Cissé, championne d’Europe
Une municipalité française est championne d’Europe : la commune de Cissé. Elle est située dans la Vienne, au cœur du Poitou-Charentes. Au sein des nouvelles régions, elle est sur le podium avec la deuxième place de la Nouvelle-Aquitaine. Hormis sa tranquillité, sa proximité avec le chef-lieu de département qu’est Poitiers, son cadre bucolique… Elle possède une particularité qui lui procure le sentiment d’être unique sur le continent européen. Sauriez-vous deviner laquelle ?
Elle porte le même patronyme que de nombreuses personnes africaines, il est en effet courant au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Gambie, Guinée, Mali, Mauritanie et Sénégal. Ce n’est pas en cela qu’elle est unique. Quatre villes, dont trois au Burkina Faso, arborent ce nom, mais en quoi la Française est singulière ?
Championne du jumelage
La spécialité de la commune de Cissé est son engagement envers les communes européennes. Comme l’indique la maire, Annette Savin, Cissé est jumelée avec 27 communes de l’Europe, et d’autres si des pays viennent à rejoindre l’Europe.

L’histoire commence officiellement le 25 juin 1989, avec M. Michel Bouchet, précédent édile de la commune. « C’est Michel Bouchet […] qui a eu cette idée de suivre l’avancée de la Communauté économique européenne (CEE) en jumelant une commune de chaque pays membre », explique l’édile Mme Annette Savin.
Adjointe à cette époque, l’effervescence n’y est pas, mais « […] en s’y mettant, on a vite pris le pli pour mener à bien le projet. »
Alors que la chute du mur de Berlin occupe l’ensemble de l’information européenne, et pour cause, Cissé est jumelée avec douze communes. Chemin faisant, le nombre double pour atteindre 27. La dernière en date est Tisno en Croatie en 2013.
(Crédits : Darya Sannikova/Pexels)
La motivation d’un tel nombre de villes jumelées est l’envie que les Cisséennes et Cisséens appartiennent à quelque chose de plus grand. « Ici on est vraiment isolés, loin de tout. On n’a pas de frontière proche. […] Avec tous ces contacts à travers les frontières, c’est comme si on n’était plus tout seuls dans notre Poitou », martèle Annette Savin.
La genèse du jumelage
Au dernier recensement, en 2016, il existe environ 20 000 jumelages. Mais la naissance de ce phénomène remonte aux années 50. La Seconde Guerre mondiale vient de clôturer. Les stigmates et plaies sont béants. Jean Bareth, secrétaire général du Conseil des communes d’Europe, définit le jumelage tel que « la rencontre de deux communes qui entendent s’associer pour agir dans une perspective européenne […] et pour développer entre elles des liens d’amitié de plus en plus étroits ».
Le premier s’effectue entre Montbéliard et Ludwigsburg. Si tous veulent voir la réconciliation, c’est Coventry et Stalingrad qui se lient en 1944, puis Caen (1946), Kiel et Lidice (1947), Varsovie (1957) et Dresde (1959).
Certains jumelages sont décrétés dans les hauteurs du pouvoir, alors que les plaies de la 2de Guerre mondiale sont encore prégnantes. Les jumelages polono-est-allemands (Rostock et Szczecin en 1957) sont un parfait exemple.
Déjà en 1913, Brugg (Suisse) et Rottweil (Allemagne) conclus un partenariat, pour aboutir au jumelage en 1918. Dans les années 1950 et 1960, la volonté est au rapprochement des peuples, qui à se détourner du passé. Depuis les années 1990, la chute du mur de Berlin et ses conséquences… Les jumelages européens se réalisent au nom du refus de l’oubli et de la réconciliation. (Crédits : Ieva Brinkmane/Pexels)

Pourtant, le premier jumelage remonte à l’année 836. Lorsque Louis le Pieu instauré entre les villes du Mans et de Paderborn une relation religieuse. Cette relation est considérée comme la plus ancienne forme de jumelage en Europe. Il faudra attendre plus de 1000 ans pour que le jumelage soit effectif entre ces deux communes, en 1967. Votre ville est-elle jumelée avec une autre ?