Qu’est-ce que l’effet Streisand ?
Il n’en faut pas plus que d’interdire quelque chose pour que tout le monde en parle. Le président du tribunal judiciaire de Paris a fait injonction à Mediapart de ne pas publier de nouvelles révélations sur les pratiques politiques de Gaël Perdriau. « Cette censure préalable est une attaque sans précédent contre la liberté de la presse », explique Edwy Plenel, directeur de la publication de Mediapart. Le journal s’apprêtait à révéler des pratiques qui seraient en vigueur à la mairie de Saint-Étienne.
Dans une vidéo le directeur de publication explique que l’histoire débuta quand le journal fit des révélations sur le chantage que l’entourage du maire Gaël Perdriau aurait effectué pendant plusieurs années. Comme dans l’affaire Valbuena une sex-tape, mais cette fois contre son premier adjoint Gilles Artigues. Par commissaire de justice (nouvelle dénomination des huissiers de Justice), une ordonnance du président du tribunal judiciaire de Paris ordonne une « censure préalable ». Autrement dit un commandement judiciaire de non-publication assorti de 10 000 € par extrait publié.
Oise Hebdo, journal fondé et dirigé par Vincent Gérard, avait été condamnée le vendredi 14 août 2015 à retirer de la vente les quelque 20 000 exemplaires de son dernier numéro. Le tribunal de Beauvais avait imposé le retrait de tous les points de vente son journal avant samedi, 18 h. À défaut, la société éditrice se devra d’acquitter une astreinte de 500 euros par heure de retard, ainsi qu’une peine d’amende de 500 euros par infraction constatée. La cour d’appel d’Amiens avait cassé le référé pour atteinte à la vie privée.
L’effet Streisand
Le hashtag « Streisand » est populaire sur twitter, mais qu’est-ce que ce fameux effet ? Une définition simple est l’effet boomerang des tentatives de censure médiatique. Il évoque une mésaventure vécue par l’actrice américaine en 2003. Le litige est la divulgation d’une photo. Ken Adleman, millionnaire de la Silicon Valley et écologiste, avait survolé la côte californienne en prenant de nombreuses photos. Sur son site WEB, il publia 12 000 clichés photographiques. Jusque-là limité à une audience confidentielle, le site enregistre dès lors des centaines de milliers de vue quand Barbara Streisand se mêla de l’histoire.
Depuis que Barbra Streisand avait intenté un procès de 10 millions de dollars contre Ken Adelman, lui demandant de retirer de son site Web une photo aérienne de sa propriété de Malibu située au bord de l’océan, plus de 420 000 personnes ont visité le site. Les exemples associés à l’effet « Streisand » sont nombreux. L’émission TPMP et son animateur Cyril Hanouna avec le député Louis Boyard, la DCRI qui tentait de faire interdire une page Wikipédia, la rumeur d’une liaison entre l’ancien président de la République française François Hollande et Anne Hidalgo…ou encore celle concernant le footballeur gallois Ryan Giggs en avril 2011. À trop vouloir interdire quelque chose qui était passé sous les radars, vous attirez encore plus l’attention, c’est l’effet « Streisand ».