lundi, mars 18, 2024
Société

Utilisez-vous les passoires de Socrate ?

Durant l’ensemble de votre vie, que vous soyez adolescent, adulescent ou adulte, des personnes vont tenter de vous conter des anecdotes. Tous pensent que les informations sont vraies. Si, comme les journalistes, vous avez croisé trois différents sources pour en vérifier les faits, la véracité est hautement probable. Pour autant, certaines informations, sont elles véritablement pertinentes. Trois questions ont à se poser sur la véracité, le bénéfice et l’utilité du fait ou de l’histoire.

Comme chaque samedi, Sépa et Séki s’en vont au marché de Nogent-le-Rotrou. Après avoir déambulé, flâné, acquit des victuailles qui ferait pâlir Gargantua, rien de tel qu’un bon chocolat au fameux troquet nogentais. Comme à l’habitude, Jules, Marcel, Albert et Paquito sont au rendez-vous. Il existe toujours une personne, pensant bien faire, raconte tout ce qu’il a vu, c’est le fameux Élie Courvetut. Ce personnage est une brave personne, qui n’a pas inventé la machine à cintrer les bananes. Mais il est agréable, il est comme une enfant, sans méchanceté et sans filtre.

Les ragots comme les rumeurs partent d’un détail, d’une jalousie. Ils produisent de tels dégâts que s’en sortir n’est pas aisé. (Crédits : Julia/Pixabay)

Les quatre joyeux drilles, comme chaque samedi dégustent un verre, palabre et parade comme de délicieux paons. Si ce n’est que les souvenirs ont pris une place considérable dans leurs conversations, comme le furent les bouchons à Nogent. C’est à ce moment qu’Élie arriva à la table des quatre.

« Salut, salut, vous connaissez la dernière ? », questionna-t-il, sans vraiment attendre de réponse. Un non collégial s’entendit.

« C’est sur un certain Sépa ». Les regards de la table se tournaient vers Sépa. « Phot, vient voir », cria Paquito

« J’arrive » répondit-il en avalant une gorgé de ce fameux chocolat. « Élie à quelque chose à dire sur ton voisin ». A peine arrivé, Elie s’empressa de commence son histoire, mais la tournure ennuyait Sépa Phot. « Connais-tu Socrate », interrompit Sépa. Le pauvre Élie le regardait circonspect et affable. Puis il répondait naïvement : « c’est un joueur de l’équipe de France de rugby ? » Sépa comprit qu’il valait mieux se taire. Élie raconta avec plaisir et délectation son histoire. Les quatre compères surpris questionnèrent Sépa à propose de Socrate une fois le bon Élie partit.

Plus les intermédiaires sont nombreux, plus l’information est déformée. Moins l’info est croustillante, plus elle tombe dans l’oubli. (Crédits : MetsikGarden/Pixabay)

« Je vous explique » lance-t-il, avant que Séki chuchote « bon courage » en souriant. Il faut se plonger en Grèce, plusieurs siècles avant notre ère. C’est l’histoire du philosophe Socrate et de l”un de ses disciples. Imaginez Alexios venir en courant auprès de son maître, avec une rumeur nauséabonde sur un de ses amis. Sauf que… trois questions, ou passoires se posent.

« Alexios, es-tu absolument certain que ce que tu vas me dire est vrai ? », posa Socrate. Il réfléchit un moment. « Je ne le suis pas totalement. »

« Ce que tu vas me dire, est-ce quelque chose de bien sur mon ami ? ». Alexios répond que « non au contraire »

Pour finir : « Ce que tu vas me dire à propos va-t-il m’être utile ? » Le hochement de tête de droite à gauche d’Alexios suffit.

« Donc, ce que tu souhaites me dire n’est ni vrai, ni bon, ni nécessaire pour moi, pose Socrate. Alors pourquoi me le dire ? »,

Tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler est le principe même des passoires de Socrate. Avant de raconter une rumeur, un ragot sur quelque chose ou quelqu’un, il faut savoir qu’un boomerang revient toujours à celui qui l’a lancé. Alors suis-je certain que ce que je vais dire est vrai ? Est-ce que je vais dire est bon ? Est-ce nécessaire de le dire ? Être positif, bienveillant et utile envers autrui est un travail de chaque instant.

Elise Dardut

Épicurienne, je reste une jeune femme à l’aise dans son corps et dans sa tête. Je pense par moi-même, j’agis par moi-même, j’entends les conseils et n’écoute que mon intuition. « Le jour où l’homme aura la malice, la finesse et la subtilité de la femme, il sera le roi du monde… mais ce n’est pas pour demain », me chantait mon grand-père. Il m’a appris que « les seuls beaux yeux sont ceux qui vous regardent avec tendresse. » (Coco Chanel) Depuis, je m’évertue, pour qui veut bien entendre et écouter, à distiller des graines ici et là, au gré du vent. Un proverbe indien explique que « si vous enseignez à un homme, vous enseignez à une personne. Si vous enseignez à une femme, vous enseignez à toute la famille » Il est temps d’inverser les rôles et admettre l’équité, non ?

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