« En toute bonne foi »
C’est une expression parmi tant d’autres, mais savez-vous d’où elles viennent ? À chaque pays, contré, région, ses références, elles possèdent des usages et somme toute des origines lointaines. Elles disparaissent au fil du temps, des mémoires qui faiblissent, de la non-transmission, ou encore une conséquence de l’ère de la communication et du tout numérique. Je vous souhaite d’avoir du foin dans vos bottes, en toute bonne foi !
« Tu as fait un saucisson », annonçaient les personnes d’avant 1950. Elle revendiquait le succès d’une chanson auprès des auditeurs au début du XXe siècle. De plusieurs raisons, la première est que les premiers supports d’enregistrements furent des tubes, des cylindres. Dorénavant, vous écoutez votre musique sur votre smartphone. Peu ou prou, des 2000 (N.D.L.R. : caractéristique dispensée pour ceux nés après l’an 2000) et postérieur connaissent les cd, vinyle, cassettes audio et autant moins les disquettes. Ainsi la plus vieille voix humaine restituée est l’œuvre d’un français, Édouard-Léon Scott de Martinville (1817-1879). C’est à quarante ans qu’il créa le Phonautographe.
L’appareil permettait d’inscrire le signal émis par un son, et ce dernier ignorait qu’il avait ouvert la porte à la sauvegarde de données acoustique, et bien plus encore. Ses premiers tracés, connus et conservés aux archives de l’Académie des sciences, datent du 9 avril 1860, soit 17 ans avant l’invention du phonographe par Thomas Edison. Mais ce n’est que grâce à la technologie numérique du XXIe siècle, en 2008 que ces signaux ont pu être traduits en sons. Les sommités ont pu entendre une voix chantant « Au clair de la lune ». De forme plate, Thomas Edison transforme le support en cylindre. La seconde vient de l’usage du mot « tube ». Ce terme aurait été lancé par Boris Vian, directeur artistique chez Philips (1957), il aurait fait allusion à une rengaine dont les paroles seraient creuses. Auparavant, les gens du métier employaient le nom « saucisson » pour une chanson à succès.
Toucher le pactole
Qui n’a rêvé de voir apparaître les numéros cochés sur votre bulletin par de la loterie nationale sur son téléviseur. En cela pour toucher le jackpot, le pactole. Cette antonomase nous amène dans les couloirs du temps, jusqu’en -715 av. J.-C., avec le roi Midas. Ce souverain de Phrygie fils de Gordias et de la déesse Cybèle est le héros de plusieurs légendes. Dans la mythologie grecque, Silène est le père adoptif du dieu Dionysos, et l’accompagne sans cesse. Il est également la divinité personnifiant l’ivresse. Un certain jour, saoul, il s’égare sur le royaume du roi Midas. Ce dernier le recueille et lui offre hospitalité. En récompense, de s’être occupé de son précepteur, Dionysos accorde un vœu à Midas. « Je souhaite que tout ce que je touche se transforme en or », aurait-il demandé.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Il ne peut plus effleurer quelqu’un, ni manger, ni boire sans que tout se matérialise en or. Par nécessité, il sollicite Dionysos d’annuler son don, de peur de mourir de faim et de soif. Le dieu de la vigne, du vin et de ses excès lui ordonna de se laver les mains dans les eaux de la rivière Pactole. Midas perd son pouvoir, mais depuis ce jour, le fond du fleuve est nimbé de paillette en or. Les Lydiens auraient tiré parti de ces fragments précieux charriés par la rivière, pour frapper monnaie en métal jaune, ce qui donna naissance à l’électrum. Le roi Crésus disposait alors d’or pur grâce au cours d’eau, l’expression « riche comme crésus » a toujours cours.
Avoir du foin dans ses bottes
L’expression date du XVIIIe siècle, elle est une parabole désignant qu’une personne pauvre devient riche. Autrefois, quand un vent glacial balayait la campagne, la couvrant d’un blanc linceul de givre. Comment se protégeaient-t-ont les pieds alors qu’il faisait froid à pierre fendre. Les paysans avaient pour habitude de mettre de la paille dans leurs sabots pour avoir moins froid, ceux qui étaient un peu plus aisés employaient du foin, plus confortable, mais plus difficile à récolter, donc plus précieux (foin et paille sont différents). Par ailleurs, pour un agriculteur, comme un métayer, avoir du foin était autrefois signe de richesse pour un fermier. Le foin engrangé pour l’hiver est indispensable en possession d’un troupeau, d’on il tirerait parti l’année suivante. Elle s’imbrique dans une nouvelle expression, « avoir de quoi ». C’est avoir les moyens dans son portefeuille de satisfaire ses envies d’achat.
En toute bonne foi
La « bonne foi » désignait, selon le Grand Robert, une « qualité d’une personne qui parle, agis avec une intention droite, avec la conviction d’obéir à sa conscience, d’être fidèle à ses obligations ». Elle est la particularité de celui pour qui la croyance est toujours sacrée, et, plus généralement, la sincérité la franchise. Mais celle-ci s’applique-t-elle à chaque citoyen français ? Eh bien non ! « Justifie sa décision une cour d’appel qui, pour admettre la bonne foi d’un homme politique poursuivi pour diffamation, retient que le prévenu, qui n’est pas un professionnel de l’information, n’était pas tenu aux mêmes exigences déontologiques qu’un journaliste, qu’il disposait d’une base factuelle suffisante pour s’interroger publiquement sur des informations faisant état de pratiques journalistiques contestables, et qu’il l’a fait avec prudence, sans excéder les limites admissibles de la liberté d’expression », écrit Sabrina Lavric sur Dalloz. La bonne foi est définie par l’absence d’animosité personnelle, la légitimité du but poursuivi, la prudence et la mesure dans l’expression et la vérification des sources. Lors des prochaines élections départementales et régionales du 20 et 27 juin, pensez aux promesses et discours, ils seront prononcés en toute bonne foi…
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