L’abolition de l’interdiction du port du pantalon
Un couple partage, depuis bien longtemps, le bonheur d’être ensemble. Mme Séki Kharéson et M. Sépa Phot habitent dans un endroit paisible du sud de l’Orne, non loin de Nogent-le-Rotrou, à Berd’huis. La vie y est paisible et ritualisée. La journée débute toujours par un café noir pour monsieur, et un thé avec un nuage de lait pour madame. Accompagné par une odeur de pain grillé, de beurre demi-sel et de confiture, sans oublier le journal bien sûr. Les jeux de mots et blagues, comme explications alambiqués sont légion.
« Séki ! », cria Sépa.
« Oui, chéri ? », répondit-elle en se demandant ce qu’il voulait bien encore.
« Je suis tombé sur un article ce matin et… »
« Tu ne t’es pas fait mal ? », sourit-elle malicieusement.
« Ah, ah, ah… Imagine depuis le 31 janvier 2013, tu as le droit de porter un pantalon sans craindre de te faire arrêter par la police ! »
« Tu te moques de moi », rétorque-t-elle d’un air dubitatif.
« Pas tout le temps, ria-t-il à gorge déployée. Écoute ce que raconte le journaliste »
Il chaussa ses lunettes, se chauffa la gorge en finissant d’un trait son café et lut d’un ton enjoué.
« Le 16 brumaire an IX (NDLR 7 novembre 1800), le préfet de Police Dubois ordonnait que toute femme, désirant s’habiller en homme, devra se présenter à la préfecture de police pour en obtenir l’autorisation, et que toute femme trouvée travestie, qui ne se sera pas conformée aux dispositions des articles précédents, sera arrêtée et conduite à la préfecture de police. »
Deux siècles pour abroger une loi
C’est le sénateur UMP de la Côte-d’Or Alain Houpert, qui s’est penché sur la loi intitulée « Ordonnance concernant le travestissement des femmes », en juillet 2012. Elle avait été levée partiellement par deux circulaires en 1892 et 1909 sous certaines conditions : « Si la femme tient par la main un guidon de bicyclette ou les rênes d’un cheval. » Six mois après le ministère des Droits des femmes abondait à la demande du sénateur Houpert : « Cette ordonnance est incompatible avec les principes d’égalité entre les femmes et les hommes qui sont inscrits dans la Constitution et les engagements européens de la France. » Dans le journal officiel, il est noté « De cette incompatibilité découle l’abrogation implicite de l’ordonnance du 7 novembre qui est donc dépourvue de tout effet juridique et ne constitue qu’une pièce d’archives conservée comme telle par la Préfecture de police de Paris. »
« C’est dingue, deux siècles pour abroger une loi », s’étonne Sépa.
« En même temps, ça ne change rien », exhorta-t-elle.
« Quoi ? », s’étonna M Sépa Phot.
« Ça fait bien longtemps que les femmes portent la culotte, non ? », s’esclaffe madame Séki Kharéson.
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