Pérégrinations

De la carte SD à la carte postale (8/55)

Cette journée n’est pas la plus excitante, souffle-t-il, mais elle compose l’entièreté d’un voyage. Deux journées de transition pour se déplacer d’un bout du pays à l’autre, avant d’être coupé du monde : dix nycthémères en plein océan austral. Mais au préalable, il doit se rapprocher du point méridional de la Nouvelle-Zélande. Mais la distance entre les villes de Christchurch et Queenstown équivaut à celle entre Paris et Bordeaux, à vol d’oiseau. Il est contraint de trouver la solution à son problème de carte SD…

Le réveil est doux ce matin. Aux alentours de 9 h 15, Flavien commence à se préparer. « Je dois faire le check-out à 10 h », explique-t-il. Après avoir récupéré ses affaires disséminées ici et là, il se transforme en véritable « tancarville ». « Les vêtements sont presque secs, mais je les accroche à l’arrière de mon sac à dos. » Il dépose l’ensemble à la bagagerie et se rend au centre-ville.

Journée ordinaire, dans un lieu extraordinaire

Après un retrait de 200 NZD au distributeur automatique de billets, il se trouve face à la porte fermée du musée Canterbury (Ekea mai te waka ki tua). Il se rabat vers le Jardin botanique (Te Māra Huaota o Waipapa), juste à côté. « Je suis étonné de voir autant d’espèces des quatre coins du monde dans un pays qui réglemente autant l’introduction d’espèces », remarque-t-il. Il poursuit par l’annexe du musée délocalisé dans une rue adjacente, ou presque. « C’est gratuit et heureusement, souffle-t-il. C’est vraiment tout petit et en dix minutes, j’en ai fait le tour. » Le repas de midi se compose d’un Pie de bacon et poulet. Pour clore la journée, quelques achats. « Je passe au magasin pour acheter de quoi accompagner les pâtes de ce soir, et la première tablette de chocolat du voyage. »

De retour à l’auberge, il laisse ses affaires sécher sur la terrasse et prend la direction de la gare routière. « Je réserve le bus de 14 h 25 pour Dunedin. Je dois être à Queenstown demain soir. » Une fois de plus, il s’accommode des aléas. Le trajet direct depuis Christchurch est trop cher pour sa bourse (+ 200 NZD, 105 €). Il fera étape pour la nuit à Dunedin. Six heures durant, défilent les paysages. « Des kilomètres et des kilomètres de cultures, d’élevages de vaches laitières rendent les beaux paysages néo-zélandais on ne peut plus quelconques. »

Arrivé à Dunedin, il prend la direction de l’auberge. « En préparant mes pâtes dans la cuisine, qui voilà ? Les deux Françaises qui étaient dans le même bus que Maxime et moi, il y a trois jours. »

Le trio, ainsi constitué, dîne. Ce qui est l’occasion d’échanger plus longuement. « L’une s’appelle Clémence, vient de Rouen, et l’autre Mathilde, vient de Marseille », révèle l’aventurier. (Crédits : Flavien Saboureau)

Elles commencent le voyage à trois, mais ne sont plus que deux. En prenant congé de Clémence et Mathilde, « je me rends compte que je n’aurais, jusqu’à maintenant, pas passé une seule journée en Nouvelle-Zélande sans prendre un bus, qu’il soit de ligne ou de ville. »

Les emblématiques de Dudenin

À tout juste une semaine de Noël, la journée ressemble trait pour trait à la précédente. « À 9 h, je déguste quelques carrés de chocolat et termine la sorte de yaourt liquide acheté la veille. Après avoir déposé mon sac à la bagagerie, direction le centre-ville. » Il acquiert quelques cartes postales, sans véritablement trouver son bonheur. Il ressort de la boutique avec dix d’entre elles, et des timbres pour l’étranger. Le prix est de trois dollars, environ 1,60 euro. Le prix est de 2,1 € pour envoyer une carte de la France vers l’étranger.

« La cathédrale, au style très européen, photographiée je me dirige vers la gare, l’édifice emblématique de Dunedin. l’un des monuments les plus couchés sur pellicule du pays », s’interroge Flavien.

Un genre unique en Nouvelle-Zélande, avec en son sein une galerie d’art. Le musée d’Otago en ligne de mire « je n’ai pas envie de payer pour visiter… ça tombe bien, une bonne partie du musée se parcourt gratuitement. » Près de deux heures à explorer des collections naturalistes et des expositions sur les peuples du Pacifique. À 12 h 45, retour au centre-ville pour acheter quelques en-cas, et surtout dénicher un vendeur de cartes mémoire. Avec difficulté « j’en trouve une de 64 GB, pour 50 $ chez un commerçant d’appareils photographiques. » Après avoir essayé la carte défectueuse, le couperet tombe. L’unique possibilité de recouvrer tout ou partie des clichés se fera avec un logiciel spécifique.

À 14 h, il se positionne pour prendre le bus qui doit l’emmener à Queenstown, dont l’heure de départ est 14 h 25. « Là-bas je dois réaliser mon check-in entre 15 h et 21 h… avec 5 h de trajet », la marge de manœuvre est réduite. « Toujours à l’heure habituellement, un seul impératif pour qu’il ne soit pas à l’heure », ironise-t-il en pensant à la Loi de Murphy.

Ce n’est qu’à quinze heures passées de cinq minutes que le bus démarre. Sur la route, les paysages sont quelconques, pose Flavien. En fin de parcours, quelques gorges remarquables agrémentent le trajet. « Arrivé à destination, je marche 500 m pour rejoindre l’hôtel, à partir duquel je suis pris en charge. » Après avoir reçu le planning des heures à venir, des prochains nycthémères, il se rend dans sa chambre, avant la salle à manger. « Il y a du monde, affirme-t-il. Comme escompté la moyenne d’âge est bien élevée… » (Crédits : Flavien Saboureau)

Il dîne à la table des autres jeunes qui ont eu la bourse comme lui. « Pas un seul Européen à l’horizon. C’est parti pour dix jours d’anglais intensif. » Il tente de suivre les conservations, avouant préférer le papoter. Après le repas, les six « boursiers » marchent au bord du lac Wakatipu, pour admirer le coucher de soleil. Une discussion sur les oiseaux et l’heure de se reposer sonne. Je partage ma chambre avec un Néo-Zélandais, et un Canadien qui parle tout de même un peu français, note Flavien. « Demain est le grand jour du départ… appareillage à 17 h », se réjouit-il. À suivre…

Romuald Pena

Journaliste et curieux de nature, j’aime les mots et ce qu’ils chantent aux oreilles qui les entendent. « La vérité, c’est qu’il n’y a pas de vérité », assurait Pablo Neruda. Ainsi j’apporte des faits, des faits, encore et toujours des faits, car : « Nous ne pouvons être condamnés à pire, à juger les autres, à être des juges. » (Le Testament d’Orphée, de Jean Cocteau)

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