Quand les vaches porteront des masques !
La formule prête à sourire, surtout lorsqu’elle en rappelle une autre « quand les poules auront des dents ». Ce pavé jeté dans la mare ne produit pas de rire chez les agriculteurs, bien au contraire. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, envisagerait de faire porter un masque aux vaches, pour éviter, ou diminuer la pollution du au méthane. Sous ce masque, le réchauffement climatique et les gaz à effets de serre, alors que s’ouvre la COP 28 à Dubaï, aux Émirats arabes unis.
Tout ou presque est né d’un article du Welt, journal autrichien, les colères du monde agricole, entre résignation et aberration. Parce que la Commission européenne veut faire en sorte que les fermes et les industries européennes produisent moins de polluants. Une indignation supplémentaire face au grand projet d’Ursula von der Leyen, avec des idées étranges, comme l’obligation de porter un masque pour les vaches. Tout ou presque est issu d’un texte du Welt, car Jean-Pierre de Mongelas publiait le 1er juillet 2021 sur France bleu Pays d’Auvergne : « Des vaches masquées pour réduire les émissions de méthane, les éleveurs puydômois sont sceptiques ».
La start-up londonienne ZELP (Zero Emissions Livestock Project) a pour projet de rendre l’industrie de la viande neutre sur le plan climatique. Ces dispositifs transforment le méthane en CO2 et en vapeur d’eau, L’Express en Autriche indique qu’un test a été réalisé avec un producteur de viande. Les fameux masques conçus et fabriqués par Francisco Norris permettraient de réduire de 53 % les émissions de méthane. Mais les vaches sont herbivores, comme l’expliquait un agriculteur le seize août 1973, « il faudrait arriver à nourrir les animaux qu’avec de l’herbe ». Ce qui était le cas jusqu’au début des années 80, avant de vouloir augmenter leur productivité. Les éleveurs incités par la PAC ont ajouté d’autres aliments (maïs ensilé, colza, soja).
Les sept principaux gaz à effets de serre et les pays émetteurs
Lorsque l’on parle de réchauffement climatique, les gaz à effets de serre (GES) sont juxtaposés. Selon l’article « les émissions de gaz à effet de serre et l’empreinte carbone » du site gouvernemental français notre-environnement ils sont sept. Ces mêmes gaz visés par l’accord de Paris adopté en 2015 lors de la COP21. L’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) met à disposition les données en ligne.
- CO2 (dioyde de carbone) : combustion d’énergie fossile, production de ciment et déforestation tropicale
- CH4 (Méthane) : décharge, agriculture, élevage et procédés industriels
- N2O (Protoxyde d’azote) : agriculture, procédés industriels, utilisation d’engrais
- HFCs (hydrofluocarbures), PFCs (perfluorocarbures), SF6 (hexafluorure de soufre) : sprays, réfrigération, procédés industriels
- NF3 (trifluorure d’azote) : fabrication de composants électroniques
L’OCDE a, en 1961, succédé à l’Organisation européenne de coopération économique (OECE), fondée en 1948 pour gérer l’aide américaine d’après-guerre (plan Marshall). Elle regroupe plus d’une trentaine de pays. L’Europe occidentale et l’Amérique du Nord, le Japon, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la Corée. Depuis 1995 et 1996, la République tchèque, la Hongrie et la Pologne. En 2010 le Chili, la Slovénie, Israël, et l’Estonie ont rejoint l’organisation.
