Le saviez-vous ?

Le suppositoire : petite invention, grands effets

Ah, le suppositoire ! Arrivés à l’âge adulte, nous en rions, mais gamin, nous grimacions et nous l’évitions dès que possible. Ce petit corps, profilé, légèrement gras à insérer là où le soleil ne brille jamais, est pourtant un remède incontournable de l’histoire de la médecine. Objet discret, souvent redouté, il a parcouru les époques sans jamais réellement disparaître, mis à part au moment opportun… Comme Don Quichotte, il est temps de lui rendre justice, avec un brin d’humour, de la science, et quelque peu de doigté.

Alors que Séki sort de la pharmacie, Capucine descend du bus scolaire. Elles traversent ensemble le passage piéton. La discussion s’engage sur le contenu du sachet remis par le pharmacien. « Dis, tu as quoi dedans ? »

« Des suppositoires », lâche la grand-mère. « Des suppositoires ? Pour quoi faire ? », questionne la petite-fille.

« Tu sais bien que ton grand-père me facilite le transit intestinal parfois… mais pas encore assez. Je suis constipée », avoue-t-elle. Un léger flottement s’installe tandis qu’elles traversent la route de Bellême, à Berd’huis. C’est à ce moment que Capucine ayant compris l’allusion, explose de rire. Le fou rire contagieux oblige les deux complices à s’arrêter juste devant la boulangerie.

Un suppositoire ? Non merci !

Le terme « suppositoire » connaît plusieurs sources. Certains disent qu’il vient du latin supponere, qui signifie substituer ou mettre une chose à la place d’une autre. D’autres il est une sorte de remède topique dont on se sert quand on est trop resserré. Jusqu’en 1935, le dictionnaire de l’Académie française le définit tel que : « Médicament solide en forme de cône, que l’on met dans le rectum pour faciliter les évacuations ou pour agir comme véhicule de certains médicaments. »

Boite, suppositories, médicament

Il tient dans la main, se trouve souvent dans un tiroir à pharmacie, et provoque l’émoi quand il s’agit de l’utiliser. Si sa forme de torpille est enfantine, on ne peut pas dire qu’il soit très populaire. Pourtant, il reste l’un des moyens les plus efficaces d’administrer un médicament. Surtout lorsque la déglutition est devenue mission impossible, ou que la personne affiche des contre-indications hépatiques. Attention à ne pas le confondre avec un comprimé d’aspirine, il est prévu pour s’insérer insérer là où le soleil ne brille jamais.

Les Égyptiens ont eu, les premiers, l’idée de se soigner en insérant un médicament par cet orifice. Les Grecs et les Romains suivent. Du latin supponere, suppōnō, « placer dessous », tout est dit.

La médecine évolue grandement. Si outre-Manche l’idée parait toujours saugrenue, le suppositoire reste néanmoins toujours prescrit en France.

(Crédits : bluebudgie/Pixabay)

Il est un substitutif plus que profitable. Nicolas Lemery est reconnu « par les historiens de la chimie comme le plus important chimiste français du XVIIe siècle et sa Pharmacopée comme son Traité des Drogues sont considérés par les historiens de la pharmacie comme des références essentielles ». En 1697, sa Pharmacopée universelle réserve à ce suppositoire d’amples explications. Il y est spécifié son utilisation, en remplacement des clystères et lavements.

Une histoire de plusieurs millénaires

Si cet objet du quotidien n’est plus en odeur de sainteté, comme toute chose, cette invention est plus âgée qu’il n’y parait. Remontons au temps de l’Égypte antique, période présumée de son invention. Les premières traces écrites sur le sujet apparaissent au Xe siècle de notre ère, décrit par Ibn El Baytar.

Si Nicolas Lemery l’a introduit dans la société, si l’on peut dire, il évolue dès 1762. Encapsulé par du beurre de cacao, le suppositoire fond à la température du corps humain.

À la fin du XVIIIe siècle, le suppositoire est un médicament externe. Depuis sa forme galénique change pour avoir des bouts carrés.

La pénurie de beurre de cacao lors de la Seconde Guerre mondiale amène des excipients de synthèse. À la fin du XIXe jusqu’aux années 60, la voie rectale est préférable à la voie orale, car elle permet de franchir la barrière hépatique. Ce que contredit le Dr Arnault Pfersdorff dans l’émission « La maison des Maternelles » (LMDM).

(Crédits : RF._.studio _/Pexels)

Tubes, couleurs, chimie

Il poursuit sur la prétendue rapidité du principe actif alors introduit, là où le soleil ne brille jamais. Elle n’est pas avérée. Il s’appuie, entre autres sur un article publié en 2009 sur le site Pédiadol. D’ailleurs la prise du suppositoire est conditionnée à l’impossibilité des autres solutions. Pour les adultes c’est autre chose poursuit-il. Chacun voit midi à sa porte martèle l’adage, pour le reste il faut consulter votre docteur en médecine générale.

Elise Dardut

Épicurienne, je reste une jeune femme à l’aise dans son corps et dans sa tête. Je pense par moi-même, j’agis par moi-même, j’entends les conseils et n’écoute que mon intuition. « Le jour où l’homme aura la malice, la finesse et la subtilité de la femme, il sera le roi du monde… mais ce n’est pas pour demain », me chantait mon grand-père. Il m’a appris que « les seuls beaux yeux sont ceux qui vous regardent avec tendresse. » (Coco Chanel) Depuis, je m’évertue, pour qui veut bien entendre et écouter, à distiller des graines ici et là, au gré du vent. Un proverbe indien explique que « si vous enseignez à un homme, vous enseignez à une personne. Si vous enseignez à une femme, vous enseignez à toute la famille » Il est temps d’inverser les rôles et admettre l’équité, non ?

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