vendredi, mars 22, 2024
Société

Il y a cent ans… Benjamin Reynier était réhabilité

Benjamin Reynier a passé trente années de vie dans la peau d’un ignoble personnage pour les parents de la victime. Il est condamnée à mort, puis la peine est commuée aux travaux forcés à perpétuité pour le viol, suivi du meurtre de Joséphine Audrique, jeune bergère âgée de 7 ans. L’affaire jugée en 1884 expédia un homme de 30 ans, qui devait se marier, au bagne de Nouméa. La peine fut écourtée à quinze années avant de le gracier. Il faudra attendre près d’un demi-siècle pour qu’il soit enfin réhabilité le 8 juin 1922.

Des combats politiques de l’époque, lettre anonyme de dénonciation, ragots de café… conduiront un innocent en enfer. Il faudra l’acharnement de deux amis Baptistin Bernard et Étienne Matter, une campagne de presse a charge contre la Justice déclarée coupable d’avoir envoyé un innocent en prison, rivé à la chaîne des maudits, pour qu’enfin l’honneur d’une personne soit lavé, au moins coté de la Justice française.

Le bagne de Nou, en Nouvelle-Calédonie où Benjamin Reynier passa les plus belles années de sa vie, plus de quinze. (Crédits : DR)

Il faut remonter au 14 septembre 1883, en Provence du côté de Saint-Cyr-sur-Mer. La famille Audrique vit de l’autre côté de la route, où loge Benjamin Reynier dans le quartier des Côteliers. Il est 12 h 30 lorsque Joséphine cri « On va au bois », à Benjamin, sous-entendu au bois des Baumelles. Il est situé à quatre kilomètres après un difficile chemin accidenté. Pour parcourir ce trajet, il faut compter 45 minutes mentionnait la justice. Le père de famille se mettait à faire des fascines de bois mort avec son épouse, quand après peu de minutes, il s’inquiétait de ne plus voir la chevelure rousse de sa fille.

La maison de Benjamin Reynier, dans le quartier Côteliers de Saint-Cyr-sur-Mer. Son plus grand crime était d’être propre selon les minutes du procès. (Crédits : DR)

Le père déclarait à l’instruction qu’à deux reprises, il entendit son enfant crier, d’une voix étouffée « Papa, papa ! ». L’enquêteur demanda s’il avait suivi les cris désespérés, à quoi il répondit que « non, monsieur, il faisait beaucoup de vent ce jour-là, c’était bien difficile ». La journée de labeur finit, le couple rentre aux Coteliers sans leur fille, qu’ils affirment perdue. La presse raconte que ce sont « les gens de Saint-Cyr qui partent à la recherche de l’enfant » et que « Benjamin Reynier, accompagné du voisin Cordeil » prennent la direction de la gendarmerie de Bandol « le maire Ramel et son premier adjoint n’ayant pas jugé utile d’alerter la police ». Alors que Reynier et Cordeil rentrent de Bandol, ils interrogent la mère, car la fillette reste introuvable : « Sûrement, on l’a tuée », répondit-elle.

La calomnie

Le lendemain à 8 heures, le corps sans vie de Joséphine est retrouvé. « La fillette était presque nue. Le corps était mutilé. On avait écrasé le visage à coups de pierre. L’enfant avait été odieusement violée. » Les médecins légistes Bouley et Courgit conclurent que l’atrocité était le fait de deux hommes, car ils découvrirent sur le corps de la fillette, deux traces de mains droites. Que les criminels devaient avoir sur le visage et les mains des égratignures occasionnées par les ongles de Joséphine ! Les gendarmes affirmèrent, au même titre que le Parquet qu’elle avait été entraînée par une connaissance, et que l’assassin devait habiter le pays.

L’affaire a fait les gros titres de la presse française comme étrangère, toutes convaincues de l’innocence de « Min ». La foule attendait à Marseille l’enfant du pays arrivant du bagne, innocent des crimes dont la justice l’accusait par le navire. Il traversa le globe sur l’Armand Béhic. (Crédits : Journal du Lot)

La campagne de diffamation « venimeuse, sournoise » du maire Paul-Louis Ramel et de ses amis commença. Une tension existe en 1883 sous la troisième République entre mes « Républicains » et les « Cléricaux ». Quarante-huit heures après la découverte du corps, un docteur examinait Reynier. Aucune trace n’était décelée, mais une lettre anonyme scellait l’avenir de Benjamin. Se rendant auprès du juge d’instruction à Toulon pour protester, car il avait eu vent de ladite lettre, il fut mis sous mandat de dépôt quatre mois avant son procès. Tandis que de nombreux témoins affirmaient avoir vu Benjamin Reynier à l’heure dite du crime, la vindicte d’une certaine bourgeoisie semblait vouloir couvrir des criminels, quitte à envoyer un innocent à la guillotine ou au bagne à vie. À suivre…

Elise Dardut

Épicurienne, je reste une jeune femme à l’aise dans son corps et dans sa tête. Je pense par moi-même, j’agis par moi-même, j’entends les conseils et n’écoute que mon intuition. « Le jour où l’homme aura la malice, la finesse et la subtilité de la femme, il sera le roi du monde… mais ce n’est pas pour demain », me chantait mon grand-père. Il m’a appris que « les seuls beaux yeux sont ceux qui vous regardent avec tendresse. » (Coco Chanel) Depuis, je m’évertue, pour qui veut bien entendre et écouter, à distiller des graines ici et là, au gré du vent. Un proverbe indien explique que « si vous enseignez à un homme, vous enseignez à une personne. Si vous enseignez à une femme, vous enseignez à toute la famille » Il est temps d’inverser les rôles et admettre l’équité, non ?

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