La Cour pénale internationale victime d’une cyberattaque
Mardi 19 septembre 2023, la Cour pénale internationale (CPI) dénonçait une activité anormale au sein de ses systèmes « informatiques ». La juridiction en charge de juger les personnes physiques suspectées de crime de guerre indique que des individus ont pu accéder aux systèmes d’information la semaine passée. À l’heure actuelle, ni les tenants ni les aboutissants ne sont révélés, la CPI reste vague sur les circonstances de cette attaque cybernétique.
C’est par un tweet que l’entité avertissait de ce cyberincident. « À la fin de la semaine dernière, les services de la Cour pénale internationale ont détecté une activité anormale affectant leurs systèmes d’information. Des mesures immédiates ont été adoptées pour répondre à cet incident de cybersécurité et en atténuer l’impact. »
Le tribunal déclare qu’il « ne fournira pas d’autres informations en rapport avec cet incident pour le moment ». Il faut dire que de nombreuses enquêtes sont en cours. Elles concernent des actions qui se seraient tenus dans les pays que sont l’Ukraine, le Venezuela, le Soudan, les Philippines, le Myanmar, le Mali, la Côte d’Ivoire, la Libye, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo, l’Ouganda, le Kenya, la Géorgie, l’Afghanistan, le Burundi et l’État de Palestine.
Infiltrations dans la Cour pénale internationale
En 2018, six membres du GRU étaient inculpés en pleine opération de cyberespionnage. L’affaire portait sur l’utilisation d’armes chimiques par le régime syrien, qui était soutenu par la Russie, ainsi que sur l’empoisonnement de l’ancien agent russe Serguei Skripal à Londres. Le jeudi 4 octobre 2018, The Guardian révélait qu’« une cyberattaque russe contre le siège de l’organisme international de surveillance des armes chimiques a été déjoué par les services de renseignement militaire néerlandais quelques semaines seulement après l’attaque au novichok de Salisbury, sur fond de nouvelles révélations d’espionnage qui ont aggravé la guerre diplomatique entre l’Occident et Vladimir Poutine. »
« Cette tentative d’accès aux systèmes sécurisés d’une organisation internationale qui s’efforce de débarrasser le monde des armes chimiques démontre le mépris du GRU pour les valeurs et les règles mondiales qui assurent notre sécurité à tous », déclaraient conjointement la Première ministre britannique, Theresa May, et son homologue néerlandais, Mark Rutte. « Cette tentative d’accès aux systèmes sécurisés de l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail est un crime contre l’humanité ». Digne d’un roman d’espionnage.
Digne d’un roman d’espionnage
En juin 2022, un agent militaire russe a été repéré et arrêté par les forces de l’ordre néerlandaises. Ce dernier se faisait passer pour un stagiaire brésilien auprès de la Cour pénale internationale. Viktor Muller Ferreira de son véritable nom Sergey Vladimirovich Cherkasov était proche du coup parfait, digne des meilleurs romans d’espionnage. La teneur et sophistication de l’opération étaient telles que les renseignements néerlandais l’ont jugé comme une « menace potentiellement très haute ». En accédant à la CPI, « Cherkasov aurait pu réunir du renseignement, recruter des sources et s’arranger pour avoir accès au système électronique de la CPI », constate l’AIVD.
Pris à cause de ses fautes d’orthographe. En effet, c’est la note d’intention formulée par Cherkasov, transférée par la CPI à l’AIVD, qui a mis la puce à l’oreille. Plusieurs maladresses sur ce document écrit en portugais. Or, selon la couverture, Viktor Muller Ferreira était censé être né en avril 1989 au Brésil. Si bien que le rapport annuel de 2022 du service général du renseignement néerlandais (AIVD) observe que la Cour présentait « un intérêt pour la Russie, car elle enquête sur d’éventuels crimes de guerre russes en Géorgie et en Ukraine ». Il ne croyait pas si bien dire.
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