Il y a cent ans… l’arrestation du lieutenant Leherpeux
Les faits divers s’affichent en première page, en ce mois de mai 1922. Il faut dire qu’après la saga du collier de Jane Marnac, la hausse du prix du pain, les voyages de Millerand et la conférence de Gênes, les lecteurs des différents canards ne varient que peu de sujets. C’est à nouveau le drame qui endeuille les lignes de la une. L’histoire d’un officier marié et père de trois enfants, qui était éperdument amoureux et entretenait une relation adultère avec la victime Charlotte Degred.
À défaut de garçonnière, l’officier louait une chambre au 12 de la rue Mégevand à Besançon pour recevoir son amie en toute discrétion. Tout se passait pour le mieux quand, ce qui devait arriver arriva, la jeune femme tomba enceinte. Le lieutenant affolé résolut de couper court à cette situation embarrassante. Chose incongrue, il loua à un de ses ouvriers de l’arsenal, une pièce du logement occupé par M Cètre, au numéro 24 rue de l’école. Le contrôleur militaire demanda une permission du 4 au 11 mai 1922. De son côté, la jeune et crédule amoureuse prévenait sa famille qu’elle devait s’absenter quelques jours pour un voyage en terre dijonnaise.
Le soir du 8 mai 1922, Cètre rentrait en son domicile et trouvait le lieutenant en pleurs. Les seules explications furent que Charlotte Degred était morte dans l’après-midi. Ouvrier, mais loin d’être imbécile, l’homme comprit qu’un drame venait de se dérouler en sa demeure. Il priait l’officier d’enlever le corps de la défunte, faute de quoi il avertirait la police. Il commettait à nouveau un crime. Leherpeux décida, malgré lui de déplacer le cadavre dans la chambre qu’il louait au 12 rue Mégevand. Selon les sources proches de l’enquête, il le fit à 23 h, les voisins n’entendirent aucun bruit. Il tenta de cacher, semble-t-il, ses méfaits, au vu de la mise en scène.
Le corps de Charlotte Degred fut placé dans son lit, les vêtements soigneusement pliés, bottines et bas au pied de la couche, avec une bougie à moitié consumée, tout aurait pu laisser croire à une mort naturelle. Hormis un détail d’importance, il partit avec femme et enfants en direction de Rennes où habite sa famille, car l’honneur était en jeu. À la descente sur le quai, il est 14 h 54, lorsque le convoi en provenance de Besançon posait les pieds à Rennes. La police locale, gendarmerie et sûreté attendaient de pied ferme l’officier. Un homme accompagné de sa femme et de deux enfants semblait correspondre au signalement. Les services d’ordre lui demandèrent s’il était le lieutenant Leherpeux.
« Oui, oui ! » répondit-il. L’homme interpelé, femme et enfant poussaient des cris et pleuraient à chaudes larmes racontent le journaliste. À peine arrivé, le train à destination de Saint-Malo fut celui du retour en direction de Besançon. Mais le soi-disant officier protestait avec force. Les agents finirent par contrôler son identité, et s’aperçurent de la supercherie. C’était un cheminot qui se fit passer pour le lieutenant Leherpeux. Tandis que le vrai fut interpelé quelques instants plus tard, interrogé et mis en garde à vue.
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