Une fin d’année 1922 qui finit en jus de boudin
Imaginez-vous à quelques heures du réveillon, ce 31 décembre 1922 entouré de votre conjoint et de vos enfants, au chaud dans votre domicile. À l’heure où chaque convive s’offre anémones en coquillages, parfums suaves aux noms étranges, bibelots, mouchoirs et étrennes, d’autres subissaient un bien triste sort. Les expulsions des locataires comme la trêve des confiseurs permettent de laisser un temps certain, des personnes dans un domicile, avant de se retrouver à la rue. Un accident de la vie peut toucher toute personne à chaque instant de la vie.
Le journal La Lanterne révélait l’impensable. Dans une ville de Seine-Inférieure, aujourd’hui Seine-Maritime, une famille était expulsée de son logement, le 31 décembre 1922. Ainsi pendant que la tempête faisait rage, six personnes, le père, la mère et quatre enfants dont trois en bas âge se retrouvait à la rue. Cette famille d’ouvriers voyait son modeste mobilier jeté sans précaution sur le trottoir de la chaussée, exposé à la pluie. Le motif de l’intervention d’un commissaire de justice et du garde champêtre ? « Le propriétaire tenait à loger ses cochons », explique le journaliste.
Double scandale
Mis de côté l’inhumanité du geste, au sortir de la Première Guerre mondiale, le père de famille y avait été mobilisé durant 54 mois. La reconnaissance de la Nation ne passait que par l’émotion de la préfecture, après bien sûr leur expulsion.
De l’autre, les mêmes autorités émues devaient avoir des sources bien renseignées. En effet le 30 décembre 1922, le Sénat adoptait un texte en faveur des locataires. « […] lorsque le prix annuel du loyer en cours ne dépasse pas 1 000 francs, ou le juge des référés lorsque le prix ne dépasse pas 8 000 francs peut ordonner qu’il sera sursis, sous la forme d’un délai de grâce, à l’expulsion des locataires » (Loi du 31 mars 1922).
En France il existe un service dédié « SOS loyers impayés » et son téléphone 0 805 160 075. Il est un service d’accompagnement, de conseils et de prévention en cas de risques d’expulsions liées aux situations d’impayés de loyers. L’aide est autant pour le propriétaire que le locataire.