
Qui est le maître du venin : la méduse-boîte ou le serpent taïpan ?
Une question incongrue me direz-vous… L’un des deux est une star depuis son apparition dans le film : Seven Pounds. Quand l’autre connaît son apogée, comme ses cousins dans un long métrage de la sage Indiana Jones dans « Les Aventuriers de l’Arche perdue ». Après la puce et le kangourou, le loir et le chat, un autre duo improbable et surprenant. Ici la taille n’a pas plus d’importance. Spoiler : l’un vous tue en pleurant, l’autre vous tue en souriant. Une beauté ténébreuse face à un cœur eu sang froid. Alors… qui l’emporte dans ce duel au sommet ?
Un duel improbable entre deux tueurs silencieux venus de mondes totalement opposés, mais d’un même continent. D’un côté, la méduse-boîte (Chironex fleckeri), fantôme translucide des mers chaudes d’Australie entre autre. De l’autre, le taïpan du désert (Oxyuranus microlepidotus), serpent discret mais VIP dans le monde très fermé des toxines surpuissantes, lui aussi est Australien.
Le venin du serpent taïpan, entre vitesse d’action et létalité
Le taïpan du désert est couramment présenté comme le serpent le plus venimeux du monde. Une seule morsure pourrait tuer une centaine d’adultes. Son venin est un cocktail complexe de neurotoxines, procoagulants et myotoxines. Il agit rapidement sur le système nerveux, provoquant paralysie et arrêt respiratoire. Heureusement, il est timide comme une grand-mère anglaise et attaque que rarement. D’autant qu’il se nourrit principalement de mammifères. Son met favori est le rat à longs poils.

Le taïpan du désert,connu sous le nom de « serpent féroce » appartient à la famille des élapidés (famille de serpents venimeux vivant dans les régions tropicales). Ses cousins les plus connus sont : le cobra, le serpent brun, le pseudonaja, le serpent noir de Papouasie, le mamba, l’acanthophis ou vipère de la mort…
Surnommé « le serpent le plus venimeux du monde », il réside principalement dans les zones arides d’Australie. Son venin est 25 fois plus toxique que celui du cobra, avec une dose létale médiane (LD50) de 0,025 mg/kg chez la souris.
Son venin contient une cocktail létal agissant en une heure tout au plus. Les neurotoxines, telles que la paradoxine, bloquent la libération de neurotransmetteurs, entraînant une paralysie rapide. Les myotoxines détruisent les tissus musculaires, tandis que les coagulants provoquent des caillots sanguins, augmentant le risque de défaillance organique. (Crédits : XLerate)
Malgré la puissance de son venin, le taipan du désert est extrêmement timide et évite les contacts humains. Il vit dans les régions arides de l’Australie centrale et est rarement observé. En raison de sa nature reclusive et de son habitat isolé, il n’existe aucun cas documenté de décès humain causé par sa morsure.
La toxicité foudroyante de la méduse-boîte
En apparence, la cuboméduse n’est pas la plus dangereuse des méduses. Petite, cubique, elle est appelée par le doux sobriquet de box jellyfish, par les anglophones. Elle vit dans les eaux chaudes d’Australie, comme en Asie du Sud-Est où elle trouve sa pitance. Sa préférence va aux petits poissons et aux crevettes roses (Acetes australis). Ce qui peut surprendre les visiteurs en Australie, est la présence de pancartes indiquant la présence de « guêpe de mer ».
Mais la méduse-boîte n’est pas là pour plaisanter. Son venin contient des porines, sortes de poisons perforants qui détruisent les cellules à vitesse grand « V ». Contrairement aux autres cnidaires, il ne provoque pas de réaction allergique lorsqu’il entre en contact avec un autre être vivant.
Le poison inoculé peut provoquer un arrêt cardiaque, un œdème pulmonaire et une telle douleur que certaines victimes se noient… par réflexe. Elle est d’ailleurs responsable de plusieurs dizaines de décès documentés depuis un siècle.
La plus dangereuse des cuboméduses a pour nom scientifique Chironex fleckeri. Son corps, à l’âge adulte, peut mesurer jusqu’à 20 cm de côté avec pas moins de 60 tentacules longs de quatre mètres et de six millimètres d’épaisseur. Elle possède quatre grappes de six yeux qui lui permettent de former des images. (Crédits : DR1)

Pratiquement transparente, la cuboméduse est particulièrement difficile à repérer. Le venin agit à la fois sur le cœur, les nerfs et la peau. Il est extrêmement difficile à neutraliser rapidement, même avec un anti-venin. La toxicité estimée est d’environ 0,04 mg/kg, mais surtout, elle peut injecter ce venin en plusieurs points à la fois, via ses longs tentacules urticants.
Verdict : qui gagne ?
Sur le papier, le venin du taipan est plus toxique gramme pour gramme. Dans les faits, la méduse-boîte tue plus vite et plus souvent, en particulier en l’absence de soins immédiats. Autrement dit : entre la seringue reptilienne et la nappe urticante, le danger le plus démocratique reste flottant. Si l’on mesure la toxicité pure, c’est-à-dire la dose nécessaire pour tuer, le taïpan du désert l’emporte.

Mais si l’on parle d’effet immédiat et de danger réel pour l’humain, la méduse-boîte est plus meurtrière, car elle est plus susceptible de tuer très rapidement, avant même l’arrivée des secours. En aparté, un détail qui a son importance. L’Australie est le territoire qui contient une faune et flore unique, donc plus de dangers qu’ailleurs, en toute logique.
Bien que le taipan du désert détienne le record de toxicité pure, la méduse-boîte représente un danger plus immédiat pour l’homme en raison de la rapidité de son action et de la fréquence de ses rencontres avec les humains.
La nature a doté ces deux créatures de moyens de défense redoutables, mais leur impact sur l’homme dépend largement de leur environnement et de leur comportement. (Crédits : DS stories)
Conclusion ? Si vous aimez nager, craignez les filaments. Si vous aimez randonner, respectez les sifflements. Et dans tous les cas, souvenez-vous : le silence est souvent l’arme des plus toxiques.
- Jan Bielecki, Alexander K. Zaharoff, Nicole Y. Leung, Anders Garm, Todd H. Oakley (edited by Ruthven (d)) — Jan Bielecki; Alexander K. Zaharoff, Nicole Y. Leung, Anders Garm, Todd H. Oakley (June 2014). “Ocular and Extraocular Expression of Opsins in the Rhopalium of Tripedalia cystophora (Cnidaria: Cubozoa)”. PLOS ONE 9 (6). DOI:10.1371/journal.pone.0098870. ↩︎