Avortement, chantage et arrestations
Le 1er novembre 1922, une affaire peu banale s’affichait dans les faits divers. Insignifiante aujourd’hui en France, mais qui fait écho à l’interdiction d’avorter aux États-Unis. La fille du maire d’une petite localité de Seine-et-Oise (Yvelines depuis le 1er janvier 1968) se laissa séduire par un jeune homme dont la condition sociale excluait tout mariage. La contraception n’étant pas celle du XXIe siècle, la jeune femme se trouva embarrassée et se mit à la recherche d’une praticienne.
Un enfant hors union portait le déshonneur sur la famille, il y a cent ans. Complice sa mère conseilla de se rendre à Paris pour faire « disparaître la preuve de sa faute ». Appelons-la Marguerite. Marguerite se rendit en cette année 1920 à Paris en quête de solution. Elle entra en relation avec une marchande des quatre saisons demeurant au 55 rue de la Goutte-d’Or, dans le XVIIIe arrondissement. Aussitôt arrivée, Marguerite dévoila ses intentions. Mme Rambaut conduisit Marguerite chez Mme Georgévitch au 3 villa Ornano, qui à son tour l’emmena auprès d’une garde-malade. Mme Rose Fromont était une praticienne habile. Elle demeurait au 59 bis rue Popincourt, dans le XIe arrondissement de la capitale.
Ils vécurent heureux
Quelques jours passèrent quand Marguerite accouchait d’un enfant mort-né au domicile de la garde-malade. Mme Georgévitch emporta le petit cadavre pour le brûler dans la cuisinière de son logement. Délivrée, elle rentra dans sa famille. Quelques mois plus tard, elle épousa le fils d’un riche fermier, qui ne savait rien de la mésaventure. Le ménage vivait heureux jusqu’à ce que…
Un tragique jour du mois de décembre 1921
En décembre 1921, la mère de Marguerite, déboulait affolée au domicile de sa fille désormais mariée. Durant cette journée tragique, un homme vêtu avec élégance se présenta à elle. Il lui dévoila à brûle-pourpoint avoir connaissance de la conduite de Marguerite, une année plus tôt. Il proposa à la femme d’acheter son silence contre la somme modique de 10 000 francs. Les deux femmes récoltaient péniblement 7 000 francs qu’elles remirent à l’individu. Deux semaines plus tard, l’élégant homme, de par ses vêtements, revint accompagné d’un complice. Ils réclamèrent à nouveau la somme de 10 000 francs.
Prêtre défroqué et ancien professeur de collège
En désespoir de cause, les femmes se tournèrent vers la police judiciaire. L’inspecteur Leroy s’enquerra des deux maîtres chanteurs. Le premier suspect demeurant au 67 rue Charlot fit des aveux complets. L’ancien homme d’Église, prêtre défroqué, nommé Maurice Quintard dénonça son complice. Selon l’enquête l’ancien professeur de collège séjournait déjà en prison à Aix. Maurice Quintard confessa avoir dilapidé les 7 000 francs au jeu à Nice. Des trois femmes citées dans cette histoire, seule Mme Rose Fromont fut arrêtée, car elle n’avait pas d’enfant. Les deux autres furent laissées en liberté provisoire.