dimanche, mars 17, 2024
Il y a cent ans...

Insolite : La ligue contre l’abus des poignées de main

En ce jour du 20 mai 1923, un article dans L’Ouest-Éclair mentionnait l’étonnement. Le journaliste se prenait à rêver qu’une personne fonde la fameuse ligue contre l’abus des poignées de main. Il y a tout juste 100 ans, les microbes, virus et autres germes semblaient effrayer les Français. Il est vrai que la grippe dite « Espagnole » restait ancrée dans les mémoires. Cette pandémie fit 50 millions de morts. Le malaxage des phalanges, en signe de virilité, s’opérait une douzaine de fois par jour pour tout un chacun.

Le salut diffère selon les époques. Dans le livre « Histoire de la politesse : de 1789 à nos jours », de Frédéric Rouvillois, il apparaît des phases distinctes. Son étude porte quatre périodes :

  • De 1789 à 1800 : l’âge de la Révolution
  • De 1800 à 1914 : âge d’or de la politesse bourgeoise
  • De 1914 à la libération : temps des ruptures
  • Après 1950 : ère des incertitudes

Paul Olivier pour le quotidien expliquait que les médecins « sont tout disposé à proscrire, non seulement l’abus des poignées de mains, mais leur usage ». Il vient à comparer un champ de culture à une main. Mentionnant que les microbiologistes ont calculé que 80 000 bacilles par centimètre carré peuplent nos mains. Le journaliste prenait alors l’exemple de nos chers représentants du Peuple. « Un honnête citoyen ne distribue pas moins de douze poignées de main à la journée et je ne parle pas des députés et sénateurs qui y vont facilement de leurs douze douzaines… »

Le libre-échangisme à la ronde des bacilles et des miasmes…

La nudité du cou est comme celle des mains, elle ne dévoile pas au début du XIXe siècle. Le salut à la française, explique Frédéric Rouvillois « c’est à l’inférieur qu’appartient l’initiative : à l’homme, donc. »

Au XIXe siècle, concernant la poignée de main, c’est tout le contraire. Selon les us et coutumes de l’époque, « c’est toujours à la femme qu’il revient de tendre la main la première ». La raison en est simple dans sa compréhension. « C’est la reine qui parle la première, et dans les rapports mondains, la femme est reine ».

Oui toutes les femmes sont des reines, ce n’est pas moi qui le dis, mais Yannick Noah dans sa chanson Les Lionnes : « Mais tu sais les lionnes sont vraiment des reines ».

La main d’une femme, donc d’une Reine, ne doit pas être saisie par l’homme. Lorsque l’homme serre la main d’une femme, cela doit être fait avec délicatesse, franchise. Ce geste doit se faire sans rapidité ni lenteur suspecte. Tout un art. (Crédits : nicnicnic78/Pixabay)

Ce geste était réservé à de grands instants de la vie : fiançailles, mariage, départ pour les colonies, la guerre… Sauf que pour Paul Olivier le dégoût ou a précaution était de mise : « Voyez quelle effrayante circulation de pneumocoques ou de streptocoques favorise inconsciemment notre courtoisie ! C’est le libre-échangisme à la ronde des bacilles et des miasmes… »

La poignée de main : tout un symbole

Deux styles s’opposent, comme le french kiss, ou les french fries, le style à la française se répand sur terre.

Pour les poignées de main, deux genres sont connus : la Française et le shake-hand à l’anglaise. Le jeu d’égal à égal fait de la poignée de main son symbole après la Révolution française. Pour autant elle est symbolique. Au temps des Romains, les protagonistes se saluaient comme le chef d’œuvre cinématographique « Ben-Hur » par une empoignade des avant-bras. Ils vérifiaient ainsi si une arme se dissimulait dans la manche.

« Il y a des gens à qui je tends la main, mais à qui je ne la serrerais pas pour tout l’or du monde », évoquait un mendiant à Paul Olivier sur le parvis d’une église parisienne. La manière dont est effectuée la poignée de mains révèle beaucoup de choses sur les personnes concernées. (Crédits : Schorsch/Pixabay)

Elles étaient interdites durant la période durant la période du SARS-CoV-2. Depuis cette période rare sont les personnes à se saluer de la même manière qu’avant. Fin février 2020, un article de L’Indépendant relate que la Ligue de football professionnel et la fédération prenaient des précautions. Deux années passent, le 28 juillet 2022 le président de la République française, Emmanuel Macron accueillait Mohamed Ben Salmane sur le tapis rouge à l’Élysée. Une longue poignée de main était échangée, mais cette visite divisait la classe politique française. La poignée de main est devenue incontournable au niveau de la communication politique. Elle évoque pour les plus âgés, la conclusion d’une vente, d’un accord par simple serrage de phalange, quand la parole d’un homme avait encore de la valeur…

Elise Dardut

Épicurienne, je reste une jeune femme à l’aise dans son corps et dans sa tête. Je pense par moi-même, j’agis par moi-même, j’entends les conseils et n’écoute que mon intuition. « Le jour où l’homme aura la malice, la finesse et la subtilité de la femme, il sera le roi du monde… mais ce n’est pas pour demain », me chantait mon grand-père. Il m’a appris que « les seuls beaux yeux sont ceux qui vous regardent avec tendresse. » (Coco Chanel) Depuis, je m’évertue, pour qui veut bien entendre et écouter, à distiller des graines ici et là, au gré du vent. Un proverbe indien explique que « si vous enseignez à un homme, vous enseignez à une personne. Si vous enseignez à une femme, vous enseignez à toute la famille » Il est temps d’inverser les rôles et admettre l’équité, non ?

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