
Un Kiwi et ça repart (17/55)
Au programme, un aller-retour en direction du sommet de l’île, le mont Anglem. Si l’altitude n’est pas un obstacle, la remise en route après dix jours à bord de l’Heritage Adventurer semble fastidieuse. Les muscles comme les épaules de l’aventurier du bout du monde ont possiblement été assouplis. Les kilomètres les mettent à l’épreuve. Flavien s’est renseigné sur le temps, et n’est pas surpris quand la pluie vient à tomber. Seules des petites mouches, au demeurant inoffensives, ont la possibilité de gâcher la fête, du moins le repas avec vue.
Après une bonne première nuit dans sa tente, Flavien se lève à 7 h. « Cette nuit a été humide, mais j’ai entendu le kiwi ! ». Il faut donc la ranger humide, l’urgence sera alors de la faire sécher avant ce soir. Parti pour cinq jours, il ne peut s’encombrer du superflu. Peu avant huit heures, il visite l’accueil de ce lieu d’hébergement pour y laisser son petit sac.
Une douce mélodie, ou presque
À son retour dans cinq jours, si tout se passe bien, il aura le plaisir d’y prendre une douche. Mais le prix de la consigne le fait grimacer. « Cinq dollars pour y laisser un sac de même pas un kilo », soupire-t-il. Pas le temps de penser ou de philosopher, il doit avaler quatre kilomètres pour se rendre au départ du sentier. « Nous sommes lundi (30/12), direction le sommet de l’île, le Mount Anglem que je dois atteindre mercredi avant que je fasse demi-tour. » Les prévisions météorologiques sont bonnes, avec une dégradation prévue dans la nuit de jeudi à vendredi. « Enfin ça c’est les prévisions, il paraît que la météo de cette île est imprévisible. »

Les premiers kilomètres sont magnifiques et de bon augure. Vers 10 h 30 une belle averse le surprend. Fort heureusement un abri se présente peu après le début. Une Néo-Zélandaise s’y réfugie quelques minutes plus tard. Elle lui glisse à l’oreille avoir croisé la route d’un kiwi dans la matinée. « Je n’en reviens pas. » L’averse terminée, ayant mangé un morceau pour reprendre des forces, Flavien prend la direction de Port Williams en ne se focalisant plus sur les plantes mais sur le kiwi, qui reste caché.
Arrivé à la Hut de Port Williams, sous un soleil radieux, il étend sa lessive et son ciré qui a bien servi ce matin. Aux environs de 13 h, il prend la direction de la Hut de Bungaree, où il compte poser sa tente ce soir ; la nuit dans la cabane coûte 10 NZD. « Le sentier jusque là aménagé change. Il devient par instant vraiment très boueux. »
Les dénivelés sont surmontables, mais l’enfilade de bosses casse les jambes. « Additionné à mes 21 kg sur le dos, j’ai les épaules en compote », tandis qu’il approche des 16 km. Plus que trois sur ces longs sentiers forestiers, magnifiques, bien que monotones. « Il serait facile de s’y perdre sans GPS ou marquage », remarque-t-il justement. Un régal pour les pupilles, comme les petites criques sableuses qui s’ouvrent, comme sorties de nulle part, sauvages et splendides, ajoute-t-il.
Arrivé à bon port quinze minutes après seize heures et après dix-neuf kilomètres, Flavien pose ses dents avec délectation sur sa tablette de chocolat. L’intuition le pousse à monter sa tente. Moins de vingt minutes suffisent pour que la pluie arrose l’île. « Je me demande si je vais réussir à garder mes affaires au sec ces prochains jours. » (Crédits : Flavien Saboureau)
Après avoir délicieusement profité d’une sieste, direction la salle de bains au naturel. « Il n’y a pas de cascade alors je me lave au gant. La température (12/15 °C) reste agréable pour faire sa toilette à l’extérieur. » Un désagrément en nombre plus qu’en taille : les petites mouches (Sandfly). Elles piquent sévères » et gâchent le repas avec vue sur la mer. « Je suis obligé de manger mon hachis parmentier lyophilisé dans ma tente pour ne pas me faire dévorer. » Mais elles font le bonheur d’un Muscicapinae, le gobe-mouches (Miro Rubisole). Tout en mangeant, il réfléchit. Flavien hésite à enchaîner l’étape de demain (11 km) avec l’ascension vers le sommet (11 km, 1000 m D+). La nuit porte conseil, distille le sage. À suivre…
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