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Lara, Brenda et Morena sauvagement assassinées en Argentine

Le monde en Argentine s’est arrêté ce samedi 27 septembre 2025. Lara Morena Gutierrez, 15 ans, et deux cousines âgées de 20 ans, Brenda del Castillo et Morena Verri, sont décédées dans d’atroces souffrances. Elles étaient censées se rendre à une fête qui se révélera être un piège mortel… Sur fond de trafic de drogue. Aucune limite n’appartient à cette société criminelle. Leur calvaire aurait été filmé et diffusé en direct dans un groupe privé de plus de 40 personnes. Depuis, douze individus sont interpellées, un mandat d’arrêt international à l’encontre du chef présumé « Pequeño J ».

Amérique du Sud, Buenos Aires, le 19 septembre 2025. La nuit tombe sur la capitale argentine, mais pour Brenda Del Castillo (20 ans), Morena Verdi (20 ans) et Lara Gutiérrez (15 ans), la soirée s’annonçait festive. Elles quittent leurs foyers et montent dans un pick-up blanc au rond-point du quartier de « La Tabalada », vers 21 h 30. Elles viennent tout simplement de disparaître à jamais. Leurs téléphones cessent d’émettre. L’ultime bornage permettra à la police de localiser leur dernière position.

L’Argentine s’indigne face au triple féminicide

Leurs corps sont retrouvés cinq jours plus tard dans une maison à Florencio Varela, à moins de trente kilomètres au sud de Buenos Aires. Lara, Brenda et Morena ont été torturées, mutilées, tuées et enterrées dans le jardin. « Il y a eu préméditation […] », a déclaré mercredi le ministre de la Sécurité de la province de Buenos Aires, Javier Alonso. C’est à 21 h 29 que les trois jeunes femmes sont montées volontairement dans un pick-up Chevrolet Tracker de couleur blanche. Elles attendaient à l’intersection des avenues Monseñor Bufano et Crovara près de la station-service, dans la localité de La Tablada, située au nord-est du district de La Matanza, dans la province de Buenos Aires.

La Direction départementale des enquêtes (DDI) de La Matanza a suivi le trajet du véhicule volé grâce à la vidéosurveillance. Le chauffeur se stoppe devant une maison, placée dans les rues Chañar et Jachal, à Varela. Plusieurs perquisitions ont été menées peu avant 8 heures ce mercredi 24 septembre, conduisant à de nombreuses arrestations.

Deux corps ont été retrouvés enterrés, le troisième une heure après. Après avoir été transportés à la morgue, les proches ont reconnu les victimes. Les autopsies révèlent l’horreur : coups, brûlures, mutilations, démembrements. (Crédits : Google Maps)

À Lara, on a coupé les cinq doigts d’une main et une partie de l’oreille avant de la décapiter. Morena et Brenda ont subi des tortures similaires. Le crime aurait été commandité par Tony Janzen Valverde Victoriano, alias « Pequeño J », trafiquant péruvien de 20 ans, et son bras droit, Matías Agustín Ozorio, également péruvien. Le procureur Gastón Duplaá de l’UFI décentralisée nᵒ 2 de La Matanza est chargé de l’enquête. « Les trois jeunes femmes assassinées, selon la plainte de leurs familles, étaient exploitées sexuellement dans cette région », relate Pagina 12.

Des peines de prison jusqu’à perpétuité

Au stade de l’enquête, douze individus sont en détention préventive pour ce triple assassinat. Quatre personnes en lien avec le lieu du crime. Il s’agit de Miguel Villanueva Silva, Péruvien, et d’Andrés Maximiliano Parra, Celeste González Guerrero et Daniela Iara Ibarra, tous trois Argentins. Ils sont inculpés d’« homicide qualifié pour avoir été commis avec la participation préméditée de deux ou plusieurs personnes, pour avoir été commis par traîtrise et acharnement et pour avoir été commis par un homme contre une femme par violence de genre ». L’un d’eux a évoqué le vol de 5 kg de cocaïne comme origine des crimes.

