jeudi, mars 21, 2024
Le saviez-vous ?

Les phobies sont réelles, incontrôlables, et se guérissent.

Les peurs racontent plus de choses sur nous que nous pouvons imaginer. Certaines sont courantes, car nombreuses personnes en souffrent, d’autres sont plus insolites puis restent les terreurs dites enfantines. Toutes provoquent des malaises envers ceux qui les contractent. Une phobie c’est la peur intense et irrationnelle de quelque chose. Entre dix à vingt pour-cent de la population en a développé une ou une autre. La liste est longue, il en existe plus de 500. Mais quelles sont-elles ? Comment se manifestent-elles ?

Une phobie (du grec phóbos : frayeur, crainte ou répulsion) est une peur démesurée et dépendante d’un ressenti plutôt que de causes sensées, d’un objet ou encore d’un contexte bien précis. L’avènement de cette peur panique est nommé « phobogène ». L’Académie de médecine la définit selon ce qui suit : « Crainte angoissante, incoercible bien que vécue comme irrationnelle par le patient, déclenchée par un objet ou une situation sans caractère objectivement dangereux et disparaissant en leur absence ; elle peut s’accompagner de conduites d’évitement ou de réassurance. » Les affections ainsi rencontrées toucheraient en majorité une population féminine. Il est vrai qu’on parle de phobies un peu à tort et à travers. Les phobiques ont très souvent du mal à situer le véritable niveau de leurs troubles.

Les phobies peuvent cacher des traumatismes, comme des peurs enfantines non expliquées. (Crédits : jplenio/Pixabay)

Entre la définition et le vivre, il existe une distance, un tabou. De plus, vulgariser le terme ne fait « pas sérieux » et nombreux sont ceux, parmi les hommes, à refuser catégoriquement cette appellation. Il effraie et dérange. « La persistance d’une phobie gênante pendant des mois, voire des années, s’accompagne d’un ensemble de complications qui entraînent une véritable invalidité socioprofessionnelle. »

Voici les plus observées au sein des populations :

  • L’agoraphobie : c’est la peur des espaces ouverts, la crainte de ne pouvoir fuir ou de recevoir de secours
  • L’aérophobie : c’est la peur de l’avion, ou de voyager avec
  • La claustrophobie : la peur des espaces clos tels que les ascenseurs, les avions ou les petites pièces
  • L’arachnophobie : c’est une crainte irrationnelle des araignées qui pousse à avoir aussi des attaques de panique
  • La phobie sociale : être jugé ou observé par d’autres personnes par crainte de se trouver dans une situation embarrassante
  • La brontophobie : elle est liée aux phénomènes naturels, comme l’orage, le tonnerre et la foudre
  • L’acrophobie : c’est la peur de la hauteur, nommé couramment vertige. (Pensez aux parcours d’accrobranche !)
  • La nyctaphobie : l’obscurité, aussi appelée kénophobie (pour les cruciverbistes)
  • L’émétophobie : la peur de vomir ou de se trouver à côté d’une personne vomissant
  • La coulrophobie : le film « Ça » en est un parfait exemple, la peur des clowns
  • L’éreutophobie : la peur de rougir en public
  • L’hypocondrie : peur excessive sur les maladies et la santé

Les racines supposent des théories. Une transmission des mémoires génétiques pourrait expliquer certaines inquiétudes, comme celle d’un enfant d’être séparé de sa mère, celle de l’obscurité, de l’eau ou encore du vide. Dans le livre « Comment soigner une phobie avec les TCC », de Christine Sarron-Mirabel, Pierre-Yves Sarron, et Luis Vera, les auteurs abordent un ensemble de facteurs à leurs provenances. Pour autant aucun individu ne choisit de vivre avec une angoisse, une phobie. Les protagonistes justifient que les origines peuvent être multiples. À savoir, les pulsions inconscientes, le stress, la neurobiologie des peurs et phobies, un événement traumatique, le poids des pensées… « Il apparaît que les répercussions d’une phobie des vaches pour un vétérinaire, d’une phobie des ascenseurs pour un journaliste travaillant au 40e étage, de l’avion pour un diplomate, d’une éreuthophobie pour une hôtesse d’accueil… ont plus de conséquences négatives rapidement que d’être phobique des serpents quand on est professeur de mathématiques en ville, phobique social en étant gardien de nuit, ou encore phobique de l’eau quand on est comptable. »

