Il y a cent ans...

L’étonnant printemps de 1925

Une société évolue sans cesse, sinon elle meurt. Si les femmes voient leurs droits et leurs devoirs s’aligner sur ceux des hommes, ce ne fut pas toujours le cas. La politique se targue de vouloir afficher autant de femmes que d’hommes dans les assemblées. Mais il a fallu bien du courage aux femmes, aux suffragettes peu importe le parti politique, pour se mettre dans la lumière en 1925. Si les réseaux libèrent la parole et la portent aux quatre coins du monde, seule la presse existe en 1925, il ne faut pas l’oublier. La liberté d’aujourd’hui s’est construite hier.

Le 26 août 1925, le quotidien « Le Journal » publie un croquis satirique intitulé « L’évolution féminine ». Derrière la caricature, un constat : la société française change, lentement, mais irréversiblement. Alors que l’Europe panse encore les plaies de la Grande Guerre, déjà, une autre bataille s’esquisse : celle de l’émancipation des femmes.

Élues sans avoir le droit de vote

Ce printemps-là, les Français sont appelés aux urnes pour les élections municipales des 3 et 10 mai 1925. Le scrutin marque un tournant. Le Parti communiste ose présenter une dizaine de candidates, un geste plus qu’audacieux à une époque où l’idée même d’une femme en politique hérisse encore la plupart des formations. « En dehors du Bloc ouvrier et paysan, les femmes candidates sur des listes électorales sont loin de réjouir les autres partis », rappellent les archives. Mais l’histoire s’écrit dans le tumulte : pas à pas, une brèche s’ouvre dans le mur de l’exclusion.

La polémique est telle que le ministère de l’Intérieur doit intervenir. Il ordonne à la préfecture de la Seine d’instruire chaque bureau de vote : les bulletins déposés en faveur d’une candidate doivent être comptés. Une précision qui en dit long sur les résistances de l’époque.

Et le 10 mai, l’impensable se produit : plusieurs femmes accèdent à des conseils municipaux de banlieue parisienne. Augustine Variot à Malakoff, Marie Chaix à Saint-Denis, Marthe Tesson à Bobigny. Événement doublement paradoxal : ces élues siègent dans l’arène politique… sans avoir, elles-mêmes, le droit de voter. Cela semble ubuesque aujourd’hui, mais « plus d’une dizaine d’entre elles sont élues », écrit Retronews.

Mais l’accession de Marthe Tesson au poste d’adjointe au maire soulève alors un brouhaha national. Comment admettre qu’une femme dirige… alors qu’elle n’est même pas reconnue électrice ?

Un imbroglio politique

À travers ce printemps mouvementé, un symbole s’impose : l’égalité réelle ne naît pas d’un décret unique, mais de batailles successives, de brèches ouvertes et de résistances affrontées. Comme le dessin du quotidien Le Journal, l’évolution d’une société se mesure à l’équité de ses droits et de ses devoirs.

Il faudra attendre vingt ans encore, et l’ordonnance du 21 avril 1944, pour que les Françaises obtiennent enfin le droit de vote et d’éligibilité. Mais en ce mois de mai 1925, dans les urnes de banlieue, le futur de la République s’était déjà invité. (Crédits : Le Journal/BnF/Gallica)

L’exemple de Marthe Tesson ou Marie Chaix est criant de vérité sur la société d’hier, elle évolue petit à petit. Marthe Tesson siégera au conseil municipal de Bobigny jusqu’en novembre 1925, en tant que deuxième adjointe. Une suspension préfectorale d’un mois prononcée le 15 juin 1925, puis une de trois mois le 11 juillet entravent leurs avenirs d’élues politiques. Marthe Tesson et Marie Chaix, portent un recours devant le Conseil d’État, mais celui-ci sera rejeté le 29 janvier 1926. Elles quittent leurs fonctions le jour même.

Elise Dardut

Épicurienne, je reste une jeune femme à l’aise dans son corps et dans sa tête. Je pense par moi-même, j’agis par moi-même, j’entends les conseils et n’écoute que mon intuition. « Le jour où l’homme aura la malice, la finesse et la subtilité de la femme, il sera le roi du monde… mais ce n’est pas pour demain », me chantait mon grand-père. Il m’a appris que « les seuls beaux yeux sont ceux qui vous regardent avec tendresse. » (Coco Chanel) Depuis, je m’évertue, pour qui veut bien entendre et écouter, à distiller des graines ici et là, au gré du vent. Un proverbe indien explique que « si vous enseignez à un homme, vous enseignez à une personne. Si vous enseignez à une femme, vous enseignez à toute la famille » Il est temps d’inverser les rôles et admettre l’équité, non ?

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