Pays | Dioxyde de carbone | Monoxyde de carbone | GES | Oxydes d’azote | Oxydes de soufre | Composés organiques volatiles |
---|---|---|---|---|---|---|
Allemagne | 940,0/624,1 | 13 316/2 583 | 15,752/9,15 | 2 840/963,2 | 5 464/254.2 | 49.7/1043,9 |
Canada | 409,3/505,6 | 13 053/4 594 | 21,256/17,53 | 2 250/1 319,5 | 3 013/640.5 | 82. 8/1 399,5 |
Chine | 2 088/10 648 | NC/NC | 3.30 (1994)/8.789 (2014) | NC/NC | NC/NC | NC/NC |
États-Unis | 4 083/4 549 | 129 789/39 728 | 25.99/19,10 | 22 830/6 922,0 | 20 925/1703.1 | 84.0/10 889,8 |
France | 345/292 | 10 706/2 704 | 9.54/6,20 | 2 178/750,8 | 1 286/88.6 | 51.6/1 163,7 |
Italie | 389/310 | 6 793/2 042 | 9.19/7,07 | 2 122/608,4 | 1 783/78.4 | 34.9/867,8 |
Japon | 1 052/998 | 4 371/2 760 | 10.27/9,31 | 1 961/1 044,2 | 1 252/337.3 | 17.7/822,5 |
Royaume-Uni | 549/321 | 8 492/1 271 | 14.09/6,38 | 3 044/677,5 | 3 580/125.4 | 50.7/781,0 |
Russie | 2 163/1 678 | 17 438 (2006)/16 596 (2018) | 21.40/14,79 | 3 678 (2006)/3 519 (2018) | 4 904 (2006)/3 703 (2018) | NC/2 892,0 (2018) |
OCDE | 11 110/10 848 | 226 553/74 682 | 13.92/10,86 | 47 959/20 660,7 | 51 566/9411.6 | 50.4/25 672,8 |
En millions de tonnes | En milliers de tonnes | En tonnes par habitant | En kilogramme par habitant | En milliers de tonnes | En milliers de tonnes |
Quelle est la composition des gaz et des rots ?
Selon l’article de Sciences et Avenir les vaches en France procuraient autant de gaz une année que 15 millions de voitures. « Par leurs émanations, les bovins représentent 5 % des 500 millions de tonnes de CO2 émises par la France, soit 26 millions de tonnes d’équivalent CO2 (un peu plus d’un million de tonnes de méthane). » Les émissions de gaz à effet de serre anthropique en 2015 sont de 76 % pour le dioxyde de carbone, 16 % pour le méthane, 6 % en oxyde nitreux et 2 % en autres GES.
À en croire tous les articles, les politiques, les vaches et plus particulièrement l’élevage, participe au réchauffement climatique. Et d’après l’étude effectuée, les dispositifs pourraient réduire de 53 % le méthane éructé par Marguerite, la Noiraude ou leurs consœurs. L’alimentation et le masque apportent une solution, magnifique ! Les vaches ont 95 % des gaz qui sortent par éructation contre 5 % par flatulence. Selon les calculs 61 % de la production du méthane serait dû à l’éructation. Le temps passé dans l’atmosphère est de 12 ans pour le méthane et de 100 pour le CO2.
Il n’y a que les vaches qui produisent du méthane ?
La majorité des rots des êtres humains est un mélange d’air et de CO2. Certains peuvent contenir du méthane ou de l’hydrogène. Quant aux flatulences, c’est autre chose. Nous avons une digestion postgastrique, et produisons quotidiennement entre 0,5 et 1,5 litre de gaz. Quoique j’ai un doute sur la personne masculine toute proche… revenons à nos moutons. En France, les vaches représentent 35 millions de tonnes équivalent CO2 en protoxyde d’azote, en carbone et en méthane. Sur une échelle mondiale, il est l’élevage qui « pollue » le plus (62 %) explique Les Échos.
Prenons comme base pour un calcul qu’une personne produit un litre de gaz par jour. La répartition est de 59 % d’azote, 21 % d’hydrogène, 9 % de dioxyde de carbone, 7 % de méthane, 3 % d’oxygène, 1 % de sulfure d’hydrogène (l’odeur d’œuf pourri), et quelques traces… de composés phosphatés. Si la population française est de 68 042 591 DOM-TOM compris. Ce qui représente 24 833 545 715 litres de gaz. Donc les Français et Françaises rejettent chaque année 14, 653 milliards de litres d’azote, 5,215 milliards de litres d’hydrogène, 2,235 milliards de litres de CO2, 1,738 milliard de litres de méthane, 745,06 millions de litres d’oxygène et 248,35 litres de sulfure d’hydrogène.
Si 1 kilogramme de CO2 représente 510 litres, 1496,55 litres de méthane pour 1 kg. Alors les flatulences françaises pèsent 4 382,742 tonnes de CO2 et 1 161,656 tonnes de méthane.
