Quand la Seine déborde, Paris scrute le zouave
En ce début d’année 1924, Paris était envahi par les flots de la Seine. Comme à chaque crue, la mesure est prise sur la statue du zouave du pont de l’Alma. Les pluies incessantes remémoraient la crue dévastatrice de 1910. Qualifiée de crue centennale, elle fut le plus important débordement de la Seine. Le 28 janvier 1910, elle atteignait 8,60 m sur l’échelle du pont d’Austerlitz. Le zouave avait de l’eau jusqu’au cou. La situation de torpeur est semblable à celle que vivent les habitants du Pas-De-Calais.
Ce début d’année était marqué par les mêmes images de planches pour se déplacer dans les rues de Paris, que celles du Pas-de-Calais. Le 3 janvier 1924, le ciel s’était éclairci, les nuages semblaient moins denses. Si les pluies avaient cessé sur Paris, ce n’était pas le cas dans la Haute-Marne.
Chaque jour, les mesures augmentaient. La torpeur se lisait sur les visages, entre admiration et stupeur, de la force de l’eau que rien ne peut arrêter.
Si bien qu’il aura fallu attendre trois jours supplémentaires pour que la Seine atteigne l’étiage de 7,32 m et qu’enfin la décrue s’amorce. Mais c’est l’ensemble du Paris qui était suspendu. Les eaux envahissaient les voies, faisaient cesser le trafic ferroviaire entre les gares d’Orsay et Austerlitz, et les Invalides.
Les journalistes affichaient les records battus les uns après les autres. « Elle aura dépassé de 31 centimètres sa crue de 1876 et de près de 35 centimètres celle de 1920 », martelait le rédacteur du journal Le Matin.
(Crédit : Le Petit Parisien/BnF/Gallica)
C’est à partir de cette crue que les prévisions du service de central hydrométrique seraient dévoilées par une émission radio. La tour Eiffel durant la crue réalisera une émission radiophonique à 11 h 30. L’avis indiquait aussi les cotes enregistrées à Montereau, Chalibert, Paris-Austerlitz et Mantes.
Un désastre en banlieue et en France
Un bien triste spectacle, commentait le rédacteur entre Ivry et Villeneuve-St-Georges. À Vitry la rue Raspail est totalement inondée, à Port-à-l’Anglais, le fleuve triple sa largeur. En passant le pont de Choisy, la situation est catastrophique. Dans la partie la plus basse de l’avenue d’Alfortville, certaines maisons sont submergées, certains jusqu’au toit.
Les relevés météorologiques s’affolaient en France. La Loire passait les 5,06 m à Tours. Le village de Néman près d’Avoine voyait ses habitants déménager les animaux et mobiliers pour camper au milieu des champs.
La neige tombait à Lyon, formant une couche moyenne de 30 centimètres. La crue du Rhône, la Garonne débordait, Gap ne répondait plus à cause de la neige tombée en abondance.
La Meuse déborde. Les pluies torrentielles conjuguées à l’abondance chute de neige ont provoqué des inondations. Le chômage atteint les ouvriers, les habitants déménagent à la hâte.
La neige qui recouvrait Aurillac a fondu, augmentant le volume des cours d’eau.
(Crédits : Le Matin/BnF/Gallica)
Quant au zouave, il est la dernière des quatre statues, représentant les combattants lors de la guerre de Crimée, présente aux pieds du pont de l’Alma. Ses compagnons sont l’Artilleur, le Chasseur à pied et le Grenadier. Elle mesure 5,2 mètres de haut, pèse près de 8 tonnes et est l’œuvre de Georges Diebolt, elle représenterait le soldat André-Louis Gody.