Il y a cent ans… un tour d’Europe
La conférence de Gènes terminée, celle de La Haye pointe le bout de son nez. Le 4 juin 1922, les dissonances, rancœurs amertumes et tensions apparaissent ici et là. De la persécution religieuse en Russie, sept membres d’une même famille « pètent les plombs » en Italie, les fascistes de Mussolini sèment la pagaille, l’état de santé de Lénine préoccupe, l’organe gouvernemental russe en passe de s’effondrer, Poincaré chahuter dans la presse outre-Manche.
La presse britannique étrille la France et son président. Le Sunday Times titrait « La France contre l’Europe », l’Observer écrivait que « M Poincaré désire que la réunion de La Haye soit une conférence en camisole de force ». Car selon le tabloïd « il se peut que nous prenions l’engagement de garantir la frontière française d’avant 1870, mais en ce qui concerne les questions commerciales et financières, il faut que nous devenions absolument libres de favoriser nos propres intérêts comme nous l’entendons ». L’Écho d’Alger expliquait que la France pensait que l’Allemagne n’était ni désarmée, ni résignée, ni soumise et qu’elle cherche par tous les moyens à esquiver ses paiements. Le Sunday Times avec le flegme britannique donnait une leçon que « le seul remède qui puisse guérir les maux de l’Europe, c’est l’annulation des dettes de guerres interalliées et la destruction de l’œuvre financière du traité de Versailles ».
En Russie, le mal dont souffre Lénine inspire de sérieuses inquiétudes, il aurait eu une attaque d’apoplexie cérébrale. Ce qui est une suspension plus ou moins complète de l’activité cérébrale, souvent liée à une hémorragie cérébrale qui, selon l’académie de Médecine est un « saignement au sein du parenchyme cérébral par suite de la rupture d’un vaisseau, constituant un accident pathologique majeur, dont le pronostic est le plus souvent grave, sinon réservé. » Si son leader est au chevet des souffrants, le pays l’est également. Le manque de ressources force les Soviets à réduire les dépenses, et le nombre de cadres chez les fonctionnaires. La situation est telle que la Tchéka ramenait à 80 000 le nombre de policiers. Quatre mille d’entre eux se retrouvaient du jour au lendemain, de l’autre côté de la barrière en devenant bandit.
Les fascistes de Benito Mussolini quittaient Bologne après leur démonstration de force, incendiaient deux coopératives, celle de Gagnarols et de Luvoledo. Mais comme la maison du peuple de Granarolo, les chemises noires mettaient le feu au matériel et le mobilier dans les rues des communes. Dans le village de Sasso-Carvaro, proche de Pesaro, sept personnes devenaient hors de contrôle, et « folles » selon les journaux. Après avoir incendié plusieurs maisons, ils dansaient autour d’elles. Les carabiniers aidés de citoyens arrêtaient les déments, mais ils s’échappèrent après avoir changé des coups de feu. Une escouade de carabiniers réussissait à les déloger de leurs demeures, dans laquelle ils s’étaient barricadés.