Flavien face aux éléments (Épis. 27/46)
Le sommeil est indispensable à tout être vivant sur Terre. À se reposer à divers endroits, le confort change. En cette nuit du 19 au 20 janvier 2024, « la nuit qui vient de passer fut la pire de ma vie… je n’ai dormi que 30 min entre 6 h 30 et 7 h », soupire Flavien. Quand vous devez le lendemain matin, arpenter, crapahuter dans des décors qui ne sont pas ceux de vos pénates, c’est compliqué, mais pas impossible. Sauf que Flavien ne fait pas les choses à moitié. Les maux de ventre des derniers jours sont de plus en plus présents, la gorge s’enflamme, la température monte…
Les éléments se déchaînent. Le vent qui comme le soleil se couche en soirée, n’en fait qu’à sa tête. « Le vent n’a fait que forcir toute la nuit », se lamente l’aventurier. Imaginez-vous dans un camping en sécurité. Rien à voir avec le désastre qui touche la région autour de Frontignan dans l’Hérault. Au même degré qu’il y a quelques jours avec le ravage du feu en Grèce, près d’Athènes.
Avis de mauvais temps
Si la météo semble capricieuse, le métabolisme de Flavien subit un avis de mauvais temps. Depuis plusieurs jours, des maux de ventre le tiennent. Les conditions climatiques, la modification de son rythme de marche, la fatigue… il suffit d’un grain de sable pour que la machine s’enraye. C’est à ce moment que l’être humain réalise qu’il est régulièrement en excellente santé, quand il tombe malade.
Le vent joue avec les tentes comme un cuisinier retourne une crêpe dans sa poêle. La tente se couche toutes les 15 secondes. « Je ne sais pas comment elle tient, surtout comment ma réparation de fortune résiste-t-elle toujours ? » Le jeune homme n’a rien vu de tel, pas un simple instant de répit. Camille sort de nombreuses fois pour raccrocher sa tente. « À regarder la tête des autres randonneurs, nous ne sommes pas les seuls à avoir passé une très mauvaise nuit. »
En plus d’une nuit agitée, Flavien se sent « patraque », la fièvre me rend visite après les maux de ventre des jours précédents. Je laisse Camille de partir. « Je lui dis d’aller au Mirador Britannico sans moi, je suis incapable de la suivre. » Les premiers kilomètres sont désagréables. Parvenu au refuge italiano, au pied du Mirador Britannico il pose son matelas à même le sol, et s’endort. (Crédits : Flavien Saboureau)
Les maux de gorge arrivent à pas feutrés, « ça commence à faire beaucoup de symptômes ». Il vogue en direction du refuge Frances, à une demi-heure de marche. « On s’y est donné rendez-vous avec Camille », explique-t-il. Deux heures s’écoulent avant l’apparition de Camille. « Nous décidons d’avancer de 3 km pour rejoindre le refuge Cuernos. » Perdu dans ses pensées, Flavien prends conscience, chemin faisant qu’il ne sera pas mieux demain. Sans réservation, la chance sourit. Il reste quelques emplacements pour 16 €. « La tente montée, un paracétamol avalé, je me couche alors que 19 h n’a toujours pas sonné… »
Abandon forcé de l’aventurier
La nuit porte conseil. Une nuit récupératrice dans la longueur, n’empêche pas un réveil compliqué. « Les vertiges me prennent. Je ne pars pas sur le mirador des Torres, et j’abandonne aujourd’hui ». Léger et petit détail, pour qu’il puisse abandonner, il lui reste 13 km à marcher. « Je prends sur moi comme je peux », murmure-t-il. Après avoir pris du paracétamol et rangé son matériel, tente comprise, il emboîte le premier pas.
Quatre dernières heures de marche sans s’arrêter. « C’est là que je me sens mal. » Le duo, formé par le hasard, se sépare. Camille tente de finir seule, le parcours aujourd’hui. Le soleil signale sa présence. « Je crois que pour la première fois du voyage, le thermomètre affiche plus de 20 degrés. »
Le mode « cerveau off » est enclenché. Flavien dispose des 13 kilomètres en trois petites heures. Dès son arrivée, il prend son billet de bus pour le retour. Allongé sur l’herbe, il patiente 1 h 30 l’arrivée de la navette. « Je suis au bout de ma vie. »
Elle emmène en quinze minutes les randonneurs à l’entrée du parc national. Lieu où le bus vient les chercher 60 minutes plus tard. Enfin un dernier trajet de deux heures, avant de débarquer à Puerto-Natales. (Crédits : Fuligo septica — Physaraceae/Flavien Saboureau)
Il marche un dernier kilomètre pour rallier l’auberge (où il a passé deux nuits) en espérant qu’elle n’affiche pas complet. Je peux enfin profiter d’un matelas et dormir. « Quelle aventure ! Il aura fallu deux jours avant de retrouver un lit… Être malade sur un trek, c’est l’une des pires expériences de mon existence, je ne le souhaite à personne. » À suivre…
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