Pérégrinations

Faune et flore de l’île de Chiloé (Épis. 35/46)

D’un jour à l’autre l’aventure est changeante. À deux jours de la Saint-Valentin, Flavien profite d’étaler du Nutella sur une tranche de pain, et plie la tente. Le départ de Queilén est acté. La durée de visite de la Isla Grande de Chiloé se fait au pas de course. David a passé une mauvaise nuit, Flavien prend le volant. Pour rejoindre ce parc privé, le Tepuhueico ils empruntent une piste en gravier de 7 km. Cela semble risqué, mais il paraît que c’est monnaie courante ici. De plus, il faudra payer pour rentrer avec la voiture et s’éviter quelques kilomètres à pied supplémentaires… Cependant, le sentier à peine attaqué que les incroyables forêts valdiviennes nous font oublier ces déboires.

Les arbres sont impressionnants de par leur taille. Les voyageurs rencontrent Saxegothea conspicua, Weinmannia trichosperma et de Nothofagus. Les plantes grimpantes et les mousses épiphytes rendent l’ensemble très tropical alors que « nous sommes habillés avec un sous-pull… » commente Flavien.

L’une des attractions du parc hormis les pudus et diverses reinettes de Darwin que le duo n’a pas la chance d’observer, et le boisement à arrayanes (Luma apiculata) d’un âge très respectable. L’autre est une cascade où les fameux Lophosoria quadripinnata et divers Gunnera tinctoria jouent leurs représentations théâtrales.

Le tandem prend la direction de Castro. « Nous souhaitons y revenir pour voir les maisons sur pilotis, sans être à contre-jour, et aussi pour manger un ceviche, une spécialité d’Amérique du Sud. » La suite du périple est indécise. Après trois jours sans douche, ils choisissent de dormir en auberge à Ancud ce soir.

Le tourco rougegorge (Scelorchilus rubecula), et son chant tellement ancré au souvenir des forêts valdiviennes. (Crédits : Flavien Saboureau)

« Nous avons peu de temps pour nous y rendre », indique Flavien. C’est pourquoi ils visitent les quelques villes sur la route, Dalcahue et Quemchi, sans oublier encore et toujours ces fameuses églises. Au nord se trouvent les paysages agricoles. Ils sont faits de collines semblables à nos panoramas français, tel le limousin. Le trajet en voiture est ponctué d’un magnifique coucher de soleil jusqu’à leur arrivée à l’auberge où nous mangerons des pâtes.

Retour à Puerto Montt

Alors qu’il souhaite se diriger dans la région de Valdivia, le loueur de la voiture les contacte. « Nous devons le rejoindre à Puerto Montt. Il a besoin de montrer l’automobile à un inspecteur des douanes argentines pour que l’on puisse aller en Argentine cette semaine. » Pour traverser, ils empruntent à nouveau le ferry. « Le rendez-vous dure, à tout casser trente secondes. »

Ils profitent d’être de retour à Puerto Montt pour se diriger vers la ville de Puerto Varas à seulement une vingtaine de minutes, sur la route de Valdivia. « C’est une ville bien plus touristique que Puerto Montt et bien plus agréable, en même temps difficile de faire pire que Puerto Montt », stipule Flavien.

Ils ne lambinent pas, car ils souhaitent visiter le parc National Alerces Costanera, non loin de Valdivia. Ce dernier ferme à 14 h. Il est connu pour abriter le plus vieil arbre d’Amérique du Sud, un alerce (Fitzroya cupressoides), estimé à 3500 ans (en photo). Une pause pique-nique dans la ville de La Unión, avant d’attaquer les 14 km de piste pour rejoindre l’entrée du parc national. Petit, mais énorme détail, le seul moyen de parcourir ce parc est de se plaquer à une visite guidée qui décolle à 14 h… le duo arrive trois minutes après l’heure.

« Par chance elle est encore présente. Sans avoir réservé, l’accompagnateur nous accepte. Nous voilà partis en direction du vénérable. » Sans comprendre un mot des explications, il indique la fameuse rainette de Darwin, ce qui « nous satisfait grandement ».

La contemplation est le respect du à son vénérable âge fait que « nous restons tout un moment face à cet impressionnant pépère de plus de 4 m de diamètre, le plus grand arbre vu de ma vie ! »

Sur le chemin du retour, le guide montre quelques tourbières à sphaignes derrière les bâtiments de l’accueil. « Ils nous donnent des indications pour aller voir le fameux Lepidothamnus fonkii à quelques kilomètres de là. » Il est le plus petit des conifères et le plus austral. « Je le cherche en vain depuis le début du voyage », affirme Flavien. (Crédits : Flavien Saboureau)

« Cette découverte me satisfait pleinement », indique Flavien tandis que David observe ses premiers Droseras. Sur la piste du retour, l’aventurier du bout du monde s’arrête à de multiples reprises. Il capture ainsi de nombreuses espèces. Puis, ils se mettent en quête d’un bivouac. Finalement, ils trouvent une sorte de berge au bord de la rivière du coin qui semble le lieu de détente des habitants de La Unión. Le duo en profite pour déguster des bières à défaut de margarita, préalablement refroidies dans le Rio Bueno. À suivre…

Romuald Pena

Journaliste et curieux de nature, j’aime les mots et ce qu’ils chantent aux oreilles qui les entendent. « La vérité, c’est qu’il n’y a pas de vérité », assurait Pablo Neruda. Ainsi j’apporte des faits, des faits, encore et toujours des faits, car : « Nous ne pouvons être condamnés à pire, à juger les autres, à être des juges. » (Le Testament d’Orphée, de Jean Cocteau)

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