lundi, mars 18, 2024
Le saviez-vous ?

L’attentat manqué contre le Président de la République

Il y a cent ans, le 14 juillet 1922, Gustave Bouvet tirait deux coups de revolver sur la voiture qu’il croyait présidentielle. En fait, ce jour de fête nationale, il joignait à deux reprises l’automobile du préfet de Police. L’homme s’était placé sur le trottoir à l’angle de l’avenue Marigny et de l’avenue des Champs-Élysées. Caché dans son veston, le revolver blessa une spectatrice du défilé militaire à venir. Elle se tenait à côté du tireur, une des balles l’érafla légèrement, elle fut soignée à l’hôpital Beaujon, tandis que le tireur se trouvait au poste de police du Grand-Palais.

Il faut dire qu’il y avait un précédent. Le 24 juin 1894, l’assassinat du président de la République Sadi Carnot à Lyon par un anarchiste italien, Sante Gronimo Caserio. L’histoire se répétera le 7 mai 1932, avec la mort du président de la République Paul Doumer, au sein de l’hôtel Salomon de Rothschild par Paul Gorgulov. « Je voulais atteindre, non point M. Naudin, mais M. Millerand », avait formellement déclaré Gustave Bouvet. Il était 10 h 55 quand de son veston, sortit l’arme à feu. Les deux détonations fendirent le bruit ambiant, le tireur s’enfuyait pour être rattrapé à quelques encablures par la marée chaussée. Les renforts arrivèrent rapidement pour interroger le suspect. Ainsi deux commissaires MM. Guillaume et Rafalicq, le juge d’instruction Tessier et Lescourvé, procureur de la République.

Alexandre Millerand, président de la République, n’est pas le seul à avoir été visé par un attentat, Jacques Chirac le 14 juillet 2002 en subissait un. (Crédits : DR)

Bouvet indiqua avoir voulu faire une démonstration : « J’appartiens au parti communiste. J’ai voulu tirer sur le président de la République. Mais ne sachant pas de quelle façon il était escorté, je me suis trompé ». C’est alors que la liste des témoins de la scène raconta ce qu’ils avaient vu. M Cottereau métreur menuisier se trouvait au rond-point, depuis 45 minutes. « Autour de moi, il n’y avait que des femmes ; un jeune homme vint se placer devant nous. » Puis l’intervention d’un gardien de la paix venait ponctuer l’instant. « Reculez, voilà les Marocains », s’exclama le policier.

Sans l’intervention du métreur menuisier, M Cottereau, il est fort à parier que Gustave Bouvet aurait atteint son dessein. Il avait repéré l’emplacement dès le matin 7 heures. Il se trouvait à une distance de 2, 5 m de la voiture au moment du coup de feu. (Crédits : anncapictures/Pixabay)

Cottereau expliqua qu’à ce moment « l’inconnu porta la main à la poche droite de son veston, sortit le revolver et allongea le bras ». Au moment où il allait faire feu, le menuisier donna un violent coup sur sa main déviant le premier tir. N’écoutant que son courage, il entoura de ses bras Bouvet qui fit feu une seconde fois. Les policiers tombèrent sur l’homme et renversèrent les deux individus. Gustave Bouvet s’enfuit, tandis que Cottereau le menuisier ramassait l’arme à feu, et se dirigeait faire sa déposition. Bouvet interrogé fut préalablement fouillé. Une seconde arme à feu avec 25 balles fut trouvée. Gustave Charles Joseph Bouvet était né à Angers le 4 décembre 1898, au 52 de la rue de Pressigny.

Militant anarchiste Gustave Bouvet dit « Juvenis » avait été élevé à Angers par ses tantes. Il fit un an de séminaire en Belgique avant de rejoindre ses parents à Paris à ses treize ans. Marié en 1944, il est mort à Lagny-sur-Marne en 1984. (Crédits : Ichigo121212/Pixabay)

Élevé par une tante, il avait eu une santé très précaire avec diverses maladies. Durant un séjour à la prison de la Santé, il avait contracté la fièvre typhoïde. Le jeune homme était défavorablement connu des services de la justice, car un mandat d’arrêt avait été prononcé quelque temps plus tout contre lui. En décembre 1921, il avait été condamné par la 11e chambre correctionnelle pour propagande anarchiste à six et huit mois de prison. La première peine achevée, il était sorti de prison au mois de mai 1922. Il sera condamné le 8 janvier 1923 à cinq années de travaux forcés et dix ans d’interdiction de séjour. Il s’écria « À bas la guerre ! Vive l’anarchie ! ». Il sera libéré en janvier 1925, dans un état de santé déplorable.

Fidel Plume

Équilibriste des mots, j'aime à penser qu'il existe un trésor au pied de chaque arc-en-ciel. Un sourire éclaire la journée de la personne qui le reçoit. Elizabeth Goudge disait : « La gratitude va de pair avec l'humilité comme la santé avec l'équilibre. »

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