Il y a cent ans… un trafic d’êtres humains démantelé
Le 11 juin 1922, un père retrouvait sa fille de 15 ans disparue quelque temps auparavant. C’est en novembre 1921 que l’affaire démarrait. Dans cette partie du XIXe siècle, le travail commençait bien plus tôt qu’aujourd’hui. Si tôt le certificat d’études en poche, la plupart des diplômés cherchaient un travail pour subvenir aux besoins de la famille, avant de pouvoir voler de leurs propres ailes. La naïveté et crédulité qui caractérise les adolescents, quel que soit le siècle fait partie de la vie, l’expérience ne s’acquiert qu’en multipliant ces dernières.
Parfois, elles sont douloureuses, mais dans le cas de Lucie Rosy, 15 ans, elle se termine bien fort heureusement. Mécontente de sa situation chez un commerçant lyonnais, elle fit connaissance d’un certain Gilbert Cepede, de onze ans son aîné. Il lui présenta une femme du nom de Parisse, qui lui proposa de manière alléchante une place de femme de chambre, à Barcelone. L’imprudente — qualifiât le journaliste — acceptait et se retrouvait bon gré, mal gré dans une pension « Borde » au 16 de la rue Barbona, au sein de la capitale catalane.
Sauf que cet endroit était une plaque tournante de la traite des blanches. Elle y fut vendue pour 1 600 pesetas, avec une compagne d’infortune, à un trafiquant sur le point de s’envoler vers les Amériques. La police ibérique veillait au grain : trafiquants et intermédiaires furent tous arrêtés. Tous à l’exception de la femme Parisse, qui agrippa et emmena avec elle l’adolescente. Elle voulut continuer son négoce, mais la proie se détacha de l’étroite surveillance, et se réfugiait dans un couvent de religieuse. C’est à cet endroit que le père put récupérer son enfant. Arrivée à Lyon, le juge d’instruction Regimbeau eut à entendre la jeune fille qui lui racontait toute l’histoire. Cepede fut arrêté, pendant que la police espagnole appréhendait Parisse et un de ses complices, Arthur Bréda, qui n’était pas étranger au meurtre d’un policier à Paris, quelques années auparavant.