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Quand un frenchie conduit à l’anglaise (épis. 11/46)

Une aiguille dans une botte de foin. Finalement après avoir cherché avec Kay dans l’annuaire nous trouverons le propriétaire du champ où doit se situer la dernière plante. Pour cela, Flavien doit louer une voiture, alors direction le sud de la ville. Pas besoin de caution ici, on ne peut pas aller bien loin… Après les usages de location, le voici à bord d’un gros pick-up Nissan… volant à droite, et surtout levier de vitesse à gauche ! Mais ce n’est pas un léger changement dans la conduite qui arrête Flavien.

Un pick-up pour rechercher une fleur

La conduite à gauche, comme James Bond au volant de son Aston Martin, ce n’est pas si facile que ça. Flavien doit se remémorer sans cesse de rester à gauche. « Me voilà lancé sur la Darwin Road » confie l’aventurier. C’est la seule route goudronnée de l’archipel, hormis la capitale Stanley bien entendu. Chose étrange, « Ici tout le monde lève le doigt ou la main quand ils se croisent ». Ils se connaissent tous, sûrement pour ça pense Flavien. Chaque automobile rencontrée fait un signe. « Me voilà à lever le doigt à chaque fois que je croise une voiture. La situation est quand même marrante », sourit-il. En même temps difficile de passer incognito avec un gros pick-up Nissan.

La Phlebolobium maclovianum - Brassicaceae a donné beaucoup de mal à Flavien.

Après 30 miles de route à gauche, deux heures d’une recherche obstinée, rien à se mettre sous l’objectif : « je trouve uniquement des espèces déjà vues, quelle frustration ! »

Obstiné, la raison l’emporte. 70 livres de perdu, pense-t-il… Il lui reste trois heurs de location, alors direction « à l’opposé de la ville où Mike a vu une ou deux inflorescences de cette espèce il y a quelques années sous un rocher jaune ». Quinze minutes de recherche sur des balmes rocheuses plus tard. « Je tombe sur le seul et unique pied en début de floraison, quelle joie, l’obstination paye… »

« Celle-ci m’aura donné du fil à retordre. Deux jours pour la trouver malgré, elle n’existe pratiquement que sur les îles non pâturées. » (Crédits : Phlebolobium maclovianum – Brassicaceae/Flavien Saboureau)

Il est temps de rebrousser chemin, il prend la direction de la seule station-service pour faire le plein. « Rien de bien différent en métropole, si ce n’est le prix du gasoil à 80 centimes. Je rends le Nissan sans égratignure et en ayant réussi à garder ma gauche », s’amuse-t-il.

Secoué comme dans les montagnes russes

À 18 h 30 un petit bateau doit venir nous chercher pour rallier l’île de Kidney. Il y subsiste d’incroyables populations de puffins fuligineux et quelques Troglodytes de Cobb, l’une des deux espèces d’oiseaux endémiques de l’archipel. « Je n’ai pas encore eu l’occasion de le voir, car les rongeurs ont été introduits sur les îles visitées jusque là. » Ils sont onze à patienter, puis dix quand une personne se désiste, vue de l’état de mer. « Gilets de sauvetage, check ! Cirés enfilés, check ! Nous sommes partis ». Un premier quart d’heure dans une mer navigable. À la sortie du chenal, c’est autre chose. « Nous sommes secoués comme dans les montagnes russes. »

Des creux de 3 à 4 m

Des creux de 3 à 4 m et les passagers font offrande de leur dernier repas à la mer. « Je ne sais pas si je tiendrai longtemps dans une telle mer. » Il a connu bien pire sur le Marion Dufresne. Difficile de se sentir en sécurité, lorsque la coque frappe violemment la surface de l’océan. « C’est assez flippant ! Impossible d’être debout sans s’agripper aux garde-corps. »

Douche gratuite

Il n’y a pas assez de place dans la cabine, alors c’est douche gratuite à chaque vague. Les deux marins contactent Andy, notre guide : à quelques miles de l’île annulation du débarquement sur l’île.
(Crédits : Dimitris Vetsikas/Pixabay)


Entre deux salves de déferlantes, ils mettent les gaz. L’objectif est de faire demi-tour, tout en évitant de prendre une vague de côté. C’est au milieu des nuées de puffins fuligineux que l’équipage fait cap sur le port. Le retour s’effectue dans le sens du vent, ceux qui étaient blancs reprennent quelques couleurs. Trempé, Flavien rentre manger dans sa cabane. Il ne verra pas, cette fois le fameux Cobb’s Wren et les nuées de puffins qui rentrent au terrier. Ce sera une excuse pour revenir dans quelques années.

Flavien joue le touriste

Après une recherche fructueuse de fleurs endémiques, les timbres. « Je commence la matinée en allant découvrir le prix d’envoi des lettres à la seule poste de l’archipel. » Puis en excellent touriste qui se respecte, les boutiques souvenirs. Au menu, la recherche de cartes postales, d’un tee-shirt et « d’un badge à mettre sur mon sac ». « Après avoir cassé la croûte face au front de mer, je retournerai dans ma cabane pour écrire quelques lettres. »

Puis il poste l’ensemble en début d’après-midi. « Je veux prendre des timbres avec les plantes endémiques, mais ils ne sont disponibles qu’en lot à 28 £, je m’en passe… »

Fermetures à 16 h

Comme lors de la genèse du voyage, un musée s’offre à l’aventurier. En milieu d’après-midi, il passe plusieurs heures au musée des Malouines.

« C’est super intéressant, mais ils ferment à 16 h, comme beaucoup de commerces ici. On sent que la guerre qui a eu lieu il y a plus de 40 ans est encore très présente, une grande partie du musée lui étant dédiée. »

Direction la Patagonie

Puis c’est le moment de faire quelques emplettes. Les dernières courses avant la Patagonie, pays cher à Florent Pagny. Demain matin ils viennent le cueillir à 8 h 45 pour l’aéroport.

« Les prix sont très élevés, mais pour acheter de la moraline (tablettes de chocolat, fruits secs, barres de céréales, etc.) j’y laisse quelques livres. » La soirée se prolonge sur le front de mer baigné par les rayons du soleil.

Des édifices, tel la Governement House ou encore le monument aux morts de cette fameuse guerre se posent sur le front de mer. (Crédits : Flavien Saboureau)

« Je n’ai pas été dans l’un des 5 bars de la ville depuis mon arrivée, il y a 3 semaines ». Il envoie un message à Alix, une chercheuse française rencontrée lors des premières soirées. Flavien se convie à leur repas, pour terminer par quelques verres. Minuit le carrosse se transforme en citrouille, « il est temps d’aller au lit, car demain est une grosse journée. Une des rares dates où j’aurais complètement fait mon touriste ». À suivre…

Romuald Pena

Journaliste et curieux de nature, j’aime les mots et ce qu’ils chantent aux oreilles qui les entendent. « La vérité, c’est qu’il n’y a pas de vérité », assurait Pablo Neruda. Ainsi j’apporte des faits, des faits, encore et toujours des faits, car : « Nous ne pouvons être condamnés à pire, à juger les autres, à être des juges. » (Le Testament d’Orphée, de Jean Cocteau)

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