mercredi, mars 20, 2024
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Arrestation digne d’un film d’espionnage

C’est un nouveau film qui pourrait naître, ou bien un volet de la plus célèbre série cinématographique « James Bond 007 ». Car c’est un chapitre qui s’ouvre après l’arrestation et l’extradition de Wladislav Klyushin. Le 21 mars 2021, un homme est emprisonné à Sion en Valais. Selon son avocat, cette personne séjournait en Suisse avec sa famille pour des vacances au ski. L’Office fédéral de la justice l’arrête et lui ordonne à la garde à vue. Son extradition est décrétée le 24 juin et exécutée le 18 décembre. Son procès a commencé lundi 3 janvier 2022.

Le 13 décembre 2021, le Tribunal pénal fédéral suisse a rejeté le recours de Vladislav Klushin contre la décision de l’extrader vers les États-Unis. Selon l’homme d’affaires russe, l’affaire a pour but de « le coincer pour des accusations de délit d’initié forgées de toutes pièces ». Mercredi 5 janvier 2022, un homme comparaissait au sein d’une cour américaine au Massachusetts, présidé par la juge Marianne Bowler, pour entendre sa mise en accusation sur des faits de délits d’initié, qu’il nie. Les co-accusés sont Ivan Ermakov, Mikhail Vladimirovich Irzak, Igor Sergeevich Sladkov et Nikolai Rumiantcev sont toujours pourchassés pour être traduits devant la justice américaine. La pression monte d’un cran sur les Cosy Bear avec l’arrivée de Joe Biden à la Maison-Blanche, souligne 24Heures. Selon Oliver Ciric, avocat de Vladislav Klushin le président démocrate voudrait se venger.

L’avis de recherche contre le hacker présumé Ivan Yermakov, qui travaille pour Vladislav Klyushin dans la société M-13. Il est un gros poisson dans le milieu de l’espionnage. La justice américaine indique qu’il a le grade d’officier dans l’unité 26165 au sein du GRU. (Crédits : DR)

Les personnes dites « initiées » sont celles susceptibles de détenir des informations confidentielles à titre professionnel (L. 465-1 du Code monétaire et financier). Au-delà de cette affaire de fraude boursière, il pourrait cependant fournir des infos très importantes, notamment sur l’ingérence russe supposée dans l’élection de 2016 ainsi que d’autres opérations de renseignement, déclarent d’anciens responsables américains à CNN. Des dirigeants à la retraite du ministère de la Justice et de la Sécurité intérieure affirment que cela porte un intérêt majeur. Car, ils évoquent une interaction étroite entre la société de cybersécurité de Vladislav Klyushin, basée à Moscou, et le gouvernement russe, ainsi qu’une relation présumée de Klyushin avec un ancien officier du renseignement militaire du GRU.

Recherché depuis 2019

L’homme était recherché, poursuivi depuis 2019. Il semblait se dérouler le jeu du chat et de la souris. Des Américains auraient tenté de le pourchasser dans le sud de la France dès 2019. Les Britanniques échouaient à Édimbourg, en 2020. En mars 2021, c’est la Suisse « neutre » qui met la main sur Wladislav Klyushin. Il est le premier directeur général adjoint de la compagnie M-13 basée à Moscou, entreprise qui conseillerait les autorités. Selon l’acte d’accusation, le site de M-13 indiquait que les « solutions informatiques » de la société étaient utilisées par « l’administration du président de la Fédération de Russie, le gouvernement de la Fédération de Russie, les ministères et départements fédéraux, les organes exécutifs régionaux, les sociétés commerciales et les organisations publiques ».

Il a reçu des mains de Vladimir Poutine, la médaille de l’Ordre d’Honneur. la médaille de l’Ordre d’Honneur. Il est décerné aux citoyens russes en récompense d’accomplissements ayant mené à une amélioration des conditions de vie dans le pays, ou pour services rendus. (Crédits : DR)

Les quatre Russes accusés y travaillent tous, selon le document de la justice américaine. L’arrestation de Klyushin est potentiellement un trésor inestimable, voire une « mine d’or », considère l’expert en sécurité Christopher Krebs. « S’il cède, il pourra peut-être confirmer les thèses des services secrets sur l’influence de la Russie sur les élections de 2016. S’il ne coopère pas, sa condamnation pourrait servir d’exemple », déclarait Christopher Krebs à CNN.

Jeu de poupée russe

Le gouvernement américain n’a pas publiquement relié Klyushin à la supposée ingérence russe dans l’élection de 2016, menant à la victoire de Donald Trump. Mais l’un des coaccusés de Klyushin dans l’affaire de fraude boursière est Ivan Ermakov, est un ancien officier de la Direction principale du renseignement russe. Le président de la Russie, Vladimir Poutine a été directeur du FSB. « Lorsque quelqu’un comme lui a été arrêté, toute opération dont il aurait eu connaissance devient immédiatement suspecte du point de vue du contre-espionnage », a déclaré Holden Triplett, un ex-haut fonctionnaire du FBI basé en Russie à CNN. « Tout ce qu’ils ont touché est maintenant sous le microscope ».

Les deux candidats, Donald Trump et Hillary Clinton à la primaire républicaine de 2016, avant le drame. 26 165 est le numéro qui désigne la redoutable section d’État chargée des attaques informatiques contre des institutions et des tiers. L’agent Ivan Yermakov agirait pour le compte de l’organisation nommée Fancy Bear ou Cosy Bear. (Crédits : AFP)

Le fait d’armes mondialement connu d’Ivan Ermakov se déroulait de 2015 à avril 2016. Cozy Bear, ou APT29 est suspecté d’être impliqué dans le piratage du Comité national démocrate en lien avec l’Ingérence russe présumée dans l’élection présidentielle américaine de 2016. Cozy Bear s’était infiltré dans le parti démocrate depuis l’été 2015, mais c’est en avril 2016 qu’un autre groupe appelé Fancy Bear aurait piraté également le parti de manière indépendante. Il aurait donc participé à l’infection pour soutirer des documents des serveurs du parti démocrate aux États-Unis. Ainsi près de 30 000 courriels sont alors jetés en pâture sur les réseaux sociaux, comme Hillary Clinton est éclaboussée. L’acte est toujours considéré aux États-Unis au même degré qu’une tentative de la part du Kremlin d’influencer le processus électoral. De plus, l’organisation Cozy Bear est accusée par les autorités de renseignement canadiennes (CST), américaines (NSA) et britanniques (NCSC) de différents essais d’exfiltration, qui seraient survenus en juillet 2020, sur le développement d’un vaccin contre le SARS-CoV-2, provocant le Covid-19.

Fidel Plume

Équilibriste des mots, j'aime à penser qu'il existe un trésor au pied de chaque arc-en-ciel. Un sourire éclaire la journée de la personne qui le reçoit. Elizabeth Goudge disait : « La gratitude va de pair avec l'humilité comme la santé avec l'équilibre. »

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