L’attentat manqué contre le Président de la République
Il y a cent ans, le 14 juillet 1922, Gustave Bouvet tirait deux coups de revolver sur la voiture qu’il croyait présidentielle. En fait, ce jour de fête nationale, il joignait à deux reprises l’automobile du préfet de Police. L’homme s’était placé sur le trottoir à l’angle de l’avenue Marigny et de l’avenue des Champs-Élysées. Caché dans son veston, le revolver blessa une spectatrice du défilé militaire à venir. Elle se tenait à côté du tireur, une des balles l’érafla légèrement, elle fut soignée à l’hôpital Beaujon, tandis que le tireur se trouvait au poste de police du Grand-Palais.
Il faut dire qu’il y avait un précédent. Le 24 juin 1894, l’assassinat du président de la République Sadi Carnot à Lyon par un anarchiste italien, Sante Gronimo Caserio. L’histoire se répétera le 7 mai 1932, avec la mort du président de la République Paul Doumer, au sein de l’hôtel Salomon de Rothschild par Paul Gorgulov. « Je voulais atteindre, non point M. Naudin, mais M. Millerand », avait formellement déclaré Gustave Bouvet. Il était 10 h 55 quand de son veston, sortit l’arme à feu. Les deux détonations fendirent le bruit ambiant, le tireur s’enfuyait pour être rattrapé à quelques encablures par la marée chaussée. Les renforts arrivèrent rapidement pour interroger le suspect. Ainsi deux commissaires MM. Guillaume et Rafalicq, le juge d’instruction Tessier et Lescourvé, procureur de la République.
Bouvet indiqua avoir voulu faire une démonstration : « J’appartiens au parti communiste. J’ai voulu tirer sur le président de la République. Mais ne sachant pas de quelle façon il était escorté, je me suis trompé ». C’est alors que la liste des témoins de la scène raconta ce qu’ils avaient vu. M Cottereau métreur menuisier se trouvait au rond-point, depuis 45 minutes. « Autour de moi, il n’y avait que des femmes ; un jeune homme vint se placer devant nous. » Puis l’intervention d’un gardien de la paix venait ponctuer l’instant. « Reculez, voilà les Marocains », s’exclama le policier.
Cottereau expliqua qu’à ce moment « l’inconnu porta la main à la poche droite de son veston, sortit le revolver et allongea le bras ». Au moment où il allait faire feu, le menuisier donna un violent coup sur sa main déviant le premier tir. N’écoutant que son courage, il entoura de ses bras Bouvet qui fit feu une seconde fois. Les policiers tombèrent sur l’homme et renversèrent les deux individus. Gustave Bouvet s’enfuit, tandis que Cottereau le menuisier ramassait l’arme à feu, et se dirigeait faire sa déposition. Bouvet interrogé fut préalablement fouillé. Une seconde arme à feu avec 25 balles fut trouvée. Gustave Charles Joseph Bouvet était né à Angers le 4 décembre 1898, au 52 de la rue de Pressigny.
Élevé par une tante, il avait eu une santé très précaire avec diverses maladies. Durant un séjour à la prison de la Santé, il avait contracté la fièvre typhoïde. Le jeune homme était défavorablement connu des services de la justice, car un mandat d’arrêt avait été prononcé quelque temps plus tout contre lui. En décembre 1921, il avait été condamné par la 11e chambre correctionnelle pour propagande anarchiste à six et huit mois de prison. La première peine achevée, il était sorti de prison au mois de mai 1922. Il sera condamné le 8 janvier 1923 à cinq années de travaux forcés et dix ans d’interdiction de séjour. Il s’écria « À bas la guerre ! Vive l’anarchie ! ». Il sera libéré en janvier 1925, dans un état de santé déplorable.
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