lundi, mars 18, 2024
Il y a cent ans...

Avortement, chantage et arrestations

Le 1er novembre 1922, une affaire peu banale s’affichait dans les faits divers. Insignifiante aujourd’hui en France, mais qui fait écho à l’interdiction d’avorter aux États-Unis. La fille du maire d’une petite localité de Seine-et-Oise (Yvelines depuis le 1er janvier 1968) se laissa séduire par un jeune homme dont la condition sociale excluait tout mariage. La contraception n’étant pas celle du XXIe siècle, la jeune femme se trouva embarrassée et se mit à la recherche d’une praticienne.

Un enfant hors union portait le déshonneur sur la famille, il y a cent ans. Complice sa mère conseilla de se rendre à Paris pour faire « disparaître la preuve de sa faute ». Appelons-la Marguerite. Marguerite se rendit en cette année 1920 à Paris en quête de solution. Elle entra en relation avec une marchande des quatre saisons demeurant au 55 rue de la Goutte-d’Or, dans le XVIIIe arrondissement. Aussitôt arrivée, Marguerite dévoila ses intentions. Mme Rambaut conduisit Marguerite chez Mme Georgévitch au 3 villa Ornano, qui à son tour l’emmena auprès d’une garde-malade. Mme Rose Fromont était une praticienne habile. Elle demeurait au 59 bis rue Popincourt, dans le XIe arrondissement de la capitale.

Ils vécurent heureux

Quelques jours passèrent quand Marguerite accouchait d’un enfant mort-né au domicile de la garde-malade. Mme Georgévitch emporta le petit cadavre pour le brûler dans la cuisinière de son logement. Délivrée, elle rentra dans sa famille. Quelques mois plus tard, elle épousa le fils d’un riche fermier, qui ne savait rien de la mésaventure. Le ménage vivait heureux jusqu’à ce que…

Une marchande des quatre saisons est le nom donné à Paris à des marchandes ambulantes. Elles vendaient dans les rues des légumes et des fruits. Ses femmes déambulaient ici et là avec leur voiture à bras. (Crédits : Paris dans les années 1900. Photographie de M. Louis Vert/Musée Carnavalet)

Un tragique jour du mois de décembre 1921

En décembre 1921, la mère de Marguerite, déboulait affolée au domicile de sa fille désormais mariée. Durant cette journée tragique, un homme vêtu avec élégance se présenta à elle. Il lui dévoila à brûle-pourpoint avoir connaissance de la conduite de Marguerite, une année plus tôt. Il proposa à la femme d’acheter son silence contre la somme modique de 10 000 francs. Les deux femmes récoltaient péniblement 7 000 francs qu’elles remirent à l’individu. Deux semaines plus tard, l’élégant homme, de par ses vêtements, revint accompagné d’un complice. Ils réclamèrent à nouveau la somme de 10 000 francs.

Froc désignait la partie de l’habit monacal qui couvrait la tête et tombe sur l’estomac et sur les épaules. Par extension, ce mot définissait le vêtement tout entier. Ainsi, prendre le froc, c’est se faire religieux, perde son froc ou être défroqué, c’est sortir du ministère de sa propre volonté ou celle de ses supérieurs. (Crédits : DR)

Prêtre défroqué et ancien professeur de collège

En désespoir de cause, les femmes se tournèrent vers la police judiciaire. L’inspecteur Leroy s’enquerra des deux maîtres chanteurs. Le premier suspect demeurant au 67 rue Charlot fit des aveux complets. L’ancien homme d’Église, prêtre défroqué, nommé Maurice Quintard dénonça son complice. Selon l’enquête l’ancien professeur de collège séjournait déjà en prison à Aix. Maurice Quintard confessa avoir dilapidé les 7 000 francs au jeu à Nice. Des trois femmes citées dans cette histoire, seule Mme Rose Fromont fut arrêtée, car elle n’avait pas d’enfant. Les deux autres furent laissées en liberté provisoire.

Elise Dardut

Épicurienne, je reste une jeune femme à l’aise dans son corps et dans sa tête. Je pense par moi-même, j’agis par moi-même, j’entends les conseils et n’écoute que mon intuition. « Le jour où l’homme aura la malice, la finesse et la subtilité de la femme, il sera le roi du monde… mais ce n’est pas pour demain », me chantait mon grand-père. Il m’a appris que « les seuls beaux yeux sont ceux qui vous regardent avec tendresse. » (Coco Chanel) Depuis, je m’évertue, pour qui veut bien entendre et écouter, à distiller des graines ici et là, au gré du vent. Un proverbe indien explique que « si vous enseignez à un homme, vous enseignez à une personne. Si vous enseignez à une femme, vous enseignez à toute la famille » Il est temps d’inverser les rôles et admettre l’équité, non ?

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