils filent en ville pour déguster… Une glace. La gourmandise n’a pas de limites. « Finalement, nous l’accompagnons d’une tarte », se délectent-ils. (Crédits : Flavien Saboureau)
Profitant de la grande cuisine de l’auberge, ils décident de se faire plaisir. « Ce soir, nous voulons manger et mijoter de vraies pâtes bolognaises. » Comble du bonheur, une boucherie leur propose une viande hachée à 5 € le kilo. La gentillesse est de mise. « Ils nous offrent des œufs en plus. Nous achetons en complément quelques boudins. » La veille au restaurant, ils faisaient un carton plein. De retour à l’auberge, les randonneurs se changent en chefs cuisiniers. « Ça fait longtemps que je n’ai pas cuisiné depuis le début du voyage. » À suivre…