Il y a cent ans… un mari cocu et condamné
Un père de famille de sept enfants, journalier et honnête pensait connaître son épouse. Or, elle semblait n’être comblée par son époux Émile Jeanblanc. Durant plusieurs jours voire des semaines entières, l’épouse et mère de famille ne passait un kopeck de son temps au domicile conjugal. Lassé des absences de sa femme, il partit la chercher par monts et par vaux. Et se retrouva le 27 juin 1922 à comparaître devant la 14e chambre correctionnelle pour violation de domicile.
En ce mois d’avril 1922, M. Jeanblanc se résolut à mettre un frein aux joies de l’adultère de sa femme, qui « oubliait ses devoirs de mère et d’épouse ». Il décida de la prendre la main dans le sac, en flagrant délit. Le 25 d’avril, Mme Jeanblanc sortait sous prétexte d’aller faire des provisions. Son mari, suspicieux, suivie sa dulcinée, l’épia et la vit entre subrepticement chez un ses bons amis. Plutôt que de retourner nourrir sa fratrie, à l’heure où ses enfants attendaient impatiemment leur mère pour se mettre à table, exaspéré il franchit le seuil de l’immeuble. Mais il fut stoppé dans son élan par le concierge, manu militari. Furieux, il déclara en faisant mine de se retirer : « je sais où elle est, maintenant, et je les aurai tous les deux ».
Le concierge le crut parti. Quelques instants après, le mari cocu revenait avec une échelle, et à l’insu du gardien, il appliqua l’échelle sur la façade de l’immeuble pour s’introduire par une fenêtre du premier étage, en la brisant. Les deux amants surpris se réfugièrent dans une pièce voisine où ils s’enfermèrent à clef, mais leur dépit précipité ils oublièrent leurs vêtements. Le mari trompé s’en saisit. Pensant se retirer par le même chemin, le concierge réapparaissait. Mais M Jeanblanc avait descendu quasiment l’ensemble des échelons en brandissant de manière triomphale les vêtements de son rival, que le concierge criait « Au voleur ! »
Le désarroi, les protestations et le déshonneur du mari furent complets lorsqu’il se faisait attraper par des gardiens de la paix. « Je les ai pris en flagrant délit », s’écria-t-il. Devant la 14e chambre correctionnelle, l’homme s’écriait que « je faisais mon constat d’adultère ». « Mais vous n’aviez pas la qualité pour remplacer le commissaire de police », dit le président. Après la plaidoirie de son conseil Me Pierre Lœwel, le tribunal infligea pour le principe une amende de cinquante francs d’amende, pour ne pas avoir fait appel à la police et son commissaire. L’histoire ne dit pas ce qui se passa par la suite entre les époux…