dimanche, mars 17, 2024
Insolite

Il y a cent ans… le salut des bolcheviks au roi Victor-Emmanuel

La conférence de Gênes focalise en ce mois d’avril 1922, toutes les attentions. Il faut souligner qu’elle avait pour but de rétablir l’ordre monétaire international, qui était complètement désorganisé par la Première Guerre mondiale. Lesdits accords de Gênes de mai 1922 sont issus du sommet du même nom, qui s’est tenu en Italie du 10 avril au 19 mai 1922. Elle regroupait des représentants de 34 pays. Alors la visite d’un roi, n’est pas grand-chose, quelques soldats dans la rue, un peu de musique, à peine plus imposante que la venue d’un ministre dans une préfecture française.

Sauf, que le 22 avril 1922, en plus du cérémonial classique et usuel, un événement historique allait se dérouler, le salut de la délégation bolcheviste au Roi d’Italie, Victor-Emmanuel III. Les bolcheviks sont les membres d’une des deux factions du Parti ouvrier social-démocrate de Russie, créé en 1903 sous la direction de Lénine. En 1918, le parti bolchevique prendra le nom de Parti communiste. La nervosité gagnait Leonid Krassine, Gueorgui Vassilievitch Tchitchérine et Maxime Maximovitch Litvinov, car peu habitués au protocole. Ces derniers étaient invités à bord du cuirassé Dante Alighieri par Sa Majesté.

Victor-Emmanuel III passe en revue la garnison du château Saint-Ange, à Rome, en 1940. Il est accompagné du général Diaz (1861-1928) et de Pietro Badoglio (1871-1956), chef d’état-major général. (Crédits : General Photographic Agency/Hulton Royals Collection/Getty Images)

Tchitchérine télégraphia au protocole à Rome, afin de ne pas commettre d’impair. À savoir s’il devait se présenter en jaquette ou redingote, en gants gris ou jaunes. L’honneur sauf, il fit part au Roi d’Italie de sa profonde admiration. Après avoir signé et dédicacé leur menu, ils les échangèrent, pendant que Krassine s’écriait qu’un Roi comme Victor-Emmanuel mériterait d’être président d’une république russe.

Le banquet d’État donné par le roi Édouard VII au roi Victor-Emmanuel III et à la reine Hélène au château de Windsor le 18 novembre 1903.
Photogravure d’après une peinture du banquet d’État. (Crédits Samuel Begg/Royal Collection Trust)

À la suite de la victoire de la Première Guerre mondiale, il est appelé le « Roi soldat ». Victor-Emmanuel III fait partie de cette génération de monarques balayée par l’histoire entre la fin du XIXe siècle et la Seconde Guerre mondiale, tant par leurs propres manques que par l’émergence de nouvelles formes de vie politique dont le fascisme italien. Le Roi italien qui donna caution à Mussolini, puis à l’alignement de Rome sur l’Allemagne nazie, perdait peu à peu sa légitimité. Les têtes couronnées ne font pas rêver et la famille royale de Savoie n’a été autorisée à revenir en Italie qu’en 2002. « Il fut un honnête homme qui n’aurait jamais dû être Roi », écrit Frédéric Le Moal dans Victor-Emmanuel III, un roi face à Mussolini.

Fidel Plume

Équilibriste des mots, j'aime à penser qu'il existe un trésor au pied de chaque arc-en-ciel. Un sourire éclaire la journée de la personne qui le reçoit. Elizabeth Goudge disait : « La gratitude va de pair avec l'humilité comme la santé avec l'équilibre. »

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