Le ressenti est propre à chaque individu. Ce qui engendre une phobie peut sembler insignifiant pour l’un, et dramatique pour l’autre. (Crédits : Reimund Bertrams/Pixabay)

Elles peuvent révéler des traumatismes enfouis. Prenons l’exemple de la peur de vomir. L’émétophobie peut être liée à un phénomène anodin qui peut déclencher le dégoût, ou être attaché à une forte blessure, comme peut l’être un viol ou un abus sexuel antérieur. Ce qu’explique Michèle Gennart dans « Psychothérapies » : « […] la patiente, que je nommerai Antonella, dans la quarantaine, s’est résolue à évoquer un événement traumatique qui lui semblait inaugural dans son histoire de malade : un viol par un camarade d’école, suivi d’un avortement. C’est depuis ce moment que son fonctionnement neurovégétatif a été durablement perturbé. […] Vie et mort, amour et destruction se mélangent d’une façon qui fait perdre le sens. […] »

Phobies insolites

Des terreurs irrationnelles qui peuvent surprendre tant que nous ne sommes pas affectés. Ainsi la peur des pointes (achmophobie), des gaz dans le côlon (aéroacrophobie), des courants d’air (aérophobie), des poulets (alektorophobie), de l’infini (apeirophobie), des excréments ou de déféquer (apopathophobie), de rire (cachophobie), des fruits (carpophobie), de traverser la rue (dromophobie), des factures (votaphobie), du nombre treize (triskaïdékaphobie)… vous comprenez aisément, qu’elles peuvent prêter à plaisanter, sans avoir à moquer ceux qui en souffrent. Les manifestations sont à l’image de la société, plurielles et diverses, tout en étant uniques. Certaines personnes peuvent, à la vue d’une araignée fuir de la salle de bain, séance tenante, alors qu’elles prenaient une douche.

Quand vous êtes face à un problème, nul besoin d’en faire une montagne de douleur. Soit il y a une solution et vous finirez bien par la trouver. Soit il n’y a aucune solution et dans ce cas rien ne sert de vous torturer.

Dalaï-Lama

D’autres se tétanisent à la vue d’une souris, poussant des cris stridents. D’autres au même degré que la chanteuse Louane ont une peur panique des bananes. « C’est une vraie phobie, plaidait-elle. Il y en a qui sont arachnophobes, qui sont claustrophobes, et moi je suis bananaphobe. Ça fait rire les gens, en général. Je ne sais pas pourquoi, c’est comme ça depuis que je suis toute petite. » Dans un article du site Vice, des commentaires surprennent. « Au pic de ma phobie, le simple fait de me retrouver dans la même pièce qu’un de ces fruits me rendait complètement fou », souligne Charlie, 38 ans. Quant à Madeleine, 22 ans quand elle voit quelqu’un en manger « Ça me donne envie de vomir ! ». Une ex-bananophobe témoigne : « Je devais avoir 13 ans. Au début, je trouvais l’odeur repoussante. Puis, ma phobie s’est amplifiée, et plus tard, la simple vue d’une banane s’est mise à me rendre malade. Par la suite, ça s’est transformé en véritables crises de panique », martèle Lela, 59 ans.

Qu’elles soient profondes, ou superficielles, les peurs peuvent se transformer en une phobie empêchant l’évolution socioprofessionnelle. (Crédits : Étienne Marais/Pixabay)

Les symptômes d’une crise phobique sont fréquemment des palpitations, tachycardies, tremblements ou secousses musculaires, douleurs, gênes thoraciques, sensation d’étranglement, souffle court, parfois, déréalisation ou dépersonnalisation, vertiges, frissons/bouffées de chaleur, nausées ou gêne abdominale, transpiration, picotements dans les mains ou les pieds, tremblements, etc. En cas de doute consultez votre médecin de famille qui saura vous conseiller, comprendre et vous orienter vers la femme ou l’homme compétent si ce n’est lui-même. Rassurez-vous, rien n’est insurmontable, car Miguel de Cervantès disait « Où il y a de la vie, il y a de l’espoir. »

Romuald Pena

Journaliste et curieux de nature, j’aime les mots et ce qu’ils chantent aux oreilles qui les entendent. « La vérité, c’est qu’il n’y a pas de vérité », assurait Pablo Neruda. Ainsi j’apporte des faits, des faits, encore et toujours des faits, car : « Nous ne pouvons être condamnés à pire, à juger les autres, à être des juges. » (Le Testament d’Orphée, de Jean Cocteau)

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