(Crédits : Pixource/Pixabay)
Alors pour réduire la production anthropique de méthane, la Cour des comptes de mai 2023 recommande de « définir et rendre publique une stratégie de réduction du cheptel bovin cohérente avec les objectifs climatiques du “Global Methane Pledge” signés par la France ». Mais les vaches en broutant l’herbe réalisent des puits de carbone qui permet justement de capter et enfouir du CO2. La FAO dans son dernier rapport explique que les prairies pourraient capter 300 kg par hectare et par an en plus, grâce aux vaches !
Et les autres gaz à effet de serre ?
Par convention, une période de 100 ans est utilisée dans les bilans d’émission. In fine, chaque GES doit être multiplié par son potentiel de réchauffement global (PRG). Pour le méthane il est de 28, le protoxyde d’azote 273, l’hexafluorure de soufre 25 200, le trifluorure d’azote 17 400 et pour les gaz fluorés de 771 à 7 380. Au final, les émissions de GES induites par l’activité humaine sont de 49 G tonnes en équivalent CO2 en 2014. En France, selon les données de CAIT/WRI, nous aurions produit 5 milliards de tonnes équivalent CO2.
Petit rappel, un million de secondes représentent 11 jours 13 heures 46 minutes et 40 secondes, un milliard de secondes 31 ans, 8 mois, 15 jours, 1 heure, 46 minutes et 40 secondes. La France produit 5 gigatonnes de GES quand les vaches n’émettent que 35 millions de tonnes…
« Entièrement créés par l’homme, ces gaz industriels sont de puissants gaz à effet de serre, dont les émissions sont en constante hausse », explique l’ADEME. Ils sont utilisés dans divers domaines (systèmes de refroidissement, commutateurs électriques…), par exemple les hydrofluorocarbures (HFC), les perfluorocarbures (PFC), l’hexafluorure de soufre (SF6).
(Crédits : NoName_13/Pixabay)
Et après ?
L’interdiction des gaz fluorés en 2050 en Europe. Les eurodéputés et les États membres de l’Union européenne sont parvenus à un accord le jeudi 5 octobre 2023 sur les gaz réfrigérants. Quand celui de Kigali élimine progressivement des gaz réfrigérants. L’amendement en date du 5 décembre 2023 est ratifié par l’Union européenne et 154 États. Le PRG de l’hexafluorure de soufre (SF6) est de 25 200. Les réfrigérateurs grand public seront visés dès 2026. Certaines pompes à chaleur et systèmes de climatisation interdits le seront à partir de 2027. Quant aux aérosols techniques et mousses, leur tour viendra respectivement 2030 et 2033. L’avènement de la voiture électrique coïncide avec la fin des ventes des thermiques neuves pour 2035 votait la Commission européenne. Est-elle écologique ?
Comment produire autant d’électricité pour la consommation des voitures et autres appareils au vu du par nucléaire français ? Les sources dites non fossiles ont participé à hauteur de 39 % dans l’électricité mondiale. L’éolien et le solaire atteignent 12 %, mais le charbon reste la première source. À ce titre, le Japon a reçu le titre du « Fossile du jour » dans le cadre de la COP28, ce pour la quatrième fois consécutive. Le Fossil Prize est décerné par « Climate Action Network », un groupe d’ONG environnementales du monde entier. Les nommés pour l’obtention de ce prix étaient le Japon, la Nouvelle-Zélande et les États-Unis.
En France, la production d’électricité se décompose en : nucléaire 66,6 % hydraulique 6,0 % autres énergies renouvelables 7,7 %, pétrole 0,7 %. Comment procède l’Allemagne, qui est de toutes les comparaisons ?
(Crédits : dendoktoor/Pixabay)
« L’Allemagne, qui était très dépendante des importations d’hydrocarbures russes, veut sécuriser son approvisionnement en électricité dans les prochaines années, quitte à polluer davantage », explique La Tribune. En effet, un tiers de sa production électrique provient du charbon. L’origine de cette augmentation des GES serait la révolution industrielle en Europe, mais c’est l’activité de l’homme qui est responsable de l’entièreté. La révolution industrielle est décalée du nord au sud. L’Asie, l’Inde… sont en plein boum comme l’Europe il y a près de deux siècles. Les pays du sud (la Chine, l’Inde…) fabriquent énormément de produit consommé par les Occidentaux qui sont transportés par voie maritime. En gros le beurre, l’argent du beurre, et le sourire de la crémière… Alors de là à dire que les vaches doivent porter un masque pour éviter la pollution…
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