Les huit autres détenus ont été arrêtés dans un bidonville de Buenos Aires, accusés d’appartenir à l’organisation criminelle qui perpétra ces assassinats. Magalí Celeste González Guerrero (28 ans), Andrés Maximiliano Parra (18 ans), Iara Daniela Ibarra (19 ans) et Miguel Angel Villanueva Silva (27 ans) sont d’ores et déjà transférés à la prison de Melchor Romero. Magalí Celeste González Guerrero a décidé de coopérer avec la justice. Ces informations cruciales ont permis de faire la lumière sur le déroulement du crime et les identités des agresseurs.

Lázaro Víctor Sotacuro, cinquième suspect pour le triple féminicide, a été capturé dans un foyer à Villazin (Bolivie), à 600 mètres de la frontière avec l’Argentine. La police recherche le présumé commanditaire, un narcotrafiquant péruvien Tony Janzen Valverde Victoriano, alias « Pequeño J », contre lequel pèse un mandat d’arrêt international, ainsi que deux tueurs à gages. (Crédits : Ron Lach/Pexels)

Ce triple assassinat est officiellement qualifié de féminicide. Villanueva Silva et Ibarra, s’ils sont reconnus coupables par un tribunal, encourent la réclusion à perpétuité, soit 50 ans de prison au maximum selon le code pénal modifié en 1994. Les deux autres personnes arrêtées, Andrés Maximiliano Parra, 18 ans, et Magalí Celeste González Guerrero, 28 ans, qui nettoyaient la scène de crime, ont été accusées de recel aggravé. Tous ont été déférés à la demande du procureur Dupláa, avalisée par le juge d’instruction de l’affaire.

Manifestations spontanées dans l’ensemble du pays

Des manifestations spontanées ont éclaté à Plaza de Mayo et devant le Congrès. Des centaines de citoyens dénoncent ainsi l’inaction des autorités face au problème colossal du trafic de drogue en Argentine. Les slogans scandés à l’unisson « Justice », des bougies allumées sur les trottoirs et des pleurs étouffés à la hauteur de la douleur collective. « L’Argentine n’est pas habituée à des crimes perpétrés avec autant d’acharnement », affirme El País América.

« Il n’y a pas de précédent pour la sauvagerie, et encore moins pour la brutalité avec laquelle ces trois jeunes femmes ont été assassinées », qualifie l’avocat de la famille de Brenda, Fernando Burlando. Le gouverneur Axel Kicillof a pris la parole, appelant à une réponse coordonnée face au narcotrafic et exhortant le président Milei à prendre ses responsabilités.

« Je demande au président qu’il convoque urgemment les gouverneurs pour une table de travail nationale, parce que la question du narcotrafic est internationale, mais elle affecte tout le territoire de l’Argentine », a exigé Axel Kiciloff. Le message est clair : le pays ne peut plus ignorer l’ampleur du fléau. Cependant, la Casa Rosada est restée silencieuse, alimentant le sentiment d’impuissance face à une menace qui dépasse les capacités des autorités locales. (Crédits : Anita Pouchard Serra/El País)

Les enquêtes préliminaires orientent les soupçons vers des réseaux de narcotrafic actifs dans plusieurs provinces. Les experts et autorités judiciaires indiquent que ce triple meurtre pourrait être lié à des luttes internes entre cartels. Mais également à une stratégie d’intimidation des populations et des témoins. Le modus operandi correspond aux méthodes observées dans d’autres affaires de criminalité organisée transnationale. « Les quartiers les plus humbles d’aujourd’hui sont gérés par le trafic de drogue avec la complicité de la police, c’est comme ça », témoigne Vanina, au quotidien El País.

Une onde de choc

L’Argentine se réveille groggy de ce déchaînement de violence. Ces féminicides, loin d’être de simples drames isolés, révèlent le mécanisme pervers d’une société où les réseaux de drogue exploitent la vulnérabilité des quartiers populaires. Lieux où les femmes deviennent les premières victimes collatérales, car le corps des femmes devient une monnaie d’échange. Les tueurs liés à des bandes criminelles, transforment la mort en message, la peur en stratégie de contrôle.

Ces narcotrafiquants utilisent la violence « pour envoyer un message à la communauté de voisins où ils s’installent ou aux autres groupes avec lesquels ils peuvent avoir une rivalité ; ou pour inspirer la peur ou s’amuser un moment », explique Esteban Rodríguez Alzueta, chercheur à l’université nationale de Quilmes, « Aujourd’hui, ce sont mes deux petites-filles qu’ils ont tuées. Cette fois-ci, ils ont pris trois vies, mais demain, ils vont en prendre quatre, puis cinq. Ça ne peut pas continuer comme ça », a déclaré au quotidien Perfil le grand-père de Morena et Brenda.

Ce féminicide n’est malheureusement pas un fait divers isolé. Cette violence s’inscrit dans une dynamique régionale où le narcotrafic mexicain, paraguayen et brésilien étend son influence. L’Argentine devient un point stratégique pour le trafic de drogue. (Crédits : Anita Pouchard Serra/El País)

Les cartels utilisent des zones comme Florencio Varela pour écouler leur marchandise, blanchir de l’argent et exercer leur pouvoir. Ils profitent et exploitent la vulnérabilité des quartiers populaires pour asseoir leur domination. La dimension géopolitique de ce triple féminicide apparaît dès lors que l’on considère le rôle des réseaux de narcotrafic dans la région. L’Argentine, comme toute l’Amérique du Sud, telle la Colombie se retrouve exposée à une criminalité capable d’influencer les décisions politiques et économiques. Les cartels utilisent la terreur ciblée pour intimider les populations et fragiliser les administrations locales, compliquant la gouvernance et la mise en œuvre des politiques publiques.

Arrestations de Matías Ozorio et « Pequeño J »

Le présumé commanditaire et son bras droit sont désormais sous les verrous. Les deux criminels avaient pris la fuite au Pérou. La police de Buenos Aires a confirmé mardi 30 septembre — en collaboration avec la direction antidrogue de la police nationale péruvienne — avoir arrêté au sud de Lima « Pequeño J », le présumé commanditaire du triple féminicide narco à Florencio Varela. La fuite de Tony Janzen Valverde Victoriano s’est interrompue sur l’autoroute Panamericana à 70 kilomètres de Lima, caché dans un camion.

Avec Matías Agustín Ozorio, il devait se rejoindre à 22 heures, sur la place Parque Lima dans le district de Los Olivos. Aucun des deux n’est arrivé au point de rencontre. Le dernier post des cousines était une image à l’intérieur du véhicule. Deux porte-clés, l’un de « Baby Yoda » et l’autre de « Luigi ». Ces porte-clés contenaient des bâtonnets avec lesquels les filles consommeraient de la drogue nommé Tusi.

« Ils veulent stigmatiser les victimes en disant qu’elles voulaient de l’argent facile ou qu’elles étaient des prostituées, comme si c’était pour cela qu’il était juste de les tuer, sans même savoir comment est la vie dans nos quartiers, les rares options qui sont offertes aux filles pour vivre, pour survivre », ajoute Vanina. (Crédits : Infobae)

Brenda, Morena et Lara ne sont pas seulement des victimes individuelles. Leur mort résonne comme un signal d’alarme pour tout un pays, voire un continent. Cela souligne la nécessité de renforcer les dispositifs de sécurité, d’éclairer la société sur les enjeux du narcotrafic et de coordonner les efforts internationaux. Entre émotion, indignation et réflexion stratégique, l’Argentine est confrontée à l’urgence. L’urgence de protéger ses citoyens et ses institutions contre des menaces de plus en plus complexes et globales.

Elise Dardut

Épicurienne, je reste une jeune femme à l’aise dans son corps et dans sa tête. Je pense par moi-même, j’agis par moi-même, j’entends les conseils et n’écoute que mon intuition. « Le jour où l’homme aura la malice, la finesse et la subtilité de la femme, il sera le roi du monde… mais ce n’est pas pour demain », me chantait mon grand-père. Il m’a appris que « les seuls beaux yeux sont ceux qui vous regardent avec tendresse. » (Coco Chanel) Depuis, je m’évertue, pour qui veut bien entendre et écouter, à distiller des graines ici et là, au gré du vent. Un proverbe indien explique que « si vous enseignez à un homme, vous enseignez à une personne. Si vous enseignez à une femme, vous enseignez à toute la famille » Il est temps d’inverser les rôles et admettre l’équité, non